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Silence, on se drogue : des «fumeries» et des «piqueries» érigées pour se droguer en toute «tranquillité»

  • Rs 50 pour accéder aux cabanes, Rs 10 le bouchon de vinaigre, etc. 

Le trafic de drogue est solidement structuré et organisé à Roche-Bois, Port-Louis. D’un côté, diverses drogues se vendent comme des petits pains en toute impunité 24/7 à ciel ouvert, au vu et au su de tous. De l’autre côté, des cabanes sont érigées pour accueillir des toxicomanes en vue de consommer les substances illicites. C’est l’enquête policière sur le meurtre par overdose de Mohammad Sayfud-din Sauterelle, 21 ans, fin août dernier, qui a levé le voile sur des activités indirectement liées au trafic de stupéfiants, notamment la présence de cabanes pour accueillir des toxicomanes.

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À Batterie Cassée, Karo Kalyptis, Roche-Bois, des individus avaient mis en place des structures pour générer de l’argent grâce au trafic. L’enquête policière de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord a établi que Sayfud-din Sauterelle avait succombé à une overdose dans l’une des cabanes. Mais, pour ne pas perturber les activités de leurs cabanes, très rentables financièrement, les frères Thierry et Luciano Lebon, après le décès de la victime, se sont précipités à moto pour déplacer le cadavre un peu plus loin, à Roche-Bois. L’enquête policière a permis de démasquer les tenanciers de ces cabanes et, à ce jour, cinq suspects sont derrière les barreaux.

Les hommes de l’inspecteur Lullith de la police criminelle a pu lever le voile sur le rôle et la présence de deux cabanes érigées dans la cour où vivent les deux suspects, Thierry et Luciano Lebon, âgés respectivement de 39 et 46 ans. Venant des quatre coins de Maurice pour s’approvisionner en drogue à Roche-Bois chaque jour, des toxicomanes se rendent dans ces deux cabanes, l’une appelée « Fumerie » et l’autre « Piquerie », où ils consomment leurs drogues avant de quitter les lieux. « Kan zot fini aste zot la drog, zot rod pik anplas gagn zot nisa apre ale. Pou ki zot pa bizin mars ar ladrog parski bann misie-la abitie fer la fouy », explique un habitué des lieux au Défi Plus.

Notre interlocuteur affirme que dans ce quartier, chacun essaie de tirer profit du business de la drogue. « Ena bann abitan ki pena kapital pou fer trafik ladrog. Zot ouver zot la kour pou ki lezot kav vinn drogue, en retour zot gagn enn ti kass », indique-t-il. 

Deux semaines après la découverte du cadavre de Sayfud-din Sauterelle, soit le 23 août dernier, l’interrogatoire des cinq suspects arrêtés – Thierry Lebon, 39 ans, Luciano Lebon, 46 ans, Yves Louis Latouche, 34 ans, Clarel Joseph, 31 ans, et Doovesh Chinniah, 24 ans, a permis à la police de comprendre le fonctionnement réel de ces deux cabanes faites de bois et de tôle. L’une, la 
« Fumerie », est réservée à ceux qui viennent y fumer différentes drogues. L’autre, la « Piquerie », est un lieu où des toxicomanes viennent pour s’injecter des drogues. Pour accéder à chacune de ces cabanes, les usagers de drogue doivent payer la somme de Rs 50. Sur place, tous les attirails pour la prise de drogues sont mis à leur disposition pour qu’ils puissent « gagn nisa defonse » avant de quitter les lieux.

Les accessoires nécessaires aux usagers de drogue ne manquent pas. Des seringues sont vendues à Rs 25, et des bouchons de vinaigre coûtent Rs 10. Ces deux cabanes étaient surveillées par Louis Denis Clarel Joseph, qui jouait le rôle de videur sur place.

Dokter Lera en action

Dans la « Piquerie », Doovesh Chinniah, alias Lera, jouait le rôle de « Dokter ». Ce mécanicien, issu du village de Chemin-Grenier, recherché par la police depuis deux ans, se cachait à Roche-Bois. Il avait pour mission de cuire de l’héroïne, puis de l’injecter par voie intraveineuse dans le corps des toxicomanes. Chaque injection coûtait Rs 50. C’est lui qui est accusé d’avoir injecté de l’héroïne à Mohammad Sayfud-din Sauterelle, retrouvé avec un sac en plastique sur la tête à Allée Tamarin, Roche-Bois, dans la matinée du vendredi 23 août dernier. « Mo finn pik li ar sering, me apre li pann leve », a avoué Dokter Lera aux enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord.

Eau stérilisée, seringues, etc.

Outre la présence de ces cabanes, les habitués des ruelles de Karo Kalyptis ou du Park Koson, à l’avenue Alfred Besnard, Roche-Bois – haut lieu du trafic de stupéfiants – remarquent également la présence de nombreux marchands ambulants qui arpentent ces rues. Ils ne passent pas inaperçus : « Ena enn, touletan li pe vann bross a dan, dantifris. Selma, so rol se gueter, kouma li trouv la polis li koumans krie krapo », raconte un témoin. 

D’autres marchands ambulants sur place vendent des produits liés au trafic de drogue, notamment de l’eau stérilisée et des seringues, en pleine rue.
 

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