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Shelter L’Oiseau du Paradis : des actions légales envisagées contre les autorités 

  • Rita Venkatasawmy : « Il faut un médecin rattaché aux Residential Care Institutions »

C’est une affaire qui fait du bruit. Bébé S., qui était sous la responsabilité du shelter L’Oiseau du Paradis, est toujours en soins intensifs. Aussi, ils sont nombreux ceux qui se mobilisent pour réclamer des explications au ministère de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille ainsi que la démission de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah. Bruneau Laurette avance, lui, qu’il est à la recherche de la mère biologique pour l’aider à poursuivre les autorités pour la mauvaise prise en charge de l’enfant.  

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« Nous allons retrouver la mère biologique de cet enfant et entamer des poursuites contre les autorités. C’est inacceptable que l’on mette tout sur le dos de cette mère qui a cherché secours auprès des autorités ». Ce sont là les propos de Bruneau Laurette. « Pankor fini ek sa zafer-la. Mo pa satisfe ditou manier ki pe tret sa », dit l’activiste. Il a donc décidé de se lancer à la recherche de la mère biologique. « Nous ne pouvons la juger, nous ne sommes pas là pour la pointer du doigt. Elle n’a pas abandonné cette fillette dans la rue, elle l’a laissée dans un hôpital, un lieu sûr. Si le magistrat a émis un ordre pour que l’enfant soit placé dans un centre, il est alors sous la responsabilité entière de l’État. Le ministère doit répondre de toute ambiguïté à son sujet », dit Bruneau Laurette. 

Selon lui, la mère biologique de Bébé S. a tout à fait le droit de réclamer des explications au ministère. « Nous allons l’aider dans cette démarche. Cette affaire ne commence pas au centre, mais à l’hôpital. Qui a signé la décharge de l’enfant ? Quelles ont été les recommandations ? Le bébé aurait dû être placé dans un incubateur. Pourquoi le placer dans un centre ? Le Fact-Finding Committee doit commencer ses travaux à l’hôpital », poursuit-il. 

Bruneau Laurette n’en démord pas. « Le centre n’était pas approprié pour le bébé. Il faut des centres spécialisés dans le pays ». Il est vrai, poursuit-il, que les parents ont leurs responsabilités, « mais c’est aussi à l’État de donner l’exemple. Pourquoi blâmer une mère en détresse ? Les autorités, avec tous les moyens à leur disposition, n’ont pu s’occuper de l’enfant comme il se doit ». 

Selon lui, les employés subiraient des pressions en ce moment. « Au lieu de concentrer l’enquête sur ce qui s’est passé pour que l’enfant se retrouve à l’hôpital, les employés sont ciblés. Plusieurs tactiques sont utilisées en ce moment pour leur faire peur. Ils ont eu affaire à la police », allègue l’activiste. 

Au niveau du ministère, personne n’a souhaité confirmer ou infirmer ces propos malgré nos nombreuses sollicitations.

Rita Venkatasawmy : « Il faut une désinstitutionalisation du système » 

L’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, avance qu’elle ne commentera pas spécifiquement sur ce cas pour le moment, car une enquête a été initiée par le ministère. « Cela ne se fait pas en un jour. Il faut une enquête approfondie », dit-elle. « Il est important qu’un médecin soit rattaché à chaque Residential Care Institutions (RCI). Demander que tout le personnel bénéficie d’une formation médicale avancée n’est pas possible, mais un médecin devrait pouvoir intervenir rapidement et régulièrement dans les centres pour faire des recommandations », ajoute l’Ombudsperson for Children . 

Elle tient à rappeler que son dernier rapport fait mention des manquements relevés dans les RCI et précise que des recommandations ont été faites après une enquête systémique qui a duré un an. « Il faut mettre en pratique ces recommandations. Il faut, entre autres, une désinstitutionalisation du système pour mieux prendre en charge les enfants. Une formation profondément psychologique est nécessaire, tout comme la réduction du nombre d’enfants dans ces RCI et l’adoption d’une approche plus réfléchie en ce qui concerne les bébés », dira Rita Venkatasawmy.

Joanna Bérenger : « Faciliter l’adoption pour éviter que les enfants ne finissent dans les shelters » 

La députée mauve se dit choquée par les propos de la ministre Koonjoo-Shah en réponse à la PNQ du leader de l’opposition, jeudi dernier. « C’est un effet d’annonce de parler du Fact-Finding Committee, c’est pour se tirer d’affaire. Elle a parlé d’un protocole d’urgence. Où est ce protocole ? Eski linn dir sa zis pou tir li dan dife ? ». Elle fait aussi référence au document du ministère intitulé « Scope of Service and Performance Specifications ». « Minis pe rod met an plas bann regleman ek bann shelter prive. Ou pou trouve ki dan dokiman la ki pou « Minors with specific medical conditions » bizin ena enn Medical Practitioner ek enn Specialized Nursing Officer. Dan ka sa bebe-la ti bizin ena sa bann profesionel a so dispozision. Donc bizin pa zis ekziz sa zis depi sekter prive. Servis bizin parey », dit Joanna Bérenger. Elle se dit « choquée » que la ministre ait pointé du doigt la maman biologique. « Li pena pou vinn kritik mama la ». 

La députée mauve recommande la mise sur pied d’un protocole d’urgence qui soit largement diffusé, une harmonisation des lois, la mise sur place d’une vraie éducation sexuelle et d’un organisme qui facilitera et gérera les adoptions (y compris les transitions de la famille biologique à la famille adoptante) pour éviter que les enfants ne finissent dans les shelters. « Il faut donc investir plus dans le bien-être des enfants et dans la formation du personnel », estime Joanna Bérenger. 

Un médecin : « La CDU doit mieux assumer ses responsabilités » 

Intervenant sous le couvert de l’anonymat, un médecin avance que la Child Development Unit (CDU) se doit d’être « plus responsable » envers les enfants. « Il est malheureux de constater que, dans la plupart des cas, ces enfants sont abandonnés dans les hôpitaux. Pas de visite, pas de vêtements parfois, pas de couches. Ce sont les autres parents qui prennent soin d’eux quand les infirmières sont occupées ailleurs. Ce n’est pas normal. Elles le font de bon cœur, mais que se passera-t-il s’il y a un problème ? Si un enfant disparaît de la salle ? Il faut que les officiers de la CDU qui placent ces enfants s’assurent qu’une personne soit à leur chevet s’ils ont moins de 5 ans. Parfois, les infirmières sont débordées avec trois enfants en bas âge dans la salle », dit-il. 

Selon le médecin, c’est quand les travailleurs sociaux font pression sur les officiers de la CDU ou que les visiteurs commencent à élever la voix et menacer d’alerter la presse que les choses bougent. « Malheureusement, je ne pense pas qu’il y a une bonne évaluation médicale qui est faite pour savoir où placer chaque enfant. Kouma enn plas lib, nek met li laba. Li inakseptab ! »

Stéphanie Anquetil  : « La situation est grave »

« La situation est grave », avance Stéphanie Anquetil dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux. La députée travailliste adresse un message au Premier ministre pour lui demander de prendre des actions contre Kalpana Konjoo-Shah. « Minis pa okouran nanie dan so minister. Li kler ki Mme Kalpana Koonjoo-Shah nepli ena kontrol lor so minister.  Nou pe koz lavi bann tibaba ki an danze. E kan ou enn minis, kan ou pa pe resi asim ou responsabilite ou pena swa, ou bizin ale. Mo pe fer enn apel presan a Premie minis pou ki li anlev sa minister-la avek sa minis-la o pli vit ». 

Pour rappel, Stéphanie Anquetil a déposé au Parlement, le jeudi 27 octobre, une série de photos pour dénoncer les manquements du centre L’Oiseau du Paradis.

 

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