Société

Seniors: Le travail continue à 60 ans

Si pour certains, la vie commence à 60 ans, pour d’autres c’est business as usual. Agents de sécurité, chauffeurs de taxi, jardiniers, bonnes, enseignants, tailleurs… Ils sont nombreux à travailler encore, après 60 ans, pour combattre l’oisiveté ou pour arrondir les fins de mois. En cette Journée mondiale des personnes âgées, ce 1er octobre, zoom sur ceux qui continuent à participer aux besoins économiques du pays. Au volant de son bulldozer, Hedley Beessoo est comme un enfant avec son jouet. Il est émerveillé d'exercer ce métier pour lequel il éprouve beaucoup d'amour au point de ne pas vouloir arrêter à… 70 ans. « Plus jeune, j'avais le choix entre être marin comme mon frère, pompier ou chauffeur de bulldozer », indique-t-il. Aujourd'hui, cela fait 40 ans que son histoire d'amour pour ce métier dure et c'est avec le même plaisir qu'il s'installe derrière le volant de son engin chaque jour. C’est aussi l’amour pour son métier qui a poussé Vinod Mungur à continuer à travailler, même s’il a dépassé l’âge de la retraite. Tailleur depuis l'âge de 13 ans, il est encore derrière sa machine à coudre à 63 ans. Toutefois, ajoute notre interlocuteur, c’est aussi et surtout pour faire bouillir la marmite et payer la location de sa maison. Quand elle a atteint l'âge de 60 ans, Carole Raynal s'était dit qu'elle allait enfin pouvoir souffler et profiter de la vie. Mais c'était sans compter cette attirance irrésistible qu'elle éprouve pour le monde de l'enseignement. Agée de 64 ans, elle a choisi de rester en contact avec les jeunes en occupant le poste de rectrice du collège Sainte Marie à Palma. En prenant son sac à main chaque matin pour aller travailler, c'est à un appel du coeur qu'elle répond pour se mettre au service des autres et des jeunes en particulier.

Un Appel

Pourtant, quand elle a quitté son poste au collège de Lorette de Saint-Pierre à 61 ans, Carole Raynal s'était dit qu'elle avait accompli sa mission et qu'elle pouvait enfin souffler et prendre des vacances. C'est ainsi qu'elle a refusé dans un premier temps l'offre qu'on lui a faite pour occuper le même poste dans un autre établissement pour remplacer une collègue. Mais elle n'a pas su dire non la deuxième fois. « J'ai considéré cela comme un appel de service. À ce moment, on se demande si on a assez de courage et d'énergie pour faire le travail », confie-t-elle.  Initialement, elle voulait profiter de sa retraite pour faire des choses qu'elle ne pouvait faire auparavant : prendre des vacances, dormir jusqu'à tard ou encore ne plus penser au lundi comme tous les professionnels le dimanche soir. Travaillant sous contrat, elle a le choix de continuer ou pas une fois qu'il arrivera à échéance. Ce qu'elle apprécie particulièrement pour l'heure, c'est d'être toujours en contact avec les jeunes. « Cela me garde en forme », lance-t-elle.

Avantages financiers

Quand il a pris sa retraite à 61 ans, Hedley Beessoo est resté à la maison pendant un mois, avant de demander à reprendre son poste. Cela par amour pour ce travail certes, mais, ajoute-t-il, les bénéfices financiers ne sont pas négligeables non plus. Travailler lui permet de mettre du beurre dans les épinards afin de maintenir son niveau de vie. « Si je ne travaille pas c'est un manque à gagner, c'est pour cela que je suis content de pouvoir le faire à mon âge », explique-t-il. Carole Raynal abonde dans le même sens. « Je travaille pour le plaisir, mais cela apporte un plus définitivement. Avec les maladies liées à la vieillesse, l'aspect financier est un facteur à prendre en considération. Avec l'âge. on a d'autres besoins qui coûtent, c'est un élément qui pèse sur la balance quand on reprend le chemin du travail », confie-telle. Vinod ajoute pour sa part que la pension de vieillesse qu'il touche n'est guère suffisante pour lui pour soigner sa famille d'autant qu'il a une fille encore à l'école. Déjà, après son mariage, il a dû à la fois exercer le métier d’agent de sécurité et celui de tailleur pour joindre les deux bouts. Aujourd'hui encore, la situation est difficile pour lui, le métier de tailleur ne rapportant pas gros. Le moteur de nos interlocuteurs c'est aussi la possibilité d'être toujours actifs et de contribuer au développement économique malgré leur âge. Pour Carole Raynal, cela lui fait du bien. « J'ai toujours travaillé dans ce type d'environnement et cela me garde jeune.  En sus de cela, je fais quelque chose que j'aime. Mais je me pose la question si je pourrais continuer à donner ce que j'ai envie donner. Je pense continuer le plus longtemps possible, car il y a beaucoup de joie en dépit des difficultés qu'on peut rencontrer. Cela fait plaisir de pouvoir encore rendre service », dit-elle.

Grande satisfaction

Hedley Beessoo est, quant à lui, disposé à exercer son métier aussi longtemps que sa santé le lui permet. Bien que son rôle consiste bien souvent à défraîchir, aplanir et niveler des terrains, il tire beaucoup de satisfaction de son boulot. Actuellement, il travaille pour la préparation d'un terrain pour la construction d'un parcours de golf. Le fait même de pouvoir travailler sur un tel chantier est un élément de fierté pour lui. En sus de cela à 70 ans, il se sent en forme pour continuer à travailler et être "on the move", car il n'aime pas rester à ne rien faire. « J'ai besoin de m'occuper tout le temps », souligne le septuagénaire. Carole Raynal veut bien travailler le plus longtemps possible mais « il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus », confie-t-elle. Vinod Mungur est lui tout simplement content de perpétuer le seul métier qu'il a connu en travaillant auprès de tailleurs de renom.

Population vieillissante

La population mauricienne vieillit au point où les autorités songent à prendre des mesures afin d'encourager les familles à avoir plus d'enfants. C’est l’appel qu’avait lancé le ministre de la Santé Anil Gayan il y a quelque temps. Au 1er juillet 2015, le pays comptait 1 262 879 d’âmes. Ce qui représente une croissance de 0,1% soit 1 671 personnes de plus à la même période l'année dernière. Selon le Digest of Demographic Statistics 2014, de 179 224 personnes âgées de plus de 60 pour 2014, ce nombre pourrait atteindre 218 666 d'ici 2019 et 261 458 dans une décennie. Le Population and Vital Statistics de 2014, publié en mars de cette année, indiquait pour sa part que la population des 15 à 64 représentait 70,9 % de la population totale alors que les plus de 65 ans représentaient 8,9 % de la population.

L'âge de la retraite à 65 ans en 2018

L'âge de la retraite à 65 ans (au lieu de 60 ans actuellement) prendra effet en juillet 2018 pour tous les employés. C'est ce qu'indique l'Employment Rights Act de 2008. Actuellement, cela se fait graduellement ou par phase jusqu'à devenir uniforme d'ici trois ans. Cependant, si quelqu'un souhaite prendre sa retraite à 60 ans, c'est possible de le faire comme l'indiquent les tableaux ci-contre. Mais à partir de 2018, l'âge de la retraite sera de 65 ans pour tous les employés. À l'âge de 60 ans, l'employé qui souhaite rester en poste peut demander à être payé d'une gratuité en fonction de son temps de service. Cela n'a rien à voir avec la pension universelle (pension de vieillesse) qui est payée à tout le monde à l'âge de 60 ans. Les tableaux 1 - 4 indiquent les phases pour l'âge de la retraite qui se fait en fonction de la date de naissance de la personne dans la colonne 1, qui doit correspondre à l'âge spécifié dans la colonne 2.

<
Publicité
/div>

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3414","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-1701","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"379","height":"385","alt":"Dr Veenoo Basant Rai"}}]]Dr Veenoo Basant Rai, gériatre: «Il est important de maintenir ses moyens cognitifs»

À la retraite elle-même, Dr Veenoo Basant Rai nous explique les vertus du travail, même au-delà de 60 ans.

Nous remarquons que même après l’âge de la retraite, bon nombre de personnes continuent de travailler, qu'en pensez-vous ?

Que ce soit à travers le travail ou d'autres activités, il est important de maintenir ses moyens cognitifs. Cela permet de ne pas perdre sa lucidité en demeurant inactif, car quand tel n'est pas le cas on perd graduellement les facultés du cerveau. Après l’âge de la retraite, outre le fait d’avoir une bonne nutrition, participer à des activités sociales, faire un peu d’exercices physiques sont importants pour se garder en bonne santé.

Quelles peuvent être les conséquences de l’oisiveté ?

Quand une personne demeure sans activité, elle se pose des questions sur son existence et cela peut affecter sa santé mentale. Mais si la personne continue à faire partie de la société en travaillant ou en participant à diverses activités, elle ne va pas se sentir isolée ou seule. Plus on est seule, plus on a des risques d’avoir des pro- blèmes de santé.

[row custom_class=""][/row]

Jusqu’à quel âge une personne peut envisager de travailler ?

Cela dépend de l’individu, du type de tra- vail ainsi que de sa santé physique et mentale. Le travail manuel n’est pas recommandé plus on avance dans l’âge. Même si on se sent en parfaite santé, il ne faut pas trop se forcer non plus. Mais s’il s’agit d'un métier léger et intel- lectuel, on peut continuer autant qu’on peut et aussi longtemps que sa santé le permet, il n’y a aucun problème.

Nouvelle force

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les personnes âgées représentent une nouvelle force pour le développement. La planète compte environ 600 millions de personnes âgées de plus de 60 ans et ce chiffre devrait doubler d'ici 2025, selon l'OMS. Eu égard cette tendance, les personnes âgées devraient jouer un rôle prépondérant dans le bénévolat, le partage de leur expérience et connaissances et le soutien qu'ils peuvent apporter au sein des familles. Leur force réside aussi dans leur plus grande présence dans le travail rémunéré. La Journée mondiale des personnes âgées vise à rappeler les droits des personnes âgées qui sont indissociables des principes énoncés par l'ONU. Avec le vieillissement de la population qui est un phénomène mondial, Kofi Annan, secré- taire général de l'ONU, considère que cela ne devrait pas être considéré comme un changement démographique. Il faudra tenir compte des implications sociales, économiques, culturelles et éthiques, souligne-t-il.

Maurice dans le Top 10

Pour marquer la Journée internationale des personnes âgées observée chaque 1er octobre, diverses activités sont prévues par le ministère de la Sécurité autour du thème «Durabilité et inclusivité d'âge dans un environne- ment urbain ». Par ailleurs, le Global Age Watch Index, qui mesure le bien-être des personnes âgées dans divers domaines notamment la sécurité de revenus et la santé, entre autres, place Maurice à la 42e position, qui est l'indice le plus élevé en Afrique. Avec la pension de vieillesse uni- verselle, le pays est placé dans le top 10 des pays en ce qu'il s'agit de la sécurité de revenus

[lptw_table id="1708" style="material-pink"]
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !