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Sécurité intérieure et services de renseignements : au cœur de la police secrète

top secret

Le National Security Services, ex-National Intelligence Unit, est officiellement la seule organisation qui fournit des renseignements relatifs à la sécurité nationale au gouvernement. Mais la valse des transferts, avec trois directeurs en quatre ans et demi, laisse planer des interrogations sur ce qui se passe au sein de l’organisation. Quels est le rôle de ces agents ? Sur quels fronts opèrent-ils ? Comment glanent-ils leurs informations ? 

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C’est un des rares unités de la force policière où la sélection de ses agents se ferait « sous recommandations ». Le NSS, comme tout service de renseignements au monde, expliquent des éléments de cette unité, est « kouma lizie ek zorey gouvernman ». Le rôle de ces Intelligence Officers consiste, dans la pratique, à récolter des « informations précises » (auprès de leurs confrères policiers, du public, des travailleurs sociaux ou encore des Habitual Criminals, entre autres) qui sont ensuite fournies au Bureau du Premier ministre ou aux unités spécialisées par le biais de leur directeur.

Les agents du NSS sont sur tous les fronts : rencontres politiques, scènes de crime, manifestations, marches pacifiques, accidents, émeutes et mutineries dans le milieu carcéral… mais ils ne sont pas autorisés à participer aux opérations, à mener des arrestations. Ils travaillent toujours incognito. Cela pour faciliter leur approche auprès du public pour recueillir des informations.

150 hommes pour huit divisions

Les quelque 150 officiers du NSS, répartis dans huit divisions (Nord/Est/Sud/Ouest/Plateau central/Port-Louis, à l’aéroport SSR et à Rodrigues), travaillent en mode 24/7 tout au long de l’année. Le QG est basé aux Casernes centrales dans un bâtiment clôturé et équipé de caméras de surveillance. « Nous nous reposons uniquement lorsque nous sommes en ‘local leaves’ », avancent des agents secrets affectés dans l’est du pays.

Chaque division compte une quinzaine d’agents, sauf pour l’Ouest et l’Est qui disposent d’une quarantaine d’officiers. Cela en raison du nombre de régions et la superficie des circonscriptions qu’ils couvrent. Port-Louis est la plus petite juridiction avec une douzaine d’hommes.

Les agents sont généralement basés dans les juridictions où ils sont domiciliés. Le but : glaner des informations relatives à leurs régions. « Dans la pratique, nos journées débutent aux alentours de huit heures. C’est l’inspecteur responsable de la division qui fait le briefing et les tâches sont réparties. Une fois sur le terrain nous sommes livrés à nous-mêmes. Aucune information susceptible de nuire à la sécurité nationale ne doit nous échapper. C’est la raison pour laquelle n’importe quel individu peut être un informateur. Vers la fin de la journée ou le lendemain, nous faisons notre rapport qui sera soumis à nos responsables », laisse-t-on entendre.

Équipements d’espionnage en provenance d’Israël

Le NSS serait également pourvu de logiciels de pointe en provenance d’Israël. Selon des recoupements, l’unité  disposerait d’un appareil de balayage visant à détecter la présence de micros cachés et autres outils d’enregistrement pouvant être utilisés comme moyen d’espionnage. La cellule de renseignements de la police serait également dotée d’équipements pouvant placer des téléphones sur  table d’écoute. Le NSS serait aussi doté de  ‘bugging devices’ (brouilleur de fréquences) afin d’empêcher toute communication téléphonique externe.

Des officiers de cette unité seraient également des as de la réplique des cartes SIM. « C’est la meilleure façon d’obtenir des informations », dit notre interlocuteur. Une fois les cartes SIM copiées, les agents établissent une ligne en parallèle et se livrent ensuite aux écoutes téléphoniques.

Pas de traque pour affinités politiques

L’article 18 de la Police Act de 1974 aborde les fonctions du NSS. Selon le document, les officiers doivent obtenir des renseignements pour ensuite les communiquer à qui de droit cela dans l’intérêt de la sécurité nationale. Ils sont également appelés à fournir des informations au Premier ministre ou vers n’importe quel individu désigné par le PM. La loi stipule aussi qu’un agent de cette unité ne doit pas traquer quelqu’un pour ses affinités politiques ou pour son implication dans des mouvements de protestation légale ou de dissidence. Il n’est pas autorisé non plus à agir comme activiste politique, s’engager dans une activité politique ou interférer dans des procédures électorales. L’article 19 stipule que la fonction du NSS revient aux policiers mais que le directeur de ladite organisation se réserve le droit d’enrôler un personnel autre que des policiers dans la quête de renseignements lorsque l’intérêt du pays l’exige. Le directeur général se doit d’assigner des fonctions attribuées par le Commissaire de police et ce dernier peut bénéficier de l’aide d’officiers déterminés par le Commissaire de police.

Allocations et conditions de travail

Les officiers du NSS ne bénéficient pas de congés à moins s’ils prennent des local leaves. Ils travaillent le dimanche/les jours fériés, ne sont pas appelés à cumuler des Extra Duties en uniforme. Ils ne sont pas non plus autorisés à procéder à des arrestations en dépit du fait qu’ils sont avant tout des agents de police. Ces agents secrets bénéficient d’une motocyclette, de téléphones portables, d’une Risk Allowance de Rs 500, d’une Clothing Allowance et d’une Detective Allowance qui avoisinent Rs 1 800 par mois, ainsi que d’un appareil photo.


L’état-major du NSS : «La sécurité de l’État est une fausse perception»

Le Défi Quotidien a rencontré les membres de l’état-major du NSS. Ils ont apporté des éclaircissements sur les services de renseignements et la sécurité intérieure. « Les transferts au NSS ne sont que le renouvellement des compétences ». Pour faire partie de cette unité, « la confiance et l’expérience sont de rigueur ». « La sécurité de l’État est une fausse perception dans le sens que les officiers du NSS se focalisent avant tout sur le bien-être de la population », font ressortir les hauts gradés. Ils balayent le fait que les officiers du NSS agissent comme éclaireurs pour les personnalités politiques. « 90 % des déplacements des personnalités dépendent de leur garde rapprochée. Nous fournissons des informations de terrain que si nous sommes sollicités par les personnalités », ajoutent-ils.

Selon nos interlocuteurs, la tâche du NSS devient de plus en plus difficile en raison des avancées technologiques. « Nous sommes supposés être des agents secrets. Mais les gens connaissent nos visages au fil du temps. Ce qui n’arrange pas les choses pour recueillir des informations sur le terrain. Les membres du public sauront qu’ils auront dorénavant à faire avec des agents du service des renseignements de la police et non à des curieux », soutient-il.


L’ACP Mohunlall Madhow, ex-patron du NSS : «Pas éthique de commenter»

L’ACP Mohunlall Madhow, l’ex-patron du NSS, a été approché pour une déclaration concernant les défis auxquels cette unité spécialisée est confrontée. Mais il a été réticent. « Je ne suis plus membre de cette équipe. J’ai été muté dans une autre unité et ce ne serait pas éthique de commenter sur le NSS », a-t-il dit. L’un des anciens patrons du NSS, à savoir le DCP Dev Jokhoo, a aussi été approché. Mais en vain.La direction actuelle a été sollicitée mais n’a cependant pas voulu donner des  explications sur leur travail.

Trois directeurs en quatre ans et demi

Depuis décembre 2014, deux hauts gradés ont occupé le poste de directeur du NSS. Le DCP Lockdev Hoolash a pris ses fonctions après les scrutins de 2014. Il a été muté à la Northern Division en septembre 2017. Son remplaçant a été l’ACP Mohunlall Madhow. Ce dernier a assumé ses fonctions jusqu’à mi-avril. C’est le SP Ramdany qui le remplace.

 

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