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Séparé de son frère siamois - Ashlay Fokeer, 26 ans : «Je suis un survivant»

Séparé de son frère siamois - Ashlay Fokeer, 26 ans : «Je suis un survivant» Le couple Fokeer aux côtés de ses enfants Ashlay et Pooja, âgée de 29 ans.
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Parmi les personnes qui ont rendu visite à Marie-Hélène et Ian Papillon, il y a une rencontre qui les a marqués le lundi 7 janvier. En l’occurrence celle de Vedna (49 ans) et Sashtreeth (54 ans) Fokeer, qui ont fait tout le trajet de Curepipe pour les voir.

Ces derniers s’étaient retrouvés dans la même situation en 1992…

À la rue Engrais Martial, la famille Fokeer nous accueille à bras ouverts. Ashlay Fokeer est assis dans un sofa. « Je suis un survivant », lance-t-il en souriant. Âgé de 26 ans, ce technicien électronique a été séparé de son frère siamois huit jours après sa naissance.

Ashley et Ashil Foqueer.
Ashley et Ashil Foqueer.

Le jeune homme a le flanc gauche recourbé. Sans doute une des séquelles de l’intervention chirurgicale pratiquée dans un hôpital en Afrique du Sud. Son jumeau, Ashil, n’a pas survécu. Le regard rempli de tristesse, Ashlay Fokeer indique : « Une partie de lui vit en moi. Il sera toujours présent dans ma vie. »

Vedna, la mère, raconte qu’elle a accouché de siamois le 2 novembre 1992 à la Clinique de Lorette. La femme, qui était alors employée dans un restaurant, ne s’attendait pas à avoir des jumeaux. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle allait avoir un gros bébé, comme annoncé lors de l’échographie.

La naissance de ses fils par césarienne a été une surprise. Surtout lorsque le personnel soignant l’a informée qu’il y avait un problème. Croyant que l’un des bébés mort, elle a perdu son sang-froid. Elle a insisté pour les voir. Elle a reçu comme un coup de massue sur la tête lorsqu’elle a appris que c’étaient des siamois. Sashtreeth a aussi appris qu’il y avait deux cœurs mais un seul foie.

Sa vie a basculé en une fraction de seconde, mais elle a trouvé du réconfort dans sa foi en dieu. Les enfants ont été placés dans des incubateurs. Et le couple Fokeer a regagné sa maison. Vedna et son époux ont multiplié les prières.

La doctoresse Julia Maigrot leur a apporté une lueur d’espoir lorsqu’elle leur a annoncé que la SACIM avait décidé de prendre en charge l’opération de séparation des bébés. Le choix initial se portait sur l’Australie mais les parents ont opté pour un hôpital en Afrique du Sud. Ils ont aussitôt enclenché les procédures pour le déplacement de leurs enfants à l’étranger. Les nouveau-nés étaient accompagnés de Valérie Bouick, une infirmière.

La chirurgie de séparation a été pratiquée dans les huit jours suivant la naissance d’Ashlay et Ashil. Ce dernier a rendu l’âme au cours de l’opération, qui a duré de 7 heures à 21 h 30. Le couple Fokeer a appris la triste nouvelle à distance. La doctoresse Maigrot était à ses côtés pour le soutenir.

Un mois plus tard, Vedna et son mari ont mis le cap sur l’Afrique du Sud. Ils se sont rendus au chevet d’Ashlay, grâce au soutien de la SACIM et des leurs. Des bienfaiteurs les ont hébergés durant leur séjour.  Le deuxième jour suivant leur arrivée, c’est le cœur gros que les parents d’Ashil ont obtenu ses cendres soigneusement conservées dans une urne.  

À sa sortie du centre hospitalier, le rescapé des jumeaux siamois Fokeer a regagné Maurice. Les cendres de son frère ont été dispersées dans la mer de Flic-en-Flac. Vedna et Sashtreeth ont tiré un trait sur ce chapitre de leur vie sans pour autant oublier leur fils dont ils gardent le souvenir au fond de leur cœur.

Ils ont pris soin de leur fils Ashlay du mieux qu’ils ont pu, malgré les va-et-vient multiples à la clinique.  Ayant un souci au pancréas, Ashley doit prendre des cachets à vie à raison de deux fois par jour. Petit à petit, il a fait sa vie. Il a entamé le primaire et le secondaire. Toutefois lorsqu’il était en Form V, il a mis le cap sur le Bangalore pour une intervention de la colonne vertébrale. De retour au pays, il a quitté l’école pour une formation en électronique.

Peu de temps après, il a décroché un boulot dans une firme privée. Il y travaille depuis sept ans. Il voue une passion à la musique et au bricolage. Il aime aussi jouer avec sa chienne Bella.  La naissance des jumelles siamoises à Rose-Belle ne le laisse pas insensible. Il avoue vouloir les aider : « Je suis passé par là. La SACIM m’a sauvé la vie. Tout l’argent du monde ne pourra payer ce que j’ai reçu. Je veux les aider à mon tour », conclut-il.

 

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