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Shakeel Mohamed : « Cette décision doit être contestée en justice »

Les députés Shakeel Mohamed et Khushal Lobine sur le plateau de l’émission « Au cœur de l’info ».

Des amendements à la Local Government Act, permettant notamment de renvoyer les élections municipales, sont prévus ce mardi à l’Assemblée nationale. À la veille de cette intervention qui suscite la polémique, le sujet était abordé dans l’émission « Au cœur de l’info » sur Radio Plus.

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Les amendements prévus à la Local Government Act sont-ils un prétexte pour reporter les élections municipales ou s’agit-il d’une réelle volonté politique de réformer les collectivités locales ? La question était débattue ce lundi par les invités de l’émission « Au cœur de l’info », animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert. 

D’emblée, Shakeel Mohamed, député du Parti travailliste (PTr), estime que les explications données par le gouvernement pour justifier les changements à venir sont vides de sens. « On retire au peuple le pouvoir de voter et on donne le choix uniquement au chef de l’exécutif. Le renvoi des élections municipales n’est pas justifié et ne l’a jamais été, même pas en 2010 lorsqu’elles avaient été renvoyées par le PTr et non plus lors des deux fois renvoyées par le MSM. La population doit pouvoir voter », ajoute-t-il.

Pour Khushal Lobine, député du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), les propos du ministre Avinash Teeluck lors de la conférence de presse du MSM de samedi dernier ne tiennent pas la route. « Il défend l’indéfendable », dit-il, affirmant ne pas comprendre l’urgence de modifier la loi. « S’il y a une chose avec laquelle je suis d’accord dans ce que le ministre a dit, c’est que les collectivités locales n’arrivent plus à répondre à l’appel mais c’est aussi pour cela qu’il faut rendre le pouvoir du vote au peuple. »

L’élu bleu pense que le gouvernement a pris cette décision parce qu’il savait que l’ensemble de l’opposition allait se rallier à l’alliance PTr-MMM-PMSD pour les élections municipales. « C’est ce qu’on appelle une fuite en avant. D’ailleurs, beaucoup de ministres et de parlementaires de la majorité étaient dans le flou total, ne sachant pas s’il y aurait les élections municipales ou pas », poursuit-il.

Sans surprise mais choquant

L’annonce de ce troisième renvoi des municipales est certes une déception pour Géraldine Hennequin-Joulia mais la représentante du parti Idéal Démocrate n’est pas surprise. « Au vu de tout ce qu’on voit au quotidien où les droits démocratiques sont bafoués, le renvoi des élections municipales n’est plus surprenant. Par contre, je suis choquée par les tentatives d’explications du ministre Teeluck. Ce sont des explications vides et de plus, le fait que les députés de la majorité ne sont pas venus sur le plateau pour expliquer leur démarche démontre un manque de transparence de leur part. Il y a sans doute des nécessités de reformer mais ils doivent s’expliquer », déclare-t-elle, tout en indiquant qu’Idéal Démocrate s’est joint au front commun formé par les différents partis de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire pour contester cette décision.

Géraldine Hennequin-Joulia questionne aussi la redevabilité des maires. « On ne connaît pas le bilan de ces gens après toutes ces années. Ils sont responsables de quoi et devant qui ? » se demande-t-elle. Et concernant le report des municipales, si l’amendement passe au Parlement, « ce sera un ‘collapse’ de notre droit démocratique. Au-delà de la classe politique, la société civile doit réagir. C’est un kidnapping pur et dur du vote du citoyen ». Elle estime donc que les conseillers municipaux de l’opposition devraient symboliquement démissionner.

Pas de démission

Sur ce point précis, Khushal Lobine, comme son leader Xavier-Luc Duval, explique que le PMSD n’est pas partisan de la politique de la chaise vide. « Je ne vois pas pourquoi nos conseillers municipaux devraient démissionner. Cela ne changerait en rien les choses. Ceux qui partent sont remplacés par le ministre, qui mettrait alors des agents politiques », prévient-il. Or, la présence des conseillers municipaux est « cruciale pour attirer l’attention sur ce qui ne fonctionne pas ».

Shakeel Mohamed insiste sur l’importance de se mobiliser. « Cette décision doit être contestée en justice. C’est mon opinion en tant que citoyen et avocat. C’est la seule solution surtout quand il y a une utilisation abusive du Parlement. Toutefois, il faut savoir que les procédures judiciaires sont lourdes et que cela pourrait traîner. Aussi est-il important d’avoir une rencontre avec la cheffe juge, qui a le pouvoir d’accélérer les choses pour qu’un jugement soit rendu dans un délai d’un mois. En outre, il faudrait qu’au moins cinq juges soient mis sur l’affaire. » 

Du côté du Mouvement militant mauricien, Deven Nagalingum soutient que l’attitude du gouvernement n’est motivée que par la peur d’un résultat défavorable aux municipales. « À trois reprises on prive la population de son droit de vote. Avant, ce sont les restrictions sanitaires qui ont servi de prétexte. Pourtant, des élections ont été organisées dans plusieurs autres pays démocratiques », fait-il observer.

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