Plusieurs familles déplorent le manque de communication du personnel de l’hôpital ENT sur l’état de santé de leurs proches, surtout des plus âgés. Elles affirment qu’elles n’ont pas échangé la moindre parole avec leurs parents depuis plusieurs semaines.
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« So leta stab » est devenu un leitmotiv à l’hôpital ENT, à Vacoas. C’est la seule explication donnée aux familles, dont un proche a été admis après avoir été testé positif à la Covid-19. Cette situation concerne particulièrement les patients âgés, car les plus jeunes parlent avec leurs parents à travers leur portable.
Mario ne sait plus à quel saint se vouer. Sa mère, Andréa, 90 ans, a été admise à l’hôpital Victoria, Candos, il y a trois mois de cela. « Une semaine après son admission, elle a été testée positive. Elle souffrait déjà de diverses complications, notamment d’un début d’Alzheimer, plus quelques caillots sanguins », relate cet habitant de Vacoas. Suite au manque de places, ce n’est qu’une semaine après qu’elle a été transférée à l’ENT. Depuis, il a été en contact avec elle qu’en deux occasions. « Les deux premières fois, le personnel médical s’est contenté de me dire que son état était stable, sans plus. Ensuite, plus aucune nouvelle. Ce n’est que la semaine dernière, après plusieurs appels, qu’un de mes frères a finalement pu parler avec une infirmière. Cette dernière l’a informé que notre mère n’avait plus de vêtements, de couches et d’autres accessoires d’hygiène. Elle lui a demandé de faire le nécessaire. Quand j’ai appris cela, je me suis demandé dans quel état elle se trouve », fait-il ressortir.
Une situation inquiétante
Shameem Jaumdally, qui exerce comme virologue et épidémiologiste en Afrique du Sud, ne cache pas son inquiétude par rapport à la situation qui prévaut à ENT. Bien qu’il se dit conscient des difficultés du personnel soignant, selon lui, il est primordial que les autorités mettent en place un protocole pour permettre aux patients âgés de parler avec leurs proches.
« Le manque d’interaction entre les membres de la famille et le personnel soignant est un problème mondial, surtout dans le contexte de cette pandémie. Or, il est important de se pencher sur ce problème », fait ressortir le spécialiste. « En Afrique du Sud, il existe un protocole qui vise à dialoguer avec les proches du patient lors des jours précis. De ce fait, la famille est mise au courant de son état de santé et communique aussi sur les prévisions du médecin traitant. Pour les patients dans un état critique, nous avons également mis en place un protocole qui permet aux membres de la famille de venir leur rendre visite, surtout si la personne a été condamnée par les médecins », fait-il part.
Le vice-président de l’Association des consultants en charge, le Dr Bhooshun Ramtohul abonde aussi dans le même sens. Il est d’avis qu’il devient de plus en plus urgent d’établir une ligne de communication entre les patients les plus vulnérables et les membres de la famille. « Le mécanisme de communication existe déjà à Maurice, mais je dois reconnaître qu’avec l’émergence de la Covid-19, ce protocole ne semble plus être actif, mais il est clair que cette situation doit être revue », avance-t-il.
Une source autorisée au niveau du High Level of Committee explique que le personnel à l’hôpital ENT est actuellement débordé. Ainsi, il devient difficile de communiquer régulièrement avec les membres de la famille. « Sans compter qu’il y a aussi des personnes qui appellent à toute heure, ce qui est ingérable », indique cette même source. Nous sommes aussi rentrés en contact avec le Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur de l’hôpital ENT, mais il n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet.
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