Celui qui a démissionné comme directeur de la Tourism Authority parle de devoir accompli et aborde aussi le volet politique, allant jusqu’à parler de sa proximité avec l’Alliance Lepep et du fait qu’il était pressenti pour un ticket aux dernières législatives, puis à une nomination à la vice-présidence de la République.
[blockquote]« Avec la création d’un ministère de la Bonne gouvernance, les gens commencent à comprendre la nécessité pour un nouveau mindset et pour de bonnes pratiques dans la gestion des affaires du pays »[/blockquote]
Pourquoi avoir démissionné comme directeur de la Tourism Authority ?
C’est une question de principe et d’éthique. Je suis parti après mûre réflexion, mais en bons termes avec tout le monde. J’ai eu une très longue carrière dans le tourisme, à Maurice comme à l’étranger. J’ai eu le privilège de participer activement à la création du ministère du Tourisme, où j’ai travaillé pendant plus d’une dizaine d’années.
J’ai aussi contribué à la création de la Mauritius Tourism Promotion Authority, de la Tourism Authority, de l’École hôtelière, de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice et de la police du Tourisme. Mon bref passage à la Tourism Authority a été très riche en expériences et je suis parti la tête haute.
Est-ce vrai que vous n’étiez pas sur la même longueur d’onde que le Chairman de l’organisme, Robert Desvaux ?
La Tourism Authority n’est pas le fait de Robert Desvaux ni de Sen Ramsamy. Nous n’y sommes que de passage pour apporter notre connaissance du métier et notre savoir-faire. Chacun à sa façon contribue au succès ou à l’échec de l’institution. Si elle gagne en réputation, c’est à mettre au crédit de tous les responsables. Si sa réputation est entamée, chacun doit assumer sa part de responsabilité. Que l’on soit sur la même longueur d’onde ou pas, l’essentiel, c’est la discipline à tous les niveaux, le professionnalisme, le décorum et la rigueur pour des résultats dans la durée. Dans le tourisme, on ne peut naviguer à vue. Il faut une vision à long terme.
Satisfait du bilan ?
Après six mois, je suis satisfait du travail accompli avec un personnel formidable that was awaiting to shine. Parmi nos réalisations, il y a eu une première dans l’histoire du tourisme mauricien. La classification hôtelière est enfin une réalité après plus de 30 ans d’hésitations. Les hôteliers sont en grande majorité satisfaits. Les licences aux opérateurs touristiques sont maintenant valables pour trois ans au lieu d’une année seulement. Les certificats sont sécurisés par un QR-Code unique à chaque opérateur.
Aussi, aujourd’hui, on n’avise plus les opérateurs par fax ou email en cas de danger en mer. Ils reçoivent un sms alert, même tard dans la nuit. Il y a encore beaucoup à faire, car il est essentiel d’offrir un service digne d’un pays moderne aux opérateurs. J’apprécie beaucoup le soutien, la vision et l’élégance du Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme envers mon équipe et moi.
Moins d’une semaine après, on vous a déjà trouvé un successeur en la personne de Khoudijah Maudarbocus-Boodhoo…
C’est une bonne chose qu’on n’ait pas tardé. J’ai eu l’occasion de la féliciter. Je suis certain qu’elle aura les coudées franches et travaillera dans les meilleures conditions.
Votre proximité avec l’Alliance Lepep en prend-elle un coup ?
Ce n’est pas parce que j’ai quitté la Tourism Authority que je ne serai plus solidaire de l’Alliance Lepep. J’ai toujours eu une grande admiration et du respect pour sir Anerood Jugnauth. Même si je ne suis membre d’aucun parti, je me sens proche du MSM. Et je suis ami avec chaque composante de l’alliance gouvernementale.
Vous étiez pressenti pour un ticket aux dernières législatives, mais à la dernière minute vous avez été remplacé par Kumaren Chetty au numéro 18 et Menon Murday au numéro 13. Est-ce dur ?
C’est vrai que j’étais pressenti pour être un candidat Lepep aux dernières législatives, mais j’ai été coiffé au poteau. Ce n’est pas grave. Dommage qu’on ait perdu les deux sièges. J’ai toutefois participé activement à la campagne électorale et le plus important, c’était la victoire.
Votre nom était aussi cité pour le poste de vice-président de la République. Des regrets ?
Je suis déjà très honoré que mon nom ait été cité pour ce poste important. Nous avons aujourd’hui un vice-président de grande valeur, qui mérite amplement sa nomination. Je suis certain que Barlen Vyapoory fera honneur au pays, comme le fait si bien notre Présidente.
Ça s’agite sur le plan politique. Quelle est votre analyse ?
L’histoire de notre pays a été marquée par des secousses politiques d’intensités diverses. Le peuple a voté pour un changement de gouvernement afin d’en finir avec la fraude, la corruption et d’autres abus. Il a réclamé un bon nettoyage, afin d’instaurer la bonne gouvernance, la méritocratie et surtout la discipline et la rigueur dans la gestion des affaires du pays. Avec la création d’un ministère de la Bonne gouvernance, les gens commencent à comprendre la nécessité pour un nouveau mindset et pour de bonnes pratiques dans la gestion des affaires du pays. Ceux qui veulent garder leurs anciens réflexes se retrouvent automatiquement en porte-à-faux. Et c’est bon signe ! Elle n’a pas atteint sa vitesse de croisière, mais la bonne gouvernance est déjà en marche dans notre pays après seulement 16 mois au pouvoir.
Ces guéguerres ne sont-elles pas révélatrices d’un malaise au sein du gouvernement ?
Il y a malaise quand plusieurs membres d’un gouvernement se sentent mal à l’aise en son sein. Or, tel n’est pas le cas. Les leaders ont le contrôle de la situation. J’ai compris qu’il y avait une différence d’appréciation entre deux ministres sur la manière de gérer certains dossiers. N’empêche que tous les ministères fonctionnent normalement et que les projets avancent. Le tourisme respire la santé, le corridor aérien prend forme, les Smart Cities émergent à grand pas, les autobus se modernisent... Par contre, je vois que les conflits internes, les guéguerres et même les fragmentations au sein des autres partis sont bien réels.
L’opposition soutient que le Premier ministre ne contrôle plus rien...
Non seulement sir Anerood Jugnauth maîtrise la situation, mais il démontre sa force dans ces moments difficiles. En prenant davantage de responsabilités ministérielles, SAJ force l’admiration. L’avoir à la tête du pays, avec un tel courage et une telle volonté, est une vraie bénédiction. Ceux qui ont eu la chance de travailler avec SAJ doivent se sentir privilégiés, car un jour viendra – le plus tard le mieux – où ils raconteront avec fierté et nostalgie qu’ils étaient aux côtés de ce grand homme. Trahir sa confiance, c’est se placer du mauvais côté de l’histoire.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Je me suis accordé quelques jours de congé avant de reprendre mon bâton de pèlerin en Afrique et au Moyen Orient. Je me lance à nouveau dans le Business Consultancy.
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