C’est un bilan noir que dressent les défenseurs de la sécurité routière lors de l’émission thématique Explik ou Ka du vendredi 20 décembre, animée par Mélanie Valère-Cicéron. 138 victimes sur nos routes depuis le début de l’année. Nos invités sont tous arrivés à la conclusion que cette hécatombe est le résultat de la dérive d’une frange importante des usagers de la route. Cela concerne surtout les personnes qui pensent que les accidents n’arrivent qu’aux autres.
Pour le constat, Patrice Donzelot a fait référence à la compilation d’images capturées par les cadreurs du Défimedia Group et celles qui proviennent des membres du public. Ces films, visibles sur le site « Un œil sur la route » du Defimoteur.mu, montrent à quel point certains conducteurs font carrément fi du Code de la route. Parmi les infractions courantes, on retrouve l’usage du téléphone portable au volant, non seulement de la part des automobilistes, mais étonnamment des motocyclistes également.
Les films sont révélateurs de divers types de comportements qui frisent l’inconscience. Par exemple, les personnes qui voyagent sur la banquette arrière négligent de boucler leur ceinture de sécurité. Ce que les Mauriciens semblent ignorer, c’est qu’en cas d’accident, les passagers à l’arrière de la voiture peuvent se blesser sérieusement ou même mourir.
Une habitude à prendre très tôt
« Il y a aussi des parents qui ne pensent pas à la sécurité de leurs enfants », a déclaré Patrice Donzelot. Ils pensent que prendre leur enfant dans les bras est un moyen d’assurer sa protection. Ce qui est insensé, car en cas d’accident, l’adulte se trouvera lui-même en difficulté. Le moyen le plus sûr est de prévoir un siège adapté pour l’enfant. Il est fréquent que les enfants de cinq ans rechignent de voyager avec la ceinture. Leurs pleurs finissent par faire capituler les parents. La bonne méthode est d’habituer l’enfant avec la ceinture et cela dès ses premiers jours.
Les intervenants lors de cette émission :
- Patrice Donzelot, responsable du Défi Moteurs
- Barlen Munusami, auteur du Guide complet du conducteur
- Sekar Naidoo, directeur Health and Safety chez Total
- Iqbal Ramjanee, Sales Manager chez Bridgestone
- Sarah Tandrayen, secrétaire de l’Association Les Amis de Han-Yonel
Barlen Munusami : 138 morts depuis le début de l’année
Barlen Munusami : Il existe un « problème » parmi les automobilistes. Ces derniers ne pensent pas à la sécurité. En raison de cette insouciance, 138 personnes sont mortes à la suite d’accidents sur nos routes depuis le début de l’année.
C’est surtout au mois de décembre que les choses s’aggravent, avec une nouvelle recrudescence à partir de juillet et août, les mois qui marquent le début de la saison hivernale. Cependant, de manière générale, les risques sont plus prononcés avec l’augmentation constante du parc automobile dans une île Maurice où on dénombre quelque 545 000 à 550 000 véhicules en circulation pour 2 275 km de routes disponibles. Plus le nombre de véhicules est grand, plus les risques d’accidents sont élevés.
Les motocyclistes en tête du peloton
Pour Barlen Munusami, ce sont les motos qui sont les plus impliquées dans les accidents de la route. Selon les statistiques, les motocyclistes courent quatre fois plus de risques d’être tués. Et pour cause, la moto n’a pas de carrosserie, ce qui rend plus vulnérables les motocyclistes. La principale cause de décès dans un accident de moto est liée à une fracture du crâne. « J’ai pu assister, a-t-il déclaré, à des scènes horribles durant ma carrière. Je me souviens du jour où je me suis rendu sur un lieu d’accident. J’ai vu un crâne ouvert et des membres séparés du corps. Ces images m’ont tellement marqué, qu’une fois rentré à la maison, j’étais toujours traumatisé, malgré le fait que j’ai une longue expérience professionnelle dans le domaine ».
Nouvelles réglementations pour les bicyclettes électriques
« En vertu d’une loi déjà votée et qui doit entrer en vigueur sous peu, la bicyclette électrique de plus de 250 W devra avoir une couverture d’assurance ainsi que la déclaration pour être autorisée à circuler sur nos routes. Elle sera logée à la même enseigne que les cyclomoteurs (autocycles). Pour le conduire, il faut avoir l’âge règlementaire et le permis approprié », a indiqué Barlen Munusami.
Casque de sécurité : choisir le meilleur
Se prémunir d’un casque d’une marque agréée et d’une qualité homologuée est un des moyens les plus sûrs de protection dans un accident de moto, a fait ressortir Patrice Donzelot. Il faut savoir faire la différence entre un casque bas de gamme et un autre de qualité. Évidemment, il faut privilégier un casque de qualité qui assure la protection de toutes les parties du visage en cas d’accident. Il convient aussi de protéger les autres parties du corps. C’est pourquoi en France aujourd’hui, le port de gants est devenu obligatoire.
Sarah Tandrayen : Mieux faire entendre notre voix
Sarah Tandrayen est la secrétaire de l’Association Les Amis de Han-Yonel. L’objectif de cette association est de réunir les personnes éprouvées par la perte tragique d’un proche dans un accident. Sarah, elle-même, a été victime d’un hit-and-run il y a quelques années de cela. Le chauffard n’a jamais été retrouvé.
Dans quelles circonstances l’association a-t-elle été mise sur pied ? « Je connais M. Harold L’Espérance qui a été un partenaire d’affaires. Un vendredi, son fils âgé de 19 ans se déplaçait à moto quand il a été fauché par une fourgonnette. Il n’a pas survécu. Ce jour-là, le jeune homme se rendait à Goodlands pour aller chercher son visa d’entrée pour l’Allemagne. Il devait prendre l’avion le lundi suivant. Lorsque je suis allée à l’enterrement, j’ai vu une famille brisée. C’est à cette occasion qu’Harold m’a dit qu’il faudrait créer une association. Nous voulons rassembler le maximum de personnes pour arriver à mieux faire entendre notre voix. »
Total : La prudence à tous les niveaux
Lors de son intervention, Sekar Naidoo, directeur Health and Safety chez Total, a déclaré : « Vu que nous assurons le transport de produits dangereux, nous veillons à ce que nos équipements, dont nos camions, soient aux normes. Les chauffeurs de nos poids lourds ainsi que les autres membres du personnel sont appelés à respecter des règles strictes de bonne conduite et de sécurité ». Il a aussi ajouté : « Des cours sont dispensés à leur intention. Il y a des consignes qui sont passées à nos chauffeurs, comme ne pas fumer, ne pas téléphoner au volant ou encore s’abstenir de prendre une personne étrangère à bord. Il faut aussi que les chauffeurs se reposent entre deux trajets sur une période de 30 minutes au moins. Nous nous assurons ainsi que notre personnel - les chauffeurs et les helpers - travaille dans les meilleures conditions ».
Bridgestone reste le No. 1
Depuis sa création, Bridgestone s’est toujours soucié de la sécurité et de la durabilité de ses pneus. Ce qui fait de l’enseigne le No. 1 dans la distribution de pneus à Maurice. Bridgestone se démarque dans ce secteur par le fait qu’elle met à la disposition de ses clients des produits adaptés pour la région et non pas ceux visant l’Europe. L’examen de pneus et des conseils sont actuellement prodigués gratuitement chez Bridgestone. Une remise est accordée aux clients jusqu’à Noël.
Port de la ceinture de sécurité pour les chauffeurs de camions de 3,5 tonnes
Il n’y a aucune provision dans la loi qui oblige les chauffeurs de camion de 3,5 tonnes de porter la ceinture de sécurité. Cependant, certaines compagnies qui disposent de cette catégorie de véhicules adoptent quand même une politique favorable au port de la ceinture. Ce qui prime, c’est la sécurité avant tout et si la ceinture n’est pas obligatoire, elle est « recommandée » malgré tout par les grandes compagnies. Néanmoins, il y a une catégorie d’irréductibles qui résistent toujours. Il s’agit des chauffeurs de poids lourds qui travaillent pour le compte de compagnies privées. La sagesse devrait leur faire comprendre que la ceinture peut résister à un choc entre 2500 à 3000 kilos.
Questions des auditeurs
Explosion du parc automobile
Ally de Port-Louis : Il existe une pratique courante à Maurice où les gens garent leur voiture carrément sur le trottoir ou en partie, ce qui embarrasse les piétons. La vie des gens est mise en danger. J’ai aussi remarqué que les lignes blanches ne sont plus visibles à certains endroits.
Barlen Munusami : Ce problème de parking existe partout dans les villes comme les villages. Il faut comprendre que nous avons une population de 1 262 000 âmes. Pour chaque deux personnes, il y en a une qui possède une voiture. On assiste ainsi à une explosion du parc automobile.
Quant à stationner sa voiture sur le trottoir, c’est illégal. Cependant, certains sont prêts à prendre le risque de payer une amende.
Il est vrai que certains panneaux de signalisation sont abimés. Comme on ne peut pas s’attendre à ce que le problème soit réglé sur-le-champ, il appartient aux automobilistes d’adopter les principes de la conduite défensive.
Perally de Mont-Ida : À Mont-Ida, il y a des bus individuels qui s’arrêtent n’importe où pour prendre des passagers. Est-ce une pratique normale ?
Barlen Munusami : Définitivement non, car on ne peut s’arrêter n’importe où. Le faire constitue un délit. Cependant, il y a des régions intra urbaines où les bus s’arrêtent à des endroits où il n’y a pas de bus-stop, mais ailleurs, sur la grande route, la loi doit être respectée.
Mahen de Morc St-André : Il y a des cannes qui sont répandues sur la route par des camions.
Barlen Munusami : Les conducteurs de camion doivent s’assurer que leurs chargements soient sécurisés pour ne pas atterrir sur la route. C’est absolument dangereux et les plus exposés sont les motocyclistes. Les chauffeurs de camion doivent se montrer responsables.
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