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Selon une étude de l’ONG Kinouété : les prisonniers coûtent Rs 2,7 millions par jour à l’État 

Le ministre Reza Uteem a indiqué que la prison doit préparer chaque détenu à se réinsérer dans la société.

Une enquête de l’ONG Kinouété révèle que le système carcéral absorbe Rs 2,7 millions par jour. Lors de la présentation du document jeudi dernier, le ministre Reza Uteem a tiré la sonnette d’alarme. Entre récidive massive, jeunes détenus en hausse et absence de réhabilitation réelle, il a plaidé pour une réforme en profondeur. 

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Les chiffres sont probants : 70 % des prisonniers ont déjà purgé une peine et 52% de ces récidivistes ont été condamnés à plusieurs reprises. Ce qui révèle un échec flagrant de la réhabilitation dans le système carcéral, selon le ministre du Travail, Reza Uteem, qui s’exprimait le jeudi 29 mai 2025 lors de la présentation de l’étude « Exploration of the Barriers to Integration of Ex-Inmates (Women and Youth) in Mauritian Society: A Grounded Approach » menée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Kinouété (voir encadré). 

Le ministre a dénoncé un coût astronomique pour l’État : Rs 955 par détenu et par jour, soit près de Rs 3 millions quotidiennement. Il a appelé à une réforme urgente d’un système qui coûte près d’un milliard de roupies par an. 

Plus inquiétant encore, plus de la moitié des prisonniers (52 %) sont âgés de 18 à 30 ans. Une situation qui révèle une fracture générationnelle profonde. Sur un total de 2 900 détenus répartis dans douze établissements pénitentiaires, seulement 115 suivent une formation éducative. 

Reza Uteem a exprimé son désarroi face à ce qu’il qualifie d’« échec » de la réhabilitation. Il dénonce également l’inefficacité de la réinsertion des anciens détenus. « Nous échouons collectivement en tant que nation, société, communauté et parents. Cet échec concerne la prévention de la délinquance et la réinsertion des détenus », a-t-il déclaré. Il a aussi vivement critiqué le système carcéral. Selon lui, ce dernier s’avère incapable de remplir sa mission de réhabilitation. 

Le ministre plaide pour une refonte urgente du système, avec un meilleur alignement entre les formations dispensées en prison et les besoins économiques du pays. Il insiste pour que les programmes existants – agriculture, menuiserie, boulangerie, aquaponie –  soient renforcés et adaptés sur le long terme. L’objectif : éviter les rechutes. 

Reza Uteem a rappelé que la réinsertion est souvent compromise par le certificat de moralité. S’il a indiqué que ce document joue un rôle dissuasif essentiel, incitant les citoyens à réfléchir avant de commettre un crime, il a toutefois déploré l’absence de nuance dans le traitement des infractions liées à la drogue. 

« Toute condamnation prononcée en vertu de la Dangerous Drugs Act, quelle que soit son ancienneté, figure à vie sur ce document », a-t-il souligné. Cette rigidité, selon lui, compromet gravement les perspectives de réinsertion, particulièrement pour ceux condamnés pour de simples cas de consommation.

Le ministre  a également commenté une des recommandations du rapport de l’ONG Kinouété qui propose d’instaurer des incitations fiscales pour les entreprises recrutant d’anciens détenus. Reza Uteem a jugé cette mesure digne d’une analyse sérieuse. Il y voit un levier concret pour encourager l’embauche et favoriser une implication plus active du secteur privé dans la lutte contre la récidive. 

Défendant une approche plus humaine et structurée de la réinsertion, il a dit : « Chaque détenu, à sa sortie de prison, doit être véritablement préparé à retrouver sa place dans la société. » Cela suppose une formation professionnelle adaptée, mais aussi un accompagnement psychologique et un encadrement propice à une réintégration durable.

Vétusté des infrastructures 

De son côté, le Commissaire des prisons, Dev Jokhoo, a dressé un bilan sans concession. Il a rappelé que près de 2 900 détenus sont sous la responsabilité du département des prisons. Environ 80 % d’entre eux purgent des peines inférieures à six mois, qui souvent concernent le non-paiement d’amendes. Cette situation rend difficile leur participation à des programmes de réhabilitation. 

Il a également alerté sur la vétusté des infrastructures. La santé d’environ 10 % des détenus est préoccupante. Ces derniers sont atteints de maladies liées aux virus transmissibles par le sang. De plus, 60 % des prisonniers présentent des problèmes de santé directement ou indirectement liés à la drogue. 

Pour Dev Jokhoo, « la réhabilitation ne s’arrête pas aux portes de la prison ». Il souligne que le véritable enjeu est la capacité de l’individu à reconstruire une vie empreinte de sens, de dignité et de responsabilité. « Mais elle ne peut le faire seule », insiste-t-il.

Il a appelé à une responsabilisation collective de tous les acteurs – institutions, ONG et citoyens – pour accompagner ces personnes dans leur réintégration. Il a aussi reconnu le rôle crucial des ONG dans la construction d’un pont entre prison et société, à travers un accompagnement psychosocial, des formations et du mentorat.

Dev Jokhoo a exprimé l’espoir que les résultats de l’enquête de Kinouété permettront de mieux comprendre les défis du système carcéral, d’identifier ses lacunes et de favoriser une coopération renforcée entre toutes les parties prenantes, y compris les partenaires internationaux. 
 

 

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