Service financier : vif intérêt pour les coffres-forts à la banque

Trouver un coffre-fort dans une banque pour y mettre ses effets personnels n’est pas une mince affaire. Cette facilité offerte par les banques est tellement prisée que la liste d’attente d’une d’entre elles compte plus de 1 000 demandes. Incursion.

Il est 10 h 15, un mardi. Nous nous rendons dans l’une des succursales de la Mauritius Commercial Bank (MCB), notamment celle de Plaine-Verte, pour faire une demande en vue d’obtenir un coffre. Une représentante du service clientèle nous indique que ce service n’est pas offert à Plaine-Verte.

« Vous devez contacter la MCB Head Office », dit-elle. « Donc, nous devons nous rendre au Head Office pour les formalités, mais où est-ce que nos effets personnels seront gardés ? » lui demande-t-on. « Ce sera là-bas. Ici, nous n’avons pas ce service », dit-elle.

Nous nous rendons aussitôt à la rue Royale, où se trouve le siège de la MCB. « Nous venons de votre succursale de Plaine-Verte, où nous avons voulu louer un coffre, mais on nous a dirigés vers le Head Office », avons-nous déclaré à une préposée de la banque.

« Mais nous n’en avons pas. C’est ça, le problème. Regardez la dame qui était devant vous. Nous recevons des demandes de nos clients tout au long de la journée, mais personne ne souhaite rendre son locker. Du moment qu’un client prend un coffre, il le prend à vie », a-t-elle répondu avec un sourire.

« Vous voulez dire que vous n’en avez plus de disponible ? » lui demande-t-on. La préposée, d’un signe de la tête, nous indique que non. « Même pas un dernier ? » insistons-nous.
Là encore, la préposée nous fait le même signe. « Nous avons une liste d’attente. Li pa bouz ditou ! » lance-t-elle avec un brin d’humour.

« Enn fwa par an »

« Si li bouze, li bouz enn fwa par an. Zis enn dimoun gagn enn kof », poursuit-elle.

« Nous devons donc nous inscrire sur une liste d’attente ? » demande-t-on.

À cette question, la préposée répond : « Malheureusement, nous ne prenons plus personne. »

Nous quittons la MCB. Direction, le siège de la State Bank of Mauritius, qui se trouve quelques mètres plus loin. Nous formulons aussitôt notre demande à une employée de la banque.
Et là, rien qu’en entendant le mot coffre, l’employée, tout en regardant son ordinateur, esquisse un sourire. « Coffre ? Nous n’en avons pas en ce moment, sauf à Grand-Baie ou à Flacq, par exemple », répond-elle. « Mais nous habitons Port-Louis. Vous comprenez que Grand-Baie ou Flacq, c’est un peu loin... » répliquons-nous.

« À moins que vous souhaitiez attendre qu’un coffre se libère. Mais là encore, nous avons une liste d’attente », dit-elle. « Donc, dans la région de Port-Louis, c’est impossible ? » lui demande-t-on.

« Je ne sais pas s’il y en a à notre succursale de la rue Royale… », ajoute-t-elle. « La rue Royale… elle ne nous inspire pas trop confiance cette succursale-là ! »

Toujours avec le sourire aux lèvres, elle nous propose d’inscrire notre nom sur une liste d’attente. Nous lui tendons une pièce d’identité, de même qu’un numéro de contact. Après avoir entré nos coordonnés sur son ordinateur, la préposée nous promet de nous appeler si jamais un coffre se libère dans la région de Port-Louis. « Ou gagn letan vinn inpe vie selman ! » lance-t-elle avec un brin d’humour.

Témoignages

Gérome D. est un homme d’affaires et un importateur d’ustensiles de cuisine depuis une vingtaine d’années. Cet habitant d’un faubourg de la capitale est propriétaire d’un coffre-fort dans une banque depuis huit ans. Une nécessité, selon lui, tenant compte de ses activités commerciales. « Je suis souvent en déplacement à l’étranger. Bien que je dispose d’un coffre-fort à la maison, de même que deux chiens de race, je sais que je ne suis pas à l’abri d’un cambriolage et on peut facilement vous mettre une arme sous sous le nez et vous forcer à l’ouvrir », indique-t-il. C’est la raison pour laquelle Gérome D. s’est tourné vers sa banque pour louer un coffre-fort. « J’y dépose essentiellement les bijoux de ma femme, dont elle ne se sert que très rarement, de même que des devises que j’utilise lors de mes voyages », dit-il.

Gurudeo K., cadre d’une société œuvrant dans le domaine des services financiers à Ébène, ne dépose pas de bijoux ou d’autres objets de valeurs, mais des documents. « Il y a des actes de vente et de propriété de nos clients, qui sont essentiellement des investisseurs étrangers. On parle là des documents valant plusieurs dizaines de millions de roupies », indique-t-il. Pourquoi ne pas les garder dans un coffre-fort au sein de sa société ?

Il estime que certains risques subsistent. « Un feu, par exemple, peut éclater à tout moment. De plus, je considère que le niveau de sécurité des banques est beaucoup plus important, avec notamment des caméras de surveillance, un personnel de sécurité et bien d’autres technologies encore, que nous ne pouvons pas nous permettre, vu le coût élevé », indique le quadragénaire.