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Shirish Hilme Rummun : un champion qui a lutté pour le cannabis médical

L'ancien champion d'haltérophilie Shirish Rummun souffrait d'un cancer en phase terminale.

Il a marqué l’histoire du sport et du droit à Maurice. Le combat de Shirish Hilme Rummun en faveur de l’usage médical du cannabis n’a pas été vain. Il s’est éteint dans la nuit du 2 septembre dernier.

Shirish Hilme Rummun n’était pas seulement un ancien haltérophile professionnel, médaillé d’or aux Jeux des îles de l’océan Indien. C’était aussi un militant qui a défendu jusqu’au bout le droit des patients à choisir leur traitement médical. Atteint d’un cancer en phase terminale, il a mené un combat judiciaire pour l’utilisation médicale du cannabis, qu’il considérait comme le seul remède efficace contre ses souffrances. 

Il s’est éteint dans la nuit du 2 septembre dernier, mais son combat n’a pas été vain. Grâce à lui, la Cour suprême a reconnu que la loi interdisant le cannabis médical à Maurice était contraire à la Constitution, qui garantit le droit à la vie et à la dignité humaine. Aujourd’hui, différents types de cannabis médical sont disponibles pour les patients mauriciens qui en ont besoin, avec une première formule lancée cette semaine. 

Shirish Hilme Rummun a été soutenu par ses avocats, Mes Sanjeev Teeluckdharry, A. Juwaheer et A. Goodary, ainsi que par son avoué, Me Rajendra Appa Jala. Ils ont plaidé avec force et conviction pour faire valoir les droits de leur client et de tous ceux qui souffrent de maladies incurables. Shirish Hilme Rummun a été un exemple de courage et de détermination. Il a fait entendre sa voix et celle de nombreux autres patients qui réclamaient le droit de soulager leurs douleurs avec le cannabis médical. Il a marqué l’histoire du sport et du droit à Maurice.

Le combat de l’ancien haltérophile pour trouver le traitement qui lui convenait le mieux a commencé en décembre 2018 quand il a appris qu’il était atteint d’un cancer du sein. Après des traitements pour enlever la tumeur, les médecins lui ont recommandé une mastectomie suivie d’une chimiothérapie, des traitements conventionnels souvent utilisés dans la lutte contre le cancer. 

Cependant, le patient avait de sérieuses réserves quant à l’efficacité de ces traitements, ayant été témoin des épreuves endurées par sa mère, décédée en novembre 2013 après avoir suivi le même protocole pour un cancer du sein. Confronté à cette dure réalité, Shirish Rummun a entrepris un voyage en Inde pour explorer des traitements alternatifs comme l’ayurveda et l’homéopathie, espérant trouver une approche médicale plus adaptée à sa condition. 

Toutefois, après des recherches approfondies et des consultations médicales à l’étranger, il a décidé de recourir aux traitements à base de cannabis médical en Afrique du Sud en mars et avril 2019, à cause de l’interdiction de son utilisation à Maurice. Il était convaincu de l’efficacité des traitements à base de cannabis médical après avoir montré des résultats prometteurs dans le traitement du cancer, notamment. 

Cependant, les lois mauriciennes sur les drogues dangereuses l’empêchaient d’accéder légalement à ces traitements dans son propre pays. Depuis lors, le combat de Shirish Rummun était bien plus qu’une affaire personnelle. Il était devenu le porte-parole de nombreux patients face à des choix difficiles en matière de traitement médical. Sa détermination à remettre en question la législation existante a contribué à sensibiliser le public et à plaider en faveur de l’adaptation de la loi pour mieux répondre aux besoins des patients.

La récente annonce du ministre de la Santé ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement médical à Maurice (voir hors-texte). Elle est le fruit du combat de Shirish Rummun, qui a défendu jusqu’au bout son droit à choisir le cannabis médical pour soulager son cancer. Il a laissé un bel héritage aux Mauriciens qui souffrent de maladies graves. Il a montré que la médecine ne devait pas être limitée par des lois obsolètes, mais qu’elle devait être basée sur des choix éclairés, guidés par le bien-être et la recherche de solutions efficaces. 

Sur Facebook, sa famille, ses amis et de nombreux internautes lui rendent un vibrant hommage.

Son appel du cœur

En octobre dernier, Shirish Rummun avait témoigné dans les colonnes de Le Dimanche/L’Hebdo de son combat pour se soigner avec l’huile de cannabis. L’ancien champion d’haltérophilie affirmait que ce produit avait amélioré sa santé. « Quand je suis allé en Afrique du Sud pour suivre ce traitement, ma santé s’est nettement améliorée. Mais avec le confinement et la fermeture des frontières, je n’ai pas pu continuer. Ma santé s’est de nouveau dégradée et j’ai fait une rechute », confiait-il. 

Le quinquagénaire était convaincu des vertus du CBD et du THC. « C’est surtout le THC qui tue le cancer. Certains disent qu’il a des effets néfastes, mais il a aussi des points positifs. Cette huile peut traiter des maladies comme le diabète, le cancer ou l’épilepsie », insistait-il. 

À l’époque, le traitement n’était pas autorisé à Maurice. « Si on ne me laisse pas accéder à ces traitements ici, qu’on me donne au moins la permission de me soigner moi-même », plaidait-il. Pour le quinquagénaire, un patient doit avoir le choix de ses traitements. « On ne peut pas m’imposer la chimiothérapie, la radiothérapie ou d’autres traitements alors qu’un traitement naturel est plus efficace. C’est injuste d’empêcher les patients de choisir leurs traitements », dénonçait-il.

Un premier groupe de patients pris en charge

Depuis la semaine dernière, l’hôpital Victoria, à Candos, offre un médicament à base de cannabis. Jeudi, un premier groupe de patients a été pris en charge. Le dossier de chacun d’entre eux sera soumis à un comité d’experts pour déterminer s’ils répondent aux critères de sélection selon leur pathologie. 

Si le dossier est approuvé, le patient devra se rendre à l’hôpital où son médecin traitant administrera le traitement équilibré en THC et CBD. Ce projet sera étendu dans les autres hôpitaux régionaux de l’île Maurice prochainement. 

Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, assure un approvisionnement suffisant pour les patients éligibles dès cette année. « L’année dernière, nous avons lancé les procédures. Nous avons acquis un médicament. Il y a trois types de cannabis médical. Nous espérons que d’ici la fin de cette année, nous devrions recevoir les différentes quantités et les différents types de cannabis nécessaires », a-t-il déclaré. 

Les pathologies concernées sont notamment la sclérose en plaques, l’épilepsie chez l’enfant, les douleurs réfractaires aux analgésiques traditionnels, le cancer, les rhumatismes, l’inflammation et d’autres types de douleurs.

 

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