Le président du Mouvement socialiste militant revient sur la décision de sir Anerood Jugnauth de céder le fauteuil de Premier ministre à Pravind Jugnauth.
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L’année 2016 marque un tournant pour le gouvernement. Quel bilan dressez-vous de ces deux années au pouvoir ?
Nous n’avons pas cessé de travailler pour réaliser le programme présenté durant la dernière campagne électorale. Certes, nous avons pris du retard car nous n’avions pas prévu de devoir gérer la fermeture du groupe British American Investment ainsi que les dégâts occasionnés sur la Ring Road et le tronçon Terre-Rouge/Verdun.
Notre souhait était de démarrer les projets de développement sur les chapeaux de roue. Cependant, avec le bilan laissé par le précédent gouvernement, il nous a d’abord fallu rembourser certaines dettes. Malgré ces contretemps, nous avons mis le cœur à l’ouvrage.
« Ce serait malhonnête de ma part de dire que le PMSD n’a aucune contribution dans les réalisations de ce gouvernement. »
Quel est votre bilan à vous ?
J’en suis très satisfait. Des changements ont été apportés dans la méthode d’attribution des terres de l’État. Toute demande de location-bail, que ce soit pour une maison ou un hôtel, doit désormais être présentée au Conseil des ministres. Cela évitera certaines maldonnes. Les maisonnettes offertes aux nécessiteux ne seront plus construites sur une superficie de 39 mètres carrés. Des adultes ne peuvent continuer à dormir dans une pièce où les enfants sont séparés que par un mince rideau. C’est indécent !
Les critères d’éligibilité ont été revus afin que davantage de Mauriciens puissent bénéficier de ces maisonnettes. Il y a aussi des projets pour la classe moyenne à Cap-Malheureux et à Moka, entre autres. Au lieu d’être locataires, ils pourront être propriétaires. D’ici l’an prochain, au moins 5 000 maisonnettes seront construites.
La modification de la loi permettant aux étrangers d’acquérir des biens immobiliers ne sera-t-elle pas au détriment des Mauriciens ?
Une condition a été imposée : ces étrangers ne pourront acquérir un appartement en dessous de Rs 6 millions. Les appartements destinés à la classe moyenne coûtent entre Rs 3 et 4 millions. Le Board of Investment veillera au grain tandis qu’un contrôle sera exercé par le Bureau du Premier ministre.
Des critiques ont été formulées contre vous quant à l’attribution de certains pans des plages publiques. Que répondez-vous ?
Des baux ont été accordés pour 307 arpents de terres de l’État sur l’ensemble du territoire. Ces critiques sont infondées. Il y a 33 plages publiques rien que dans le Sud. Cette région a également le droit d’être développée. Dans le Nord, l’on compte plus d’une centaine de restaurants, pourquoi pas dans le Sud ?
Le Nord est davantage touristique alors que le Sud a gardé son cachet sauvage, non ?
Il faut bien que les gens du Sud aient un travail. Les hôtels qui vont voir le jour auront l’obligation d’aménager les plages avoisinantes. Il y a des plages qui demeurent sauvages. Les propriétaires de campements devront s’assurer que les passages prévues vers la mer soient accessibles.
Et comment avez-vous accueilli la démission du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) de l’alliance gouvernementale ?
Xavier-Luc Duval était dans le dernier gouvernement de Navin Ramgoolam lorsque celui-ci a contracté une alliance avec le Mouvement militant mauricien (MMM). Il a démissionné et n’a formulé aucune critique contre l’ex-Premier ministre. Ce qui n’a pas été le cas vis-à-vis de sir Anerood Jugnauth, celui qui a mené l’Alliance Lepep vers la victoire et permis à autant de membres du PMSD d’être élus.
Il explique aussi que son départ est motivé par la précipitation du MSM à modifier la Constitution afin de mettre le Directeur des poursuites publiques (DPP) au pas…
Le projet de loi a été circulé un jeudi pour être débattu le lendemain. Un comité ministériel a ensuite été institué pour se pencher sur les différents aspects de la Prosecution Commission. Quand Xavier-Luc Duval s’est mis à poser des questions, sir Anerood Jugnauth lui a rappelé qu’il avait lui-même présidé ce comité. Le chef du gouvernement a insisté pour que tout désaccord soit évoqué lors de cette réunion et Xavier-Luc Duval a lui-même proposé la rétroactivité de trois ans sur les dossiers traités par le DPP.
Comment a été la cohabitation avec le PMSD ? Vous ne teniez pas Xavier-Luc Duval dans votre cœur ? Il y a eu l’incident de la banderole…
Ce serait malhonnête de ma part de dire que le PMSD n’a aucune contribution dans les réalisations de ce gouvernement. J’ai un principe dans la vie : l’on ne peut utiliser la religion pour faire de la politique.
Si sir Anerood Jugnauth est celui qui a permis à l’alliance gouvernementale de remporter la victoire, pourquoi son fils devrait-il le remplacer ?
Ce n’est pas son fils, mais le leader du MSM qui va prendre le relais. Celui-ci a débuté sa carrière comme élu municipal. Il a ensuite été ministre de l’Agriculture, ministre des Finances et vice-Premier ministre. Dans la partielle au n°8, nous étions contre le fait qu’il soit candidat lorsque l’élection d’Ashock Jugnauth a été invalidée.
Il fallait bien qu’il entre à l’Assemblée nationale ?
En tant que leader de parti, il ne pouvait pas prendre de risques. Il n’a rien voulu entendre. Il est devenu leader de l’opposition…
Pour quelques jours…
Il a quand même été leader de l’opposition. Il n’est pas comme Navin Ramgoolam. On n’a pas été le chercher à Londres. Pravind Jugnauth a fait ses preuves.
Navin Ramgoolam déclare toutefois qu’il ne peut être Premier ministre que par les urnes…
Navin Ramgoolam est la dernière personne à pouvoir lui faire la leçon. Dans d’autres pays, il y a eu des exercices similaires. Le chacha Ramgoolam avait raison lorsqu’il disait qu’il ne fallait pas que son fils s’engage dans la politique.
Vous avez pourtant travaillé avec Navin Ramgoolam en 2008 et en 2010, n’est-ce pas ?
Nous l’avons quitté, nou pann pez nene bwar diluil.
Est-ce que sir Anerood Jugnauth va céder son fauteuil de sitôt avec tout ce qui se passe au sein de gouvernement ?
Il va passer le relais. Il restera au gouvernement comme Lee Kuan Yew à Singapour. Il sera un Senior Minister. Il sera un Mentor.
Comment le MSM compte-t-il retrouver sa majorité des trois-quarts ?
Nous avons 41 députés. Nous allons certainement accueillir tout élu désirant aider le pays à avancer.
Qui sont ces députés de l’opposition qui vont sauter le pas ?
Nous vivons en démocratie. Toute personne de bonne volonté, même si elle n’est pas parlementaire, est la bienvenue.
Xavier-Luc Duval parle de la démission de six membres du gouvernement…
Je n’ai aucune information sur cette éventualité. Et même si c’est le cas, cela ne va pas empêcher le gouvernement de fonctionner.
Vous avez été absent de l’Assemblée nationale mardi dernier. Est-ce par ce que vous n’avez pas digéré la nomination d’Ivan Collendavelloo comme n°2 du gouvernement ?
J’étais souffrant. J’étais au Cardiac Centre. Je respecte la discipline du parti et du gouvernement. Il faut mettre l’orgueil de côté. Je suis en très bons termes avec Ivan Collendavelloo.
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