L’ancien Premier ministre et ex-président de la République est sorti de son silence. Dans un entretien exclusif, il aborde plusieurs sujets d’actualité. Il met en garde la population contre certains politiciens qui, selon lui, incitent à la désobéissance civile, à la violence et à la haine raciale.
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Comment avez-vous vécu l’année 2020, surtout avec la pandémie de COVID-19 ?
La pandémie a mis le monde presque à genoux. Maurice n’a pas été épargné. Mais on doit reconnaître une chose : le Premier ministre et son gouvernement ont très bien géré la situation à travers les décisions qu’ils ont prises dans des moments difficiles. Le gouvernement l’a fait avec beaucoup de sagesse. On peut aujourd’hui dire que la COVID-19 n’a pas fait d’énormes dégâts à Maurice, surtout quand on voit ce que plusieurs autres pays subissent en ce moment.
La contamination à Maurice a été très bien contenue. Finalement, le pays est reconnu comme étant COVID-19 Safe. Les Mauriciens doivent être reconnaissants envers le Premier ministre pour le travail abattu. Avec le soutien financier que le gouvernement a octroyé aux employés et aux entreprises, il n’y a pas eu trop de pertes d’emplois, contrairement à ce qu’on craignait. Tout cela a été rendu possible grâce aux décisions de ce gouvernement.
Je tiens à dire un grand merci aux Frontliners qui ont mis leur vie en péril pour travailler dans l’intérêt de la population et du pays. Aujourd’hui, il y a des vaccins qui sont autorisés. J’espère que l’humanité sera en mesure d’éliminer la COVID-19.
Il y a de gros défis à relever. Il faut que toute la nation se mette au travail.»
À cause de la COVID-19, plusieurs secteurs de l’économie ont été affectés. Que doit faire le gouvernement pour les relancer ?
Ce n’est un secret pour personne que l’économie du pays a grandement souffert. Ce n’est pas uniquement à Maurice mais aussi à travers le monde. Pour pouvoir redresser la situation, il faut de la solidarité. Tout le monde doit être solidaire des uns et des autres pour surmonter les difficultés. Il y a de gros défis à relever. Il faut que toute la nation se mette au travail.
Aujourd’hui, on doit reconnaître qu’on a un leadership fort. Pravind Jugnauth l’a démontré à travers les décisions qu’il a prises. Il se donne corps et âme pour travailler dans l’intérêt de la population et amener le pays à bon port.
Je lance un appel spécial aux partenaires économiques, en particulier au secteur privé. Il doit comprendre que dans la situation actuelle, la priorité doit être accordée à l’intérêt national. Il faut un dialogue constant entre le gouvernement et le secteur privé.
Il faut donner toute la considération nécessaire aux employés. Sans eux, on ne peut créer de la richesse. Il faut absolument cesser de penser comme dans le passé. La clé est l’innovation. Nous pourrons relever les défis si nous utilisons intelligemment la technologie et le capital humain. Si nous nous armons d’une dose de positivité et de détermination, nous réussirons à relever les défis qui se présentent.
Que pensez-vous des allégations faites par l’Opposition depuis les dernières élections générales ?
Mon opinion est que les partis de l’opposition ne veulent pas accepter la défaite qu’ils ont subie aux dernières législatives. Ils ont voulu faire croire que les élections ont été truquées. Mais nous savons tous que nous sommes dans un pays démocratique. Maurice a connu plusieurs élections générales. Cette affaire de truquage n’a jamais eu lieu.
Ils ont adopté une stratégie pour essayer de déstabiliser le gouvernement. Ils font de la politique sur des cadavres. Ils font toutes sortes d’allégations. Ils jugent et condamnent avant même que la justice n’ait donné son verdict dans une affaire.
Certains dans l’opposition agissent comme des pyromanes, avec le concours de quelques provocateurs. Ils incitent à la désobéissance civile, à la violence et même à la haine raciale. C’est très dangereux. Je pense que certains n’hésiteraient pas à brûler le pays afin d’assouvir leur obsession de prendre le pouvoir à n’importe quel prix.
Cela me rappelle le triste épisode de 1999 quand Kaya avait perdu la vie dans des circonstances troublantes. Cela avait déclenché des émeutes dévastatrices à travers le pays. Aujourd’hui, parmi ces pyromanes qui sont à l’œuvre, il y a des personnes qui ont la mort de Kaya et les émeutes sur leur conscience. L’un d’eux avait même allumé le feu avant d’aller se réfugier à Rodrigues. Ena ti al kasiet anba lili pandan 72 heures de temps.
S’il n’y avait pas eu des gens comme moi et mon ami Cassam Uteem, parmi tant d’autres, pour lancer un appel au public afin de ramener le calme, je ne sais pas comment la situation aurait tourné. Aucun Mauricien ne souhaite revivre les événements de 1999. Je demande donc à mes compatriotes de redoubler de vigilance. Ne cédez pas à la provocation.
La majorité des Mauriciens est consciente des dangers que ces pyromanes représentent. Je suis convaincu qu’ils ne veulent pas que ces derniers détruisent tout ce que la nation a mis des années à construire. La majorité des Mauriciens sait qu’elle peut faire confiance à Pravind Jugnauth.
Il faut attendre la conclusion d’une enquête avant de dire ‘dimounn la fout lekan ale’»
Êtes-vous satisfait du fonctionnement des institutions, telles que la police et le système judiciaire ?
Il faut faire confiance aux institutions. Malgré toutes les critiques qu’il y a eu, les institutions ont toujours fait leur travail comme il faut. Je suis satisfait du système judiciaire auquel j’ai toujours fait confiance. Du temps où j’étais avocat et que je plaidais, je n’ai jamais dit quoi que ce soit contre le judiciaire. J’ai toujours été satisfait de son travail.
Ne pensez-vous pas que le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, contre lequel des allégations ont été faites, ferait mieux de « step down » en attendant que l’enquête soit bouclée ?
Nous vivons dans un pays où priment la justice et la démocratie. Dans notre loi, on ne parle pas de présomption de culpabilité mais bel et bien de présomption d’innocence. Dans le cas de ce ministre, nous savons tous qu’il y a une enquête en cours. Elle n’est pas encore terminée. Nous devons attendre une conclusion et que la justice fasse son travail. Ce n’est qu’à partir de là qu’on pourra dire à la personne fout lekan ale. Il y a également eu des allégations contre Pravind Jugnauth et on lui demande de partir. Dans quel pays peut-on voir de telles choses ? Si c’est ça, on aurait tout le temps fait partir les premiers ministres. Si koumsa, enn dimounn kouma Navin Ramgoolam ti bizin fini fer ale depi lontan.
Le 7 janvier dernier, quand Yogida Sawmynaden a comparu en cour, plusieurs policiers ont été déployés. Certains disent qu’il y a eu un excès de zèle de la part de la police. Votre avis ?
Si la police avait fait l’opposé et qu’il y avait eu du désordre, on l’aurait alors blâmée. On lui aurait reproché de ne pas avoir pris les précautions qu’il fallait. En se basant sur les renseignements qu’elle détenait, la police a pris des dispositions pour parer à toute éventualité afin que rien de grave ne se produise. Comment peut-on la blâmer pour cela ?
Quand la police a fait ce qu’elle a fait, quelqu’un a-t-il perdu quelque chose ? Elle s’est assurée de faire régner l’ordre et la paix. On sait comment les gens ont réagi quand Yogida Sawmynaden a quitté la cour. S’il n’y avait pas eu la police, il y aurait eu des actes de violence. Je ne vois pas comment on peut blâmer la police pour cela. C’est mieux de faire plus plutôt que moins.
Les avocats ne peuvent pas agir comme des agitateurs.»
Peut-on dire que le Rule of Law est respecté à Maurice ?
Les premiers à ne pas le respecter sont les membres de l’opposition. Sinon zot pa ti pou fer grimas. Le Rule of Law a toujours triomphé au pays.
L’opposition parle d’un grand rassemblement qui aura lieu avant la rentrée parlementaire. Qu’en pensez-vous ?
La police doit prendre des dispositions. L’opposition est libre. En politique, on peut rassembler ses sympathisants. Mais il faut s’assurer que tout se passe dans l’ordre. La police doit prendre des dispositions.
L’ancien ministre Roshi Bhadain, qui avait été élu sous votre gouvernement, dit souvent que Pravind Jugnauth vous a fait partir rapidement. Est-ce vrai ?
J’ai longtemps fait confiance à Roshi Bhadain. J’ignorais à l’époque que c’était un traître. Pravind Jugnauth ne m’a jamais demandé de partir. C’est moi qui ai décidé de partir au moment où je l’ai décidé. J’ai réalisé que si je continuais comme Premier ministre, mo pa ti pou kapav rann lapel. Ma santé ne me le permettait pas. Je me suis rendu compte qu’il était temps pour moi de me retirer. Personne ne m’avait demandé de partir.
Le mot de la fin ?
Il faut la solidarité, l’unité et la paix. C’est ce qui permettra au pays de progresser. Les gens ne doivent pas céder aux provocations. Restez vigilants quand on vous provoque. Ne vous laissez pas emporter. Puis je dirais qu’il faut travailler et produire. Si on ne produit pas, on n’aura pas de richesse et le gâteau ne grossira pas.
Si j’avais un message à adresser à mes collègues du barreau, je leur demanderais d’être dignes de la profession qu’ils exercent. J’ai été au barreau des années durant. Nul ne peut me pointer du doigt et venir dire que j’ai agi de manière à donner l’impression aux gens que la justice ne fonctionne pas.
Les avocats ne peuvent pas agir comme des agitateurs. Il est important que le Bar Council joue son rôle pleinement. J’en appelle à la responsabilité de tout un chacun. Nous devons faire bloc contre des pyromanes. Nous devons unir nos forces pour relever les défis que nous a imposés la COVID-19.
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