Serge Lebrasse a eu l’insigne honneur de participer au premier lever du drapeau au Champ de Mars le 12 mars 1968. Deux ans après, il s’est vu confier la responsabilité d’organiser le premier spectacle culturel qui a réuni divers artistes de renom.
Comme il éprouve quelques difficultés à parler, Serge Lebrasse, aujourd’hui âgé de 92 ans, laisse le soin à sa femme Gisèle et son fils Toto de relater l’expérience qu’il a vécue le 12 mars 1968. « À cette époque, il était fonctionnaire au ministère de l’Éducation. En parallèle, il avait sorti plusieurs 45 tours déjà depuis 1959. On a ainsi fait appel à lui pour danser sur un séga, pendant un très court moment, lors de la première cérémonie du lever du drapeau le 12 mars 1968 », raconte Toto Lebrasse.
Il faut savoir que lors de la première levée du quadricolore, aucun spectacle de séga ne figurait dans la partie culturelle. Ce n’est que deux années plus tard que Sir Seewoosagur Ramgoolam, Premier ministre d’alors, a fait appel à Serge Lebrasse pour mettre en place le premier spectacle de séga après la cérémonie protocolaire.
Gisèle Lebrasse confie que les journées, et même les soirées de son époux étaient rythmées de rencontres, de repérages, de conception de spectacles et de répétitions. « Il s’est alors transformé en dénicheur de talents et devait trouver des dizaines d’artistes. Ensuite, il a dirigé les répétitions à travers le pays, car les artistes venaient de tous les coins de l’ile. Trois jours avant le Jour-J, les répétitions se sont tenues au Champ de Mars », relate-t-elle.
Le 12 mars 1970, Serge Lebrasse, vêtu d’un grand chapeau, d’une chemise colorée et d’un pantalon trois-quarts à rayures, a interprété la chanson « Moris mo pays ». Les danseuses portaient de grandes jupes de séga allant jusqu’à sept mètres de largeur. « Serge était très excité pour cette prestation et la maison s’animait d’une effervescence particulière. On avait hâte de le voir sur scène. Après le spectacle, le Premier ministre lui a serré la main pour le féliciter. Mon mari est un patriote dans l’âme. Ses prestations pour les fêtes nationales l’ont marqué à jamais, car il était fier de chanter pour son pays ». Par la suite, il a organisé plusieurs spectacles culturels au fil des années à l’occasion de la fête de l’indépendance
Josiane Cassambo, 82 ans, était sur scène avec Serge Lebrasse lors de la première fête culturelle au Champ de Mars en 1970. Elle relate : « J’avais dansé aux côtés de Serge et d’autres artistes. C’était un grand jour. Il y avait plus d’une centaine d’artistes, chanteurs, danseurs, musiciens, parmi Michel Legris, Marclaine Antoine et les frères Cassambo…». Elle se souvient que Sir Seewoosagur Ramgoolam avait aimé la prestation des artistes.
« Le Champ de Mars était noir de monde et on était contents de pouvoir livrer une prestation. Le Premier ministre était satisfait de notre performance. C’était un honneur pour nous », se remémore-t-elle.
55 ans de l’indépendance : pas de concert populaire en ce 12 mars en raison du mauvais temps
Ce dimanche 12 mars marque les 55 ans de l’indépendance et les 31 ans de l’accession de Maurice au statut de République. Comme les trois dernières années, la cérémonie officielle de la levée du drapeau aura lieu à midi à la State House à Réduit. Elle se tiendra en présence du Premier ministre Pravind Jugnauth et de Pradeep Roopun, président de la République.
Une fois de plus, le traditionnel spectacle n’aura pas lieu le 12 mars. « On avait également prévu un concert populaire le soir du 12 mars devant la municipalité de Port-Louis. Toutefois, selon les prévisions météorologiques, il semble qu’il risque de pleuvoir ce jour-là. De ce fait, ce concert sera organisé à une date ultérieure. Nou pou fer li dan pa lontan, enn fwa ki letan le permet », a indiqué Avinash Teeluck, ministre des Arts et du Patrimoine culturel lors d’une conférence de presse le jeudi 9 mars, au siège du ministère à Port-Louis.
Il indique qu’une vingtaine d’artistes connus et des talents émergents participeront au concert. « Leurs noms seront dévoilés en temps et lieu. Comme à l’accoutumée, li pou enn zoli konser avek enn bel reprezantasyon de nou ban artis », a-t-il ajouté.
Deux concerts additionnels sont prévus dans deux autres régions de l’île, car selon le ministre, le but est de démocratiser et régionaliser les célébrations.
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