Pas de réveillon de fin d’année pour les employés qui assurent un service essentiel 24/7, comme les sapeurs-pompiers, les policiers, les garde-chiourmes, les techniciens du CEB, entre autres. Mais, à force de s’y habituer, ces horaires de travail, qui paraissent si difficiles aux autres, font aujourd’hui partie de leur ADN.
Certes, leur conscience professionnelle les pousse à accomplir leurs devoirs, mais ils avouent qu’il leur est difficile de quitter leurs familles les jours de fête pour aller travailler. Ils sont avant tout des êtres humains avec leurs propres sensibilités. Soulignons que tous les congés ont été gelés pour ceux travaillant dans les services essentiels (dont la police, le service des pompiers et la santé publique, entre autres) du 15 décembre jusqu’au 5 janvier.
Comptant 36 ans de service comme sapeur-pompier, Ashraf Buxoo reconnaît que ce n’est pas toujours facile de devoir passer la Saint Sylvestre loin de sa famille. « Mais nous n’avons pas le choix, car en tant que pompier nous avons pris l’engagement d’assurer la sécurité de la population qu’importe le jour et l’heure », fait-il ressortir. Ce sont surtout ceux qui prennent le travail à 16 heures le 31 décembre, pour terminer le lendemain, 1er janvier à 8 heures, qui sont les plus à plaindre, car ils passeront le réveillon dans leurs casernes loin de leurs familles. « Mais nous y sommes habitués et de plus, c’est avec un sentiment de fierté que nous accomplissons notre devoir envers nos compatriotes », affirme-t-il.
Pas de tout repos
Il explique que le travail des pompiers n’est pas de tout repos, surtout durant le réveillon de la Saint-Sylvestre. « Nous sommes en alerte permanent, car il y a un gros risque d’incendie des maisons, des champs de canne, entre autres, avec les pétards et feux d’artifice, sans compter les accidents de la route et autres opérations de secours », poursuit-il. Pour assurer la sécurité des touristes et autres personnes, des équipes de pompiers restent aussi en attente dans les établissements hôteliers pour parer à toute éventualité.
À cet effet, comme l’explique Ashraf Buxoo, les hommes du Mauritius Fire & Rescue Service doivent être prêts à intervenir à tout moment, car c’est après minuit que les risques sont plus élevés. « Dès que nous prenons notre travail à 16 heures, notre priorité est de vérifier si tous nos camions et nos équipements sont en bon état de marche. La vigilance est de mise », indique-t-il.
En tant que président de la GSEA Firefighters Cadre, il profite de l’occasion pour réitérer son appel pour que le paiement des time-off leaves qui est dû depuis février 2022 soit effectué dans le plus bref délai. « Les pompiers ont toujours démontré leurs sens du devoir à toute occasion. Malheureusement, ils doivent se battre pour recevoir les prix de leurs efforts », déplore-t-il.
La fierté
C’est avec un même sentiment de fierté que les employés du service hospitalier accomplissent leur devoir, explique Rajshree Thylamay, présidente de l’Union des travailleurs du ministère de la Santé. « Bien que ce soit difficile, surtout pour les jeunes mères de famille de quitter leurs enfants pour aller travailler, c’est avec un sentiment de fierté que nous le faisons », confie-t-elle.
Elle explique que durant les jours de fête, tout le personnel, allant des médecins, infirmiers et Hospital Attendants aux ambulanciers, est mobilisé pour accueillir les malades, les blessés dans des accidents de la route et des femmes qui vont accoucher, entre autres.
Elle avoue que ce n’est jamais facile de quitter sa famille, surtout si les enfants sont en bas-âge, pour aller travailler, notamment pour la Noël et le Nouvel An. « C’est davantage difficile quand les enfants pleurent et s’agrippent à vous pour vous supplier de rester à la maison », poursuit-elle.
Elle explique que ce sont les employés qui travaillent de 18 heures jusqu’au lendemain à 8 heures du matin qui sont les plus affectés par cette situation. Elle raconte qu’avant de partir, elle prépare le dîner que son époux va prendre avec les enfants et que si elle a un moment, elle va les appeler sur WhatsApp pour leur présenter ses vœux de fin d’année. « Heureusement qu’aujourd’hui, on peut communiquer par videocall. Sinon cela aurait été plus difficile pour nous », soupire-t-elle. Elle souligne aussi que, vu ses horaires de travail, elle est contrainte d’acheter les cadeaux de Noël bien en avance.
La célébration après le 1er janvier
Avec l’habitude, Rajshree Thylamay a fini par accepter la situation avec philosophie. « Certes, on est loin de la famille. Mais au travail, on est avec nos collègues avec qui on a travaillé tout le long de l’année. Ils constituent une deuxième famille pour nous et nous sommes heureux de passer le réveillon au travail à leurs côtés », concède-t-elle.
Les employés du CEB font aussi partie des personnes qui doivent obligatoirement travailler durant le réveillon pour assurer la fourniture d’électricité. « C’est sûr que c’est triste de quitter sa famille, mais nous n’avons pas le choix, car nous devons toujours respecter nos engagements », fait comprendre Clency Bibi.
Ce dernier compte près d’une quarantaine d’années de service au sein de cet organisme. Il explique que la situation est d’autant plus difficile pour les enfants, quand son épouse, qui est infirmière, et lui sont appelés à travailler le soir. « Heureusement que les grands-parents étaient là pour veiller sur nos enfants lorsqu’ils étaient en bas-âge. Maintenant, ils ont grandi et ils ont parfaitement compris la situation, car sans notre travail, il n’y a pas non plus de fête et de cadeaux », poursuit-il. Il explique que durant des années, sa famille a été contrainte de célébrer le Nouvel An bien après le 1er janvier. Il se souvient aussi comment c’était dur pour lui de ne pas voir ses enfants ouvrir leurs cadeaux le matin de Noël.
Si Clency Bibi reconnaît que ce n’est pas évident de travailler les jours de fête, il indique qu’au CEB, la situation est d’autant plus difficile pour les employés qui sont de garde, car à tout moment, on peut les appeler pour prendre le travail. « Je me souviens toujours de ce jour de l’an où je me trouvais chez des proches et juste au moment où on allait prendre le déjeuner, j’ai du tout quitter pour reprendre le travail, au grand désespoir des enfants », relate-t-il.
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