Grand, beau, musclé, talentueux… Shameer Abdul Raman est à l'image des héros des livres à l'eau de rose. À 43 ans, il ne se lasse pas des défilés de mode. Le steward puise sa force dans son dur labeur et des sacrifices.
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Shameer Abdul Raman défile depuis 27 ans. Désormais, il est sélectif en matière d'événements auxquels il participe. « Le niveau a drastiquement baissé à Maurice. Les mannequins ne sont pas suffisamment valorisés. Ils sont mal payés et touchent environ Rs 500 pour une apparition.»
Il ne tarde pas à se remémorer ses premières années dans le métier. « À mes débuts, j'obtenais Rs 2 500 pour un grand défilé de mode », dit cet habitant de Wooton.
Alors qu'il est élève au collège Saint-Joseph, Curepipe, il est approché pour défiler à la Quinzaine civique. Il s'agit d'une série d'activités organisée par les collèges confessionnels.
« J'étais emballé par la proposition. La scène m'a toujours attiré. Je rêvais d'être chanteur ou acteur. Dans la même foulée, les enseignants nous encourageaient à participer à des activités extrascolaires. Je me suis donc lancé », raconte-t-il.
L'adolescent bénéficie du soutien de ses parents. Après les heures de classe, il se rend à Rose Hill pour les répétitions. Les sessions durent deux mois.
« Je défilais pour la collection de Black & White. Je ne me suis pas laissé envahir par le trac. Même maintenant, je suis stressé quand je monte sur scène. Mais c'est devenu mon moteur », confie-t-il.
Le jeune homme prend goût au mannequinat. Il veut à tout prix se perfectionner. Il commence à suivre des cours chez Jacqueline Glaser School of Modeling & Grooming et passe avec succès les examens.
Quelques mois après, il s'enregistre chez Saxophone School of Modeling. L'école est gérée par Sanedhip Bhimjee. Entre ses cours de mannequinat et ses études secondaires, il défile dans différents événements à travers l'île.
« Un artiste a deux facettes. Dans sa vie personnelle, il se comporte autrement que sur scène. Ce côté mystérieux me plaisait bien », fait-il observer.
À 19 ans, il termine sa scolarité secondaire. Son père décède. Étant enfant unique, il doit subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère. Il décroche un emploi dans une compagnie privée. À temps partiel, il exerce aussi comme agent d'assurance. Dans la soirée, il enchaîne avec les défilés pour l'agence de mannequinat Lamborghini. Au bout de six mois, il se sépare de l'agence.
« Une fourgonnette nous déposait chez nous après chaque défilé. Un soir, le véhicule a fait un terrible accident. J'étais grièvement blessé principalement au visage », relate-t-il. Pendant six mois, il est alité. « Je pouvais à peine me nourrir. J'ai subi plusieurs interventions. La vie m'a appris une leçon. Je devais continuer à persévérer », indique-t-il.
«Il était grand temps de déployer mes ailes et de voler vers d’autres horizons»
Réussite
Sa patience porte ses fruits. Il ne tarde pas à se remettre sur pied. Il prend de l'emploi chez l'agence Haseena. « À cette époque, j'étais un des rares hommes qui marchaient sur les rampes. De plus, j'étais aussi le seul à occuper un poste en journée. Je pouvais toucher jusqu'à Rs 15 000 mensuellement. C'était un salaire assez conséquent », dit-il.
Pendant cinq ans, il cumule trois emplois et ce, sept sur sept ! « Il faut travailler pour réussir. Le travail ne me faisait pas peur, car j'avais un objectif », ajoute-t-il.
Son envie de découvrir le monde ne tarde pas à prendre le dessus. Il décide de réaliser un de ses rêves : être steward. « Il était grand temps de déployer mes ailes et de voler vers d'autres horizons », livre-t-il avec le sourire.
Quelque temps plus tard, il intègre l'agence Heat. Il est aussi un mannequin « freelance ». Il défile à La Réunion lors de nombreuses reprises grâce à l'Art Academy.
Il voit même plus loin. Il se rend dans la Grande Péninsule et essaie de faire une percée dans l'univers du glamour et de la mode en vain. « Le niveau est trop élevé. J'ai vite compris que j'avais encore du chemin à parcourir », soutient-il.
Il pose pour la marque D & G pour les besoins d'un magazine en Espagne et aussi en France. À 30 ans, il se lance dans l'organisation d'événements et crée sa compagnie Scene Stealers.
S'appuyant sur ses contacts internationaux et ses années d'expérience, il invite sept mannequins à Maurice. Parmi, il y a l'actrice Mugdha Godse, Miss Asia Pacific, Mr World, etc. Il sollicite même l'expertise d'un maquilleur primé pour sa contribution au film Devdas. Trois mannequins Mauriciens font aussi partie de l'aventure.
L'événement s'intitule « Fusion : A way to heaven ». « Le spectacle est un succès. Certains m'ont approché pour organiser des défilés dans des boîtes de nuit. J'ai refusé, car le mannequin mérite une meilleure visibilité », estime-t-il.
Ensuite, l'occasion se présente de choisir des figurants locaux pour le tournage du film Garam Masala à Maurice. En 2006, Scene Stealers contribue à l'organisation de Diwan Saheb International Fashion Show. Un autre succès !
En 2014, Primerose Obeegadoo, présidente du comité organisateur de Miss Mauritius, l'approche pour l'organisation de Mr Mauritius World. Mais le projet ne va pas aboutir. « Nous n'avions pas les candidats. Il a fallu annuler le concours », dit-il.
Graduellement, il réalise qu'il est temps de préparer la relève. Il aide à entraîner les candidates de Miss Mauritius, Miss Global Mauritius, Miss Créole, Mrs Mauritius et Mr & Miss India Mauritius. Souvent, il assure la chorégraphie des spectacles des concours de beauté et fait partie du jury.
Récemment, il a été approché par Miss Estrella, société qui gère la franchise de Miss Universe à Maurice. Il a entraîné Kushboo Ramnawaj, Miss Mauritius en 2014. Cette dernière a défendu le quadricolore lors de la finale de Miss Universe en janvier dernier aux Philippines.
« Les prestations de Kushboo Ramnawaj ne sont pas passées inaperçues sur le plan international. Elle a été acclamée dans la presse étrangère. Malheureusement, nous n'avons pas recueilli suffisamment de votes de Maurice pour augmenter ses chances », fait-il ressortir.
Outre le mannequinat et les voyages, Shameer Abdul Raman aime le cinéma et la lecture. Il lit actuellement « The Art of Thinking Clearly » de Rolf Dobelli. Il se penche sur la mise en place d'une école de mannequinat.
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