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Ses quatre ans au gouvernement : une dernière tournée pleine de désillusions

Certains vont jusqu’à suggérer que Vishnu Lutchmeenaraidoo y a été pour beaucoup dans le succès initial de sir Anerood Jugnauth comme chef de gouvernement.

Ceux qui ont cotôyé Vishnu Lutchmeenaraidoo font la description d’un homme déçu et mis de côté. Certains des actes du gouvernement l’auraient profondément perturbé.

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S’il est retourné au pouvoir sur la promesse d’un second miracle économique, Vishnu Lutchmeenaraidoo a très vite déchanté, selon certains de ses proches contactés par Le Défi Quotidien. Ces derniers dressent le portrait d’un homme évincé des réelles sphères d’influence au gouvernement qui, à aucun moment, n’a eu l’occasion de concrétiser ses promesses électorales. Ils le dépeignent comme un homme désillusionné.

« Il était mal à l’aise dès le départ. Il n’a jamais vraiment eu le ministère des Finances », explique Raja Pillay, une de ses plus vieilles connaissances. Quand Vishnu Lutchmeenaraidoo prend les Finances, c’est sans les services financiers qui vont à Roshi Bhadain, alors que les banques et la Gambling Regulatory Authority lui sont également enlevés.

« Il en a finalement eu marre. Je ne crois pas qu’il restera en politique », estime Raja Pillay. Selon lui, impossible de créer un miracle économique dans de telles conditions. « En 83, il avait carte blanche, mais dans le présent gouvernement, il n’avait pas les mains libres. Après quatre ans, il n’a rien accompli d’important. »

Cassures

Même sentiment du côté d’un des anciens camarades de Vishnu Lutchmeenaraidoo dans la sphère politique : l’ancien Speaker Ajay Daby. Ce dernier explique qu’il ne lui a parlé que deux fois depuis les élections de 2014. La première était pour l’arrestation de Navin Ramgoolam.  « Cela l’avait profondément blessé. Le procédé de la police l’avait profondément offusqué. Il était venu me demander mon avis. Je sentais qu’il vivait très mal ce qui se passait », raconte l’avocat. Ajay Daby explique que l’ancien ministre des Finances faisait le lien avec l’arrestation de sir Gaëtan Duval dans le passé et il estimait qu’il n’était pas revenu pour cela.

Puis, il y a environ deux semaines, il a reparlé après plusieurs années avec Vishnu Lutchmeenaraidoo au téléphone. « Il m’a dit qu’il fallait qu’on se voit, mais on était trop occupé. J’ai senti qu’il y avait quelque chose. Puis j’ai entendu ce qui s’est passé pour l’indépendance. Je me suis dit que ceci explique cela », ajoute Ajay Daby.

En ce qui concerne la politique sur le terrain, les agents MSM du numéro 7 n’ont pas grand-chose à dire sur leur député. Un des plus importants de la circonscription confie sous le couvert de l’anonymat : « Je ne sais pas trop quoi dire sur son caractère, si ce n’est qu’il était quelqu’un de normal. Mais après les élections, il n’est jamais revenu sur le terrain, même pas une fois ! »

Vishnu Lutchmeenaraidoo ne laisse donc pas de souvenir impérissable dans la circonscription no 7 où il n’aura été qu’une seule fois candidat au final. Car c’est au no 13 qu’il est élu pour la première fois en 1982. Sous le gouvernement éclair MMM/PSM, l’économiste n’est alors qu’un simple backbencher.

Puis survient la cassure. « Officiellement, Anerood Jugnauth était le ministre des Finances après la démission de Bérenger, explique Raja Pillay. Mais il avait officieusement déjà délégué ce portefeuille à Vishnu. » Il avait déjà participé à la rédaction du Budget de 1982, notamment avec Dev Manraj, Gérard Ignace et Prem Nababsing, quand Bérenger était encore ministre.

Raja Pillay va jusqu’à suggérer que Vishnu Lutchmeenaraidoo y a été pour beaucoup dans le succès initial de sir Anerood Jugnauth comme chef de gouvernement. « Le Premier ministre d’alors ne connaissait rien à l’économie, mais il était entouré de personnes compétentes et extrêmement intelligentes comme Vishnu, qui a été sans doute le meilleur gestionnaire des finances de ce pays », assure notre interlocuteur.

Ajay Daby préfère s’attarder sur le caractère calme du personnage. « Quand je suis entré en politique, Vishnu faisait partie des aînés. Il m’a aidé. J’étais bien entouré. Il m’a permis de développer une culture de recul », se rappelle l’avocat. Il décrit Vishnu Lutchmeenaraidoo comme une personne qui évite à tout prix la violence, et ce sous toutes ses formes. « Il vivait mal les cassures. Celle avec Bérenger l’avait beaucoup affecté. Celle avec Boodhoo aussi », précise Ajay Daby. Pour l’avocat, Vishnu Lutchmeenaraidoo est avant tout une personne qui « n’aime pas perdre des amis ».

 

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