Selon l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM), l’ambition gouvernementale d’accueillir 1,4 million de touristes pour l’année financière 2022/ 23 ne pourra être atteinte faute de plusieurs dizaines de milliers de sièges d’avion. Or, plusieurs compagnies aériennes ajoutent de nouveaux vols vers Maurice à partir d’octobre. Des négociations sont aussi en cours pour en faire venir d’autres.
Cela ressemble au paradoxe de l’œuf et de la poule. Qui est venu avant ? Ici, la question tourne autour du nombre de sièges d’avion et de chambres disponibles. Pour l’AHRIM, avec le nombre de sièges d’avion disponibles actuellement, l’ambition gouvernementale de 1,4 million de touristes pour l’année financière 2022/ 23 ne pourra être atteinte. Par contre, du côté d’Air Mauritius et d’Airport Holdings Ltd (AHL), l’on affirme que le nombre de sièges est suffisant. Toutefois, c’est le nombre de chambres qui manquent à l’appel. Des personnes désireuses de passer des vacances à Maurice ne parviennent pas toujours à trouver de la place dans les établissements hôteliers. Le nombre de vols va augmenter en octobre, mais ce serait toujours insuffisant, selon les hôteliers. À partir de fin octobre, Air Mauritius opèrera deux vols hebdomadaires vers Perth en Australie et vers Kuala Lumpur en Malaisie.
Emirates, qui opère aussi deux vols par jour, en ajoutera un troisième en octobre. Turkish Airlines, qui assure cinq vols par semaine vers Plaisance, en assurera sept. Corsair, qui compte aussi cinq vols hebdomadaires, à partir de France, doublera pour sa part son nombre de vols pour passer à 10.
Négociations
Des négociations ont débuté avec l’Iran pour des vols charters d’Iran Air. Les pourparlers sont en bonne voie. Tout comme ceux avec l’Inde pour des droits d’atterrissage d’Air Mauritius à New-Delhi. Sans compter l’arrivée de la compagnie Vistara, qui est une joint-venture entre le groupe Tata et Singapore Airlines, à Maurice. Des discussions sont en cours avec l’Arabie saoudite pour que Saudia ajoute des vols.
Si l’ajout de nouveaux vols est une bonne nouvelle pour l’AHRIM, l’on souligne qu’il « reste encore un gros écart en nombre de sièges pour atteindre les 1,4 million de touristes, de juillet dernier à juin 2023. Que ce soit au niveau d’Air Mauritius ou des autres compagnies d’aviation, il faut encore augmenter la capacité pour atteindre ce but ».
Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’AHRIM, affirme qu’ « un million de touristes pour 2022 est acquis, mais pour atteindre les 1,4 million, il y a encore du travail à faire et cela, notamment au niveau du nombre de sièges d’avion disponibles pour notre destination. Le nombre de sièges requis pour atteindre ce chiffre est largement au-dessus de la capacité que nous avons. Il faut redoubler d’efforts pour faire venir de nouvelles compagnies aériennes et encourager celles qui sont déjà à Maurice à augmenter leur nombre de sièges ». Selon un calcul fait par l’AHRIM, 1 412 000 sièges d’avion sont requis pour permettre à environ 776 556 touristes de venir à Maurice durant le premier semestre de 2023. Car, dans les avions, les touristes occupent environ 55 % des sièges. Les 45 % restants sont occupés par des Mauriciens, des travailleurs étrangers ou des expatriés, ou sont invendus.
À titre de comparaison, durant le 1er semestre de 2019, dernière année normale avant la pandémie de Covid-19, il y avait un nombre de 1 180 686 sièges disponibles pour permettre l’arrivée de 650 082 touristes. Pour le dernier semestre de cette année-ci, c’est-à-dire la période allant de juillet à décembre, le nombre de sièges d’avion est de 1 036 000 et il est suffisant pour faire venir les 623 444 touristes visés.
Bissoon Mungroo, président de l’Association des hôtels de charme, abonde dans le même sens. « Du 15 octobre à fin janvier, pour la haute saison, il y aura un manque de sièges. Si on veut atteindre 1,4 million d’arrivées de touristes, on ne peut se permettre de perdre des clients pour la haute saison faute de places. Car, ce qu’on perd durant la haute saison, on ne peut le rattraper durant la saison basse. »
« Un faux débat »
Or, du côté d’AHL et d’Air Mauritius, l’on affirme qu’il y a suffisamment de capacité, mais pas assez de chambres. « Si on regarde les statistiques, on fait mieux que 2019 sur une bonne partie des arrivées par pays. Il y a donc de la capacité. Une vingtaine de compagnies d’aviation desservent déjà Maurice. Si elles ne mettent pas plus de vols, c’est parce qu’il n’y a pas la demande nécessaire pour cela. Dire qu’il manque des sièges est un faux débat, car la destination mauricienne est bien servie. Par contre, les hôtels sont remplis. Le challenge sera de booster nos marchés émetteurs de touristes pour les mois de février, mars, avril et juin », devait-on indiquer dans une déclaration récente.
Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme, concède qu’il y a un souci. « Nous avons une très forte demande de la part de l’Europe de l’Ouest et même de l’Afrique du Sud, mais il y a un manque de places d’avion. C’est un problème mondial, car pendant la période de Covid-19, des compagnies ont fermé ou ont réduit leur flotte ou leur personnel. Certaines compagnies ne parviennent pas à mettre la même capacité qu’avant la Covid-19. Maurice, comme d’autres pays, est affecté », devait-il déclarer il y a quelques jours à Radio Plus, tout en précisant que les autorités travaillent d’arrache-pied pour faire augmenter le nombre de vols.
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