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Secteur impactés, augmentations des prix… - hausse du tarif de l’électricité : nouvelle épine dans le pied des opérateurs 

Dès le mois prochain, le tarif de l’électricité prendra l’ascenseur. Il s’abattra sur plusieurs secteurs qui ont encore du mal à maintenir le cap. Si l’année 2023 qui vient de démarrer s’annonce pleine de défis pour eux, elle est surtout truffée d’incertitudes. Certains estiment que le timing de la hausse du prix du courant n’est pas bon. Explications. 

Plus que deux semaines et des poussières avant que la tant redoutée hausse du tarif de l’électricité ne soit appliquée. Elle entraînera sur son passage un tsunami des prix qui déferlera sur plusieurs secteurs et par ricochet, sur les consommateurs qui trinqueront encore une fois. Pour certains, le timing de ce changement est mal choisi. 

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Arif Currimjee, président de la MEXA, est de cet avis. « Le timing n’est pas bon », a-t-il dit le mercredi 11 janvier 2023 lors de son intervention dans l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus. Il s’est surtout appesanti sur le textile et le « seafood », deux secteurs très énergivores qui seront lourdement impactés par la hausse du tarif de l’électricité. 

Parlant du textile, il a pris l’exemple des sociétés engagées dans la filature, le tissage et la teinturerie qui seront, selon lui, grandement affectées vu que ces procédés consomment beaucoup d’énergie. Selon lui, certaines entreprises sont déjà devenues, du jour au lendemain, non profitables. La hausse du prix de l’électricité risque donc de leur donner le coup de grâce. 

Arif Currimjee a toutefois concédé que la situation est mieux pour les secteurs des produits de luxe, tels que les équipements médicaux et les bijoux. « Mais est-ce que ce sera suffisant pour équilibrer les autres secteurs ? Pas sûr », a-t-il dit. Selon lui, depuis octobre, certains opérateurs, en l’occurrence ceux qui font du volume et pas du haut de gamme, ressentent un ralentissement. 

Ils sont confrontés à une baisse des commandes, tout en ayant un stock important qu’ils doivent encore écouler. Ce qui le pousse à dire que les six premiers mois de 2023 seront difficiles pour des secteurs tels que celui du textile. La hausse du prix de l’électricité en février risque d’envenimer les choses. « Dans l’industrie du textile, par exemple, on voulait attirer des investissements. Mais la hausse du coût de l’électricité fera fuir les investisseurs », souligne-t-il.

Prenant l’exemple du secteur du « seafood », qui est énergivore, il admet que cette industrie a été compétitive pendant plusieurs années. Il concède aussi que sa situation n’est pas aussi problématique que celle du textile, mais il constate une certaine baisse de la demande. Sans compter le fait que ce secteur ne peut pas fonctionner à plein régime, selon lui. En cause : un problème de main-d’œuvre lié au permis de travail. 

Ce qu’il déplore au niveau du « work permit », c’est un réel manque de transparence. « Impossible de savoir s’il faut attendre un mois, deux mois, trois mois ou plus pour obtenir le permis de travail. Il est grand temps de digitaliser le système pour plus de transparence. » 

Le problème de main-d’œuvre et le coût opérationnel engendré par l’électricité sont des défis auxquels seront confrontés les opérateurs. Pour Arif Currimjee, il est important de garder une industrie verticale à Maurice. « Au cas contraire, certaines industries seront délocalisées. Madagascar, par exemple, est plus compétitif que Maurice en termes d’énergie et de main-d’œuvre. » 

Devant le fait accompli 

« En juin de l’année dernière, le Central Electricity Board (CEB) était venu nous voir pour proposer une hausse du prix de l’énergie et la MEXA lui avait fait comprendre que c’était rapide. Mais fin 2022, on nous a mis devant le fait accompli et la hausse annoncée est, de surcroît, plus élevée que celle évoquée précédemment par le CEB », a expliqué Arif Currimjee. 

Il se réjouit que la MEXA soit parvenue à négocier un « scheme » avec le CEB pour favoriser l’utilisation de l’énergie renouvelable par les industriels afin qu’ils investissent davantage dans le solaire. Il a confirmé qu’il y a déjà un accord avec le CEB, ajoutant qu’il y aura définitivement un retour raisonnable sur les investissements qui seront faits. 

« Mais tout cela va prendre du temps. Ce ne sera pas une réalité du jour au lendemain. Or, comment une entreprise qui souffre déjà pourra-t-elle investir dans l’énergie renouvelable ? C’est une situation délicate. Le timing de la hausse du prix de l’électricité n’est pas bon », a indiqué Arif Currimjee. 

La Mexa, a-t-il dit, enverra une correspondance aux autorités concernées pour leur parler des risques que cela fragilise le tissu industriel. « On leur expliquera les implications de cette hausse. » 
Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, a, pour sa part, fait comprendre que la hausse du tarif de l’électricité et le paiement de la compensation salariale augmenteront considérablement les coûts d’opération des entreprises. « Il y a beaucoup d’incertitudes pour cette année », a-t-il dit durant son intervention dans l’émission. 

Le CEB déficitaire

Le CEB a accumulé un déficit de presque Rs 2,5 milliards. En juillet, il avait enregistré un déficit de Rs 650 millions, en août Rs 652 millions, en septembre Rs 473 millions et en octobre Rs 723 millions. La situation financière de l’organisme est donc catastrophique. Les projections montrent qu’il ne pourra pas tenir le coup sur le plan financier dans les mois à venir. Dans les milieux concernés, on indique que les finances du CEB sont affaiblies depuis plus d’un an à cause de la hausse des coûts de production.

Grandes surfaces 

De leur côté, les gérants des grandes surfaces se préparent déjà à afficher les nouveaux prix de plusieurs produits dans un peu plus de deux semaines. Ignace Lam, CEO d’Intermart, indique qu’il y a trois coûts énormes que doit encourir un supermarché : le loyer, la main-d’œuvre et l’électricité. « C’est sûr que la hausse du prix du courant pèsera lourd dans nos dépenses. Tous les produits des supermarchés subiront une hausse. Nous n’avons pas le choix. » 

Yusuf Sambo, directeur de l’hypermarché Lolo, indique qu’il étudiera d’abord sa facture d’électricité une fois la hausse appliquée pour évaluer à quel point elle est plus salée. Il réajustera les prix de ses produits en fonction de son analyse. « Mais une chose est sûre : les produits frigorifiés, tels que les viandes, le yaourt et les boissons gazeuses, coûteront plus cher. » 

Il précise que même les fournisseurs augmenteront leurs prix. « Il ne faut pas oublier que le stockage des produits dans un entrepôt implique un coût. Sans compter la consommation d’électricité. Ce qui me pousse à dire que les prix de plusieurs produits augmenteront définitivement », dit-il.

Muryoodeen Fauzee, directeur de l’enseigne Dreamprice, rappelle qu’un supermarché ne peut pas fonctionner s’il n’a pas d’électricité. « Nous devrons augmenter les prix pour pouvoir travailler et préserver des emplois », explique-t-il.

59 948 foyers concernés 

Les ménages qui consomment moins de 300 unités d’électricité par mois ne seront pas touchés. En revanche, ceux qui utilisent plus d’unités devront débourser 19,2 % à 25,9 % de plus. Ainsi, sur les 410 000 consommateurs résidentiels, 350 052 ne seront pas concernés par la hausse des prix du courant. Ce sont donc 59 948 foyers qui seront concernés. 

Même pour ceux qui consomment davantage, les 300 premières unités resteront au même tarif. C’est à partir d’une utilisation de 300 unités que les nouveaux prix entreront en jeu. « Les hausses seront progressives. Plus vous utiliserez d’électricité, plus vous paierez. Quant aux quelque 60 000 consommateurs qui paient le tarif social, ils continueront de bénéficier d’un rabais de 20 % sur leur facture », avait dit le ministre de l’Énergie et des Services publics, Joe Lesjongard. 

Les abonnés commerciaux ne seront pas tous concernés non plus. Les petits commerçants, qui représentent 73 % des consommateurs, ne seront pas affectés. Le CEB compte 46 714 clients commerciaux. Parmi ceux-ci, 34 226 consomment normalement moins de 400 unités par mois.

 

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