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Shazia et Adiila Oozeerally : «Sa bann alegasion la finn detrir nou mama 72 an»

Les sœurs, libres depuis vendredi, remercient leur mère pour son soutien indéfectible durant cette épreuve.

Shazia et Adiila Oozeerally affirment avoir été accusées à tort de s’adonner au trafic de drogue. Elles déplorent le fait que plusieurs de leurs proches leur aient tourné le dos.

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Elles ont passé 12 nuits en détention. Les sœurs Shazia et Adiila Oozeerally ont retrouvé la liberté, le vendredi 22 septembre, après qu’un rapport scientifique a confirmé que les 8,2 kg de poudre saisis ne contenaient aucune trace de cocaïne. « C’était du corn flour », lâchent-elles.

Shazia et Adiila Oozeerally ont été arrêtées le 11 septembre, après des dénonciations d’Hussein Abdool Rahim concernant un trafic de cocaïne. Face à la Major Crime Investigation Team (MCIT), l’homme a fourni des aveux sur ce trafic présumé, dénonçant les sœurs Oozeerally et Haider Rattan comme ses complices. Il a même conduit la police vers des « caches de drogue » à travers l’île.

Représentées par Me Nadeem Hyderkhan et Me Shameer Hussenboccus, Shazia et Adilla Oozeerally ont fourni chacune une caution de Rs 50 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 150 000 pour obtenir la liberté. Les deux sœurs confient avoir vécu un véritable cauchemar. « Kan finn kone lafarinn sa, noun extra soulaze. Bondie gran e laverite pa kapav kasiet », soutiennent-elles.

Quelques heures après avoir retrouvé leurs proches, Shazia et Adiila Oozeerally lancent un appel : « Pa ziz dimoun, pa denigre fami dimoun osi lontan ou pa sir ou pwin. » Elles affirment que leur mère a été meurtrie et traumatisée par cette épreuve. « Sa bann alegasion la finn detrir nou mama 72 an », dit Adiila.

Les deux sœurs remercient la septuagénaire pour son soutien indéfectible. Shazia et Adiila Oozeerally sont orphelines de père. Ce dernier était Assistant Commissioner of Police. Leur mère, malgré son âge avancé, a entrepris seule toutes les démarches nécessaires pour trouver un homme de loi afin de les assister durant leur interrogatoire. Elles déplorent que face à une telle épreuve, aucun membre de la famille n’ait épaulé leur mère. « Tou fami finn vir ledo », affirment-elles.

Revenant sur la nuit du 11 septembre, les sœurs Oozeerally expliquent avoir passé plusieurs heures dans un bureau de police après leur arrestation. Elles avaient été arrêtées à leurs domiciles respectifs, Shazia à Plaine-Verte et Adiila à Pailles. Cependant, elles soutiennent que ce n’est que le lendemain matin qu’elles ont compris qu’elles étaient soupçonnées de trafic de drogue. 

Shazia et Adiila Oozerally expliquent que quand elles ont compris ce que leur reprochait la police, elles ont tout nié. Puis, elles disent s’en être remises à Dieu. « Nou dir ‘alhamdulilah’ (Toute gloire appartient à Dieu), peu importe ce qui arrive… » Les enquêteurs venaient de les confronter aux « preuves » qu’ils détenaient. Notamment, des sacs et leurs contenus. Des objets qu’elles disent n’avoir jamais vus auparavant.

Adiila Oozeerally dit déplorer les paroles blessantes de plusieurs personnes à son égard et à celui de sa sœur. « Dimoun koze san kone. Larou tourne, pa bliye », lance-t-elle. Son fils, ajoute-t-elle, a été la cible des railleries de ses camarades au collège. Cette situation a eu un impact sur son moral : « Li ti enn zelev top dan lekol. Zordi li down. »

Les procédures après une saisie de drogue

Lorsque la police procède à une saisie de drogue, en vertu de l’article 54 de la Dangerous Drugs Act (DDA), le colis est mis sous scellés. Juste avant, des échantillons sont prélevés afin d’être analysés au Forensic Science Laboratory (FSL).

Cet exercice se fait en présence du ou des suspects. Les échantillons sont placés dans des resealable plastic bags, qui sont ensuite placés dans une enveloppe. Le ou les suspects et un policier présent apposent leur signature sur l’enveloppe.

Celle-ci est alors envoyée au FSL à Réduit, et une entrée est consignée, faisant mention du numéro de série unique du scellé de la police. L’Exhibit Officer de la police remet par la suite le contenu au laboratoire.

Les scientifiques du FSL entrent alors en jeu. Ces derniers procèdent aux analyses des exemplaires (samplings). Ils rédigent un rapport et informent l’Exhibit Officer. C’est le seul individu qui est autorisé à collecter le rapport et les pièces à conviction.

Comment se déroulent une saisie de drogue et l’interpellation des suspects 

Lorsque des policiers arrivent sur un lieu et interceptent un ou plusieurs suspects dans une affaire de drogue, ces derniers sont informés du délit qui leur est reproché. « Lapolis pe inform ou ki ena ladrog ar ou », ou encore « lapolis pe aret ou dan enn zafer trafik ladrog kot pe soupsone ou implike ». Même si le suspect nie toute implication, il est embarqué et conduit au poste de police. 

Si les officiers ont des doutes sur les « exhibits » saisis, des supérieurs expérimentés en sont informés et fournissent leur avis. Des tests préliminaires sont effectués sur les colis de drogue. « Zis dan ladsu e dan ladwann ki fer sa bann tes-la », indique une source. 

Lorsque d’autres unités de police réalisent une saisie de drogue, elles sollicitent généralement l’aide de la brigade antidrogue. Mais dans l’affaire qui nous intéresse, cela n’a pas été le cas, selon nos recoupements. 

Les aveux du suspect Haider Rattan

Le suspect Haider Rattan a fourni des aveux après son arrestation sur le trafic présumé de drogue. Il a même conduit la police vers une cache où 500 grammes d’un produit qu’il a présentés comme de la cocaïne ont été découverts. Ce qui laisse à penser que les protagonistes s’adonnaient bel et bien à un trafic. 

Hussein Abdool Rahim, le whistleblower, fera, lui, l’objet de poursuites pour fausses dénonciations. Les enquêteurs pensent qu’il aurait convaincu les trois présumés complices qu’ils participaient à un trafic de cocaïne. Pour la police, il y a délit s’il s’avère que les sœurs Oozeerally et Haider Rattan étaient conscients de participer à un acte illégal. L’enquête pourrait s’orienter sur un délit de « conspiracy to commit trafficking », relatent des sources aux Casernes centrales.

Zoom

Arrêtés pour de la drogue qui n’en était pas

Ce n’est pas la première fois que des individus se font arrêter pour possession ou trafic de drogue et que, par la suite, on découvre qu’en fait, il ne s’agissait pas de produits stupéfiants. Dans certains cas, les responsables des opérations policières au cours desquelles les saisies ont été effectuées font l’objet de poursuites devant la justice, après des plaintes au civil. Zoom sur quelques cas récents. 

Le Tiktokeur Feroz Karamuth arrêté pour une poudre blanchâtre

Le 1er février 2023, la Special Striking Team interpelle le Tiktokeur Feroz Karamuth. À la suite d’une descente des hommes de l’assistant surintendant de police Jagai à son domicile, une certaine quantité de poudre blanchâtre est saisie, ainsi qu’un « taser » et une somme de Rs 34 500. Après vérification, il s’avère que la poudre en question n’est pas un produit illicite.

Un pâtissier passe quatre mois en détention

En décembre 2022, Mohamed Farwez Pokun, un pâtissier de Souillac âgé de 41 ans, est arrêté après que la Special Striking Team a saisi à son domicile un colis soupçonné d’être de la drogue synthétique. La valeur marchande du produit avait été estimée à Rs 1,3 million. Il passera quatre mois en détention avant qu’en avril 2023, le Forensic Science Laboratory ne révèle que le colis saisi ne contenait aucune drogue.

Trois semaines à l’ombre pour des produits médicinaux

Le 20 avril 2023, Taslim Oozeer, 40 ans, est arrêté par l’Adsu de Plaine-Magnien. Il est soupçonné d’un trafic de drogue synthétique d’une valeur de Rs 15 millions. Lui insiste qu’il s’agit d’un produit médicinal contre la douleur, qu’il a importé de l’Inde pour la somme d’environ Rs 2 500. Il passera trois semaines en détention. Le 8 mai 2023, le Forensic Science Laboratory confirme qu’il ne s’agit pas de drogue synthétique.

Shah-Baaz Choomka passe 467 jours à la prison centrale

Le 14 juin 2020, Shah-Baaz Choomka est présenté devant le tribunal de Pamplemousses sous trois accusations provisoires : possession d’héroïne, d’amphétamine et de drogue synthétique pour la vente. Il passera 467 jours à la prison centrale de Beau-Bassin, avant d’être libéré sous caution le 24 septembre 2021. Le Forensic Science Laboratory n’a décelé aucune trace de drogue dans les produits saisis.

 

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