La relation conjugale est celle de l’affection, de l’écoute et du respect. La pornographie peut déformer la vision de l’intimité. Comment sortir de l’image qu’elle peut laisser ? Le point avec la sexologue Thérèse Hargot, qui était à Maurice pour animer des conférences.
La pornographie laisse, dans les esprits principalement, trois effets opposés de l’érotisme. D’abord, elle laisse une vision morcelée du corps. « Ce n’est pas un corps, ce sont des morceaux de corps qui sont le sujet de l’image. Les gros plans sur les sexes réduisent l’acte sexuel à son aspect génital uniquement », explique Thérèse Hargot.
Ensuite, la pornographie répond à la pulsion sexuelle, sans la sublimer. « Elle engloutit le désir, ne laisse aucune place à l’attente. Elle se consomme, elle n’invite pas à la relation », ajoute-t-elle.
Et finalement, la subjectivité est évacuée. « L’autre n’est plus une personne, elle est un objet, un moyen de jouissance. La maximisation du plaisir physique est recherchée pour soi, le plaisir est réduit à sa dimension organique », note-t-elle.
Face à ces images, Thérèse Hargot conseille de faire une pause et de s’accorder une période d’abstinence sexuelle. Cela permet de casser le cercle vicieux qui s’est installé dans le couple.
« C’est ensemble et verbalement qu’il faut définir le temps à s’accorder pour se retrouver autrement. Si la décision est prise unilatéralement et implicitement, cette période d’abstinence ne permettra pas d’obtenir l’effet escompté. L’objectif est de souffler, de lâcher la pression, de sortir d’une logique du devoir pour se regarder de manière désintéressée ».
Les zones érogènes
Ensuite, l’autre conseil est de toucher le corps de l’autre et de se laisser toucher par l’autre. Il ne s’agit pas de la zone génitale, ni même des autres zones érogènes connues que sont les seins ou les fesses, mais de découvrir les autres parties du corps oubliées quand la sexualité est réduite à une excitation génitale. « Je parle des pieds, des oreilles, des mains, du dos, des jambes, du visage et des cheveux, entre autres. »
« Pendant dix minutes, chacun à son tour promène ses mains sur le corps de l’autre pour y sentir la chaleur, la texture de sa peau, glissé sur ses courbes. Embrasser ces lieux oubliés », fait-elle comprendre.
Pour Thérèse Hargot, le meilleur moyen pour se connecter à ses sensations ou se laisser toucher sans vouloir contrôler est de se bander les yeux. « L’objectif est d’introduire de la sensualité, découvrir le plaisir que peuvent procurer toutes les zones de notre corps et reprendre contact avec la réalité, alors que la pornographie enferme dans un monde virtuel », précise-t-elle.
Parler et partager son vécu
À la fin de ce temps de caresses légères hors des zones érogènes habituelles, chacun partage avec l’autre ce qu’il a aimé ou moins aimé. « As-tu trouvé ce moment agréable ? Quelles parties de ton corps étaient les plus sensibles ? Aimes-tu avoir les yeux bandés ? As-tu aimé me caresser et embrasser mon corps ? À quoi pensais-tu ? » Autant de questions qui pourront mieux aider le couple. L’objectif est d’apprendre à dialoguer dans le respect. Pour cela, il faut d’abord s’écouter, exprimer son ressenti, puis écouter l’autre. En parlant de son vécu en utilisant le « je », chacun récupère un statut de personne humaine au lieu d’être réduit à une chose, un sexe. Cette expérience, surtout si elle est renouvelée régulièrement, éveille immanquablement le désir, enrichit de manière considérable l’union sexuelle et augmente énormément le plaisir.
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