Les personnes autrement capables ont été sous les feux des projecteurs ces derniers temps. Toutefois, malgré leur mobilité réduite, certains brillent dans le monde des affaires et dans le marché du travail. Quelle est leur contribution dans les entreprises dans lesquelles ils sont employés ? Comment arrivent-ils à surmonter leur handicap ? Tour d’horizon.
Armoogum Parsuramen, président de la Global Rainbow Foundation (GRF), fait ressortir que tous les citoyens de Maurice, y compris ceux avec un handicap, ont le droit à l’emploi s’ils ont les compétences requises. « Un emploi permet l’intégration socio-économique des personnes handicapées et la promotion de leur autonomie », fait-il comprendre. D’ailleurs, il rappelle que le Training and Employment of Disabled Persons Act prévoit que le personnel de tous les employeurs comptant 35 employés ou plus doit comprendre un quota de 3 % de personnes handicapées. « Cependant, il est triste de constater que 75 % des entreprises ne respectent pas ce quota. Elles ne le font pas sciemment, mais elles ne savent pas comment intégrer les personnes à mobilité réduite dans leur entreprise ni comment les aider à s’adapter », explique notre interlocuteur. Un avis que partage Dharshini Seesurun, présidente de Flame of Phoenix. « La convention signée par Maurice pour l’emploi des personnes dans une situation de handicap doit être revue. Il y a un réel besoin de mettre en place des protocoles ou encore des allégements fiscaux pour encourager les entreprises à les employer», fait-elle ressortir.
En chiffres | ||
33 690 | ||
Le nombre de personnes à Maurice souffrant d’un handicap à fin mai 2021. | ||
19 | ||
Le nombre de fonctionnaires souffrant d’un handicap selon le ministère de la Fonction Publique. |
En revanche, Areff Salauroo, président de l’Association des Professionnels des Ressources Humaines (MAHRP) est catégorique. Selon lui, les membres de l’Association dépassent le quota de 3%. « Le quota est juste un indicatif. Mais en réalité, les entreprises sont nombreuses à employer beaucoup plus de personnes autrement capables », dit-il. Par ailleurs, il soutient que la MAHRP a eu une session avec le ministère de l’Intégration sociale pour voir comment encourager davantage l’emploi des personnes handicapées. « Mais pour pouvoir travailler, il faut que ces personnes aient certaines compétences. Ainsi, nous nous concentrons aussi sur les formations pour mieux les encadrer», ajoute-t-il.
Armoogum Parsuramen concède que depuis quelques années, il y a une bonne volonté de la part de nombreuses entreprises pour employer des personnes en situation de handicap. D’ailleurs, il affirme que son association a déjà signé des partenariats avec des entreprises telles qu’Accenture, PhoenixBev, Ascencia, PWC, et Absa, entre autres, pour la formation et l’emploi de personnes handicapées. Armoogum Parsuramen fait ressortir que la GRF a préparé un projet de loi « Rights of Persons with Disabilities Bill 2021 » en consultation avec les organisations nationales et internationales pour éliminer les discriminations envers les personnes handicapées au travail. Ce projet de loi devrait bientôt être une réalité.
Sur 200 personnes formées, quelques 40 ont déjà trouvé un emploi |
Durant ces trois dernières années, la Global Rainbow Foundation a déjà formé quelque 200 personnes qui se trouvent dans une situation de handicap. Parmi, il faut compter des gradués et des détenteurs de masters. À ce jour, une quarantaine de personnes ont déjà trouvé un emploi dans différents secteurs d’activité. La formation se poursuit cette année et celle pour les aveugles et pour les sourds est en cours. |
Dans les entreprises
Aldo Letimier, COO DE Winner’s : « Nous employons 42 personnes autrement capables »
Depuis 2016, Winner’s s’engage et contribue à l’intégration des employés autrement capables dans ses supermarchés. « Nous avons aujourd’hui 42 collaborateurs répartis sur 21 sites, qui nous accompagnent au quotidien et qui participent activement à l’aventure Winner’s et à la réussite de notre entreprise », indique le Chief Operating Office, Aldo Letimier. Afin de rendre cette expérience professionnelle enrichissante pour les 42 employés, l’entreprise met en place des aménagements d’horaires et des postes de travail tout en valorisant la capacité de tout un chacun.
« Certains nous assistent au niveau des métiers techniques, tels que le remplissage des rayons, tandis que d’autres apprennent une vocation et sont placés au sein de nos boulangeries et de nos pâtisseries », dit-il. Par ailleurs, il affirme que les équipes sont enthousiastes à l’accompagnement des salariés en situation de fragilité, à travers un « mentoring » afin que cela aide à la sensibilisation interne et externe de l’entreprise et à leur intégration au sein de la société de tous les jours.
Témoignages
Sehroz Auckburally, BPO Finance Officer chez Accenture : «Je me sens encore plus valorisé au travail »
C’est en septembre 2012 que Sehroz Auckburally a rejoint la compagnie Accenture pour travailler dans le département ‘Banking’. En 2017, il a fait une chute très grave durant laquelle sa colonne vertébrale a été endommagée. Aujourd’hui, il se déplace dans un fauteuil roulant « Après presque deux ans, je suis retourné dans la compagnie dans le département BPO. On m’a offert la possibilité de travailler à domicile », indique Sehroz Auckburally qui, selon lui, n’a jamais subi de discrimination. « Au contraire, je me sens encore plus valorisé. La direction ainsi que mes collègues m’ont beaucoup encouragé », se réjouit-il. Grâce au soutien de sa famille et d’Accenture, il regagne le goût de la vie. Aujourd’hui, Sehroz Auckburally est marié et conduit sa propre voiture.
Jaya Chekori, directrice de Jaya Collections : « Je suis fière de travailler à mon propre compte »
Avec une mobilité réduite depuis sa naissance, Jaya Chekori qui se déplace en fauteuil roulant a pu trouver une source de revenus grâce à des formations sur l’entrepreneuriat. En effet, elle crée des bijoux et d’autres produits artisanaux. Sa petite entreprise Jaya Collection est d’ailleurs une référence dans le monde de l’entrepreneuriat mauricien. « J’ai eu l’occasion de suivre des cours et d’être soutenue par la GRF. Aujourd’hui je suis fière d’avoir réussi à surmonter mon handicap et d’avoir créé ma propre entreprise », se réjouit-elle. Malgré son handicap, Jaya Chekori est une femme indépendante et connue pour son courage et sa persévérance.
Bindya Bheenick, « auditrice » chez PWC : « Je n’ai jamaibaissé les bras »
Après avoir terminé ses études tertiaires, Bindya Bheenick a fait face à plusieurs obstacles pour trouver un emploi en raison de son handicap. « Je suis devenue paraplégique il y a plus de dix ans de cela après avoir fait une terrible chute à la maison. Malheureusement, dans le pays, il y a plusieurs d’endroits qui ne disposent pas d’infrastructures adaptées à ma mobilité réduite, mais je n’ai jamais baissé les bras. D’ailleurs, pendant mes études, j’ai pu trouver un moyen d’apprendre à la maison, car j’étais déterminée à réussir », affirme-t-elle. Depuis six mois, Bindya Bheenick travaille comme auditrice chez PWC. « Depuis que j’ai rejoint la compagnie, j’ai toujours eu tous les encadrements nécessaires pour m’épanouir. Même les infrastructures mises en place sont appropriées pour que je me déplace sans difficulté », dit-elle.
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