Seggae Day : Hommage à Kaya !

En ce 21 février, Maurice célèbre la Journée nationale du Seggae en mémoire de Joseph Réginald Topize, plus connu sous le nom de Kaya. Pour rendre hommage à l’artiste et à son héritage, l’association ‘Zardin Lamizik’ a mis en place une série d’événements pour marquer le 25e anniversaire du décès du ‘seggae man’. 

Dans sa chanson Seggae man, Kaya chante : « Lamizik ki mo fer la, Tousala mo pe sante pou zot, Si vremem zot pe konpran, Vinn sante ansam ar mwa ». Chanter avec lui, c’est le rendez-vous que propose le collectif d’artistes ‘Zardin Lamizik’ aux Mauriciens pour célébrer Kaya comme il se doit. Joseph Réginald Topize, alias Kaya, est décédé en cellule policière le 21 février 1999. Sa mort suspecte a déclenché une série d’émeutes. Alors que Maurice continue de panser ses plaies aujourd’hui, l’extraordinaire artiste qu’était Kaya, inventeur du seggae, ne peut être oublié. C’est pourquoi l’État mauricien a déclaré le 21 février comme le ‘Seggae Day’ depuis 2022. Pour honorer l’artiste et le seggae, ‘Zardin Lamizik’, une initiative de Stephan Rezannah, directeur de Jorez Box, rassemble des artistes pour valoriser, promouvoir et transmettre cet héritage musical unique. 

« À travers les années, il est devenu de plus en plus important de faire connaître Kaya et sa musique aux jeunes générations. Un jeune de 30 ans peut ne pas connaître Kaya. Nous voulons, à travers les divers événements, perpétuer l’héritage de Kaya et du seggae », souligne Bruno Raya, artiste et porte-parole de Zardin Lamizik.

Pour Bruno Raya, le 21 février est un jour inoubliable en raison du décès brutal de l’artiste, des émeutes qui ont suivi, de la Journée mondiale de la langue maternelle et aussi parce que cela a incité et incite les Mauriciens à réfléchir à leur avenir. 

« Nous célébrons la Journée mondiale de la langue maternelle, qui est le créole, en ce 21 février. Kaya croyait profondément en sa langue maternelle et l’aimait beaucoup. Cette date revêt une importance particulière car elle nous rappelle que bien que nous soyons un pays multiracial, nous devons nous unir pour progresser. Nous devons vivre en harmonie, dans l’amour et le respect de notre prochain. Cependant, nous ne devons pas ignorer le fait que nous n’avons jamais obtenu justice pour la mort de Kaya », souligne Bruno Raya.

Pour ‘Chante lamour pou nou gainye liberté’, Zardin Lamizik’, a prévu de se rendre dans 20 écoles primaires. 

« On avait prévu de nous rendre dans 20 écoles primaires ce mercredi. Mais, à cause du cyclone, nous l’avons renvoyé à une date ultérieure, possiblement la semaine prochaine si les autorités nous donnent leur aval. 20 artistes se rendront dans 20 écoles primaires pour expliquer aux enfants qui était Kaya, comment il a créé le seggae et aussi son importance », dit Stéphan Rezannah. 

Par ailleurs, le concert qui était prévu ce mercredi 21 février au stade de Kaya à Roche-Bois a été renvoyé au 9 mars, au même endroit. Sur scène, on pourra découvrir Natir Samarel, Jerry & The Resistance, Ras Natty Baby, Ras Minik, Dagger Kkila, Ras Nininn, Racinetatane( Azaria Topiz et Ras Ti Charles), Renald Collet et Tian Corentin. L’entrée est gratuite. 

Toutefois, le 24 février, rendez-vous est pris au Suffren Hotel & Marina à partir de 20 heures avec quatre artistes à l’affiche : The Prophecy, Blakkayo, Captain Hooligan de Rodrigues et Ti Ras d’Agalega. L’entrée est à Rs 500.

N’Joy à Grand-Baie célèbre également le Seggae Day le 25 février à partir de 14 h 30 avec les artistes Ras Natty Baby, Renald Collet, Ras Ti Charles, Natir Samarel, Bilygane, Captain Hooligan, Mozik for life featuring Azaria Topize, Murvin Clélie et Bruno Raya. Réservation obligatoire.

Kaya…le seggae man

Né le 10 août 1960 à Roche-Bois sous le nom de Joseph Reginald Topize, il choisit de se faire appeler Kaya en hommage à une chanson de son idole, Bob Marley. À l’âge de 16 ans, il commence à se familiariser avec la guitare. En 1982, il rencontre «Lélou Menwar» et se joint à son groupe comme guitariste. 

« En 1982, alors que je cherchais un guitariste, on m’a recommandé de faire appel à lui. Nous avons ensuite pris la route pour un concert à Rodrigues. Puis, j’ai poursuivi ma carrière à La Réunion. Lui, a choisi de rester à Maurice. Je conserve de lui d’excellents souvenirs. Sa voix était remarquable et ses paroles profondes », se remémore Menwar.

Par la suite, Kaya renoue avec des amis de Roche-Bois et crée le groupe ‘Racinetatane’. Managé par Percy Yip Tong, Kaya impose rapidement, avec son groupe, une vraie originalité. 

« Lors de mes séjours à Maurice, je rendais souvent visite à mon ami George Coret, qui était l’arrangeur musical de Racinetatane, et je rencontrais tout le groupe, y compris Kaya. Nous passions du temps ensemble », raconte Menwar.

Entre le reggae et le séga, il va créer le seggae. Un style caractérisé par sa créativité musicale et ses paroles engagées sur des thèmes tels que la nature, la fraternité, la solidarité et l’amour. Kaya devient ainsi le porte-voix des exclus, défendant leurs espoirs et prônant une société plus juste et pacifique.

Le 16 février 1999, lors d’un concert pour la dépénalisation du cannabis, Kaya est arrêté après avoir fumé un joint en public. Quelques jours plus tard, le 21 février, il est retrouvé mort dans sa cellule à Alkatraz. Il avait 38 ans.