La Banque de Maurice met actuellement en œuvre un cadre de surveillance axé sur le risque. Avec l’assistance technique de la Banque Mondiale, ce plan comprendra un module distinct pour les risques associés à l’AML/CFT (la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme). C’est ce qu’a confié Yandraduth Googoolye, gouverneur de la banque centrale, ce lundi 27 mai, lors de l’ouverture de la conférence sur la Correspondent Banking Academy à Ebène.
« Nous avons amélioré nos procédures de contrôle interne concernant l’AML/CTF avec la mise sur pied d’une équipe spéciale pour s’en occuper. Nous avons renforcé nos moyens de surveillance hors site à travers une révision des exigences liées aux déclarations par les banques. D’importants progrès ont été réalisés et nous prévoyons de mener une série d'exercices destinés à mettre à l’épreuve le cadre de surveillance sur les risques », a souligné le gouverneur.
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Il a ajouté qu’il est attendu des banques qu’elles fassent la migration de vérification interne basée sur le risque à un cadre de contrôle des risques. Pendant ce temps, la Banque de Maurice se penche sur la création d’un Registre Central de Notoriété du Client (Know Your Client-KYC), afin de faciliter ces procédures de vérification pour les banques.
Abordant le thème de la conférence, Yandraduth Googoolye estime que les services de banque correspondante sont les poumons des virements internationaux et le flux de capitaux. Ils représentent essentiellement des prestations transfrontières et recouvrent également des relations de représentation.
« Le commerce global, le transfert de fonds, les flux internationaux de capitaux mobiliers et d'investissements directs, voire même les mouvements d'aide financière humanitaire à travers les pays dépendent fondamentalement des services de banque correspondante. Aujourd’hui, plus que jamais, notre système financier est inextricablement lié à ceux des autres pays », a souligné le gouverneur.
Il a précisé que tout comme pour les autres produits bancaires, ceux de banque correspondante comporte également des risques. Ils sont principalement liés aux contrôles et procédures relatifs à l’AML/CTF. Le fait qu'un créneau fait circuler de gros volumes de fonds, mais avec très peu de marge, beaucoup de banques l’ont délaissé. Les banques internationales ont, d’ailleurs, indiqué que le coût de conformité éclipse le rendement dans de petits pays, plus particulièrement, si leurs clients et produits sont classés comme présentant un haut risque.
« Le correspondant bancaire a un impact particulier pour l’Afrique. Dans un rapport émis en 2018, la Banque Mondiale indique un déclin de l’accès aux services de banque correspondante dans les marchés émergents. La diminution du coût de risques a des effets de contagions négatifs transfrontaliers, notamment pour la Communauté de développement d'Afrique australe. Les banques panafricaines sont sous pression de leurs correspondantes de s'abstenir de procéder avec certains business dans des pays avoisinants. C’est, ainsi, que le service de règlement en dollar américain a été suspendu ou restreint dans plusieurs pays. Certaines économies s'en sont trouvées aggravées à leur tour », a-t-il affirmé.
C’est dans ce contexte que la Banque de Maurice prône une politique de porte ouverte et de soutenir un dialogue constructif. Elle est prête à entretenir un dialogue ouvert avec les banques correspondantes pour expliquer le cadre de supervision domestique et de sa solidité.
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