Les dirigeants des entreprises orientées vers l’exportation se sont réunis, le jeudi 13 avril 2023, à l’occasion de la 17e Assemblée générale de la Mauritius Export Association à l’hôtel Le Labourdonnais, Port-Louis. Dominique de Froberville, Chief Executive Officer de la Mauritius Freeport Development, a été élu à la présidence.
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La Mauritius Export Association (MEXA) a dépassé ses objectifs d’exportation pour les années 2021 et 2022. C’est ce qu’a déclaré le président sortant, Arif Currimjee. « L’année dernière, nos exportations avaient pour la première fois enregistré une performance historique. Nos revenus d’exportation ont dépassé la barre des Rs 50 milliards, ce qui représente une augmentation de 17 % par rapport à 2021 », a-t-il souligné. Ce dernier a fait comprendre que « les secteurs traditionnels ont adopté plus de complexité dans leurs produits ainsi que des améliorations technologiques. Mais l’un des facteurs importants menant au rebond de la valeur ajoutée de notre secteur exportateur est la diversification de nos produits et de nos marchés ». Cependant, Arif Currimjee a avancé que le faible niveau d’investissement industriel dans le secteur reste très préoccupant. « L’investissement dans le secteur manufacturier d’exportation, qu’il soit local ou étranger, n’est nulle part où il était il y a 14 ans », a-t-il souligné.
Selon lui, une économie saine nécessite une base industrielle durable. « La MEXA continue de plaider pour la mise en place d’un groupe de réflexion de haut niveau sur l’attraction d’activités industrielles locales et étrangères dans le pays », a-t-il dit. Selon le président sortant de la MEXA, la mise en place du comité interministériel pour la mise en œuvre du rapport McKinsey sur « Establishing Mauritius as a Regional Sustainable Textile Hub » serait une initiative prometteuse dans cette direction. Quatre types de projets, a-t-il ajouté, ont été identifiés qui peuvent générer environ Rs 10 milliards d’investissements et environ 2 % de croissance du Produit Intérieur Brut.
3 000 travailleurs étrangers « disparus »
Selon la MEXA, il faut compter environ 3 000 travailleurs étrangers portés disparus à Maurice. « Nos membres rapportent quotidiennement des fugues de travailleurs. Le gouvernement, en collaboration avec le secteur privé, doit prendre des mesures appropriées pour décourager cette tendance », a fait comprendre le président sortant de l’association. Dans ce même contexte, il a annoncé que la MEXA, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations, a lancé l’élaboration d’un « Code de conduite, de normes et de certification pour l’embauche et l’emploi de travailleurs migrants » qui servirait d’instrument important pour guider les entreprises orientées vers l’exportation dans leur recrutement, entre autres.
Le problème de manque de connectivité maritime évoqué
Le manque de connectivité maritime est une préoccupation majeure pour les exportateurs. Notre pays est desservi par trois grandes compagnies maritimes uniquement. « Les coûts de fret maritime restent plus élevés que nos concurrents et les délais d’expédition de 40 jours vers l’Europe et de 60 jours vers les États-Unis sont inacceptables par nos acheteurs internationaux », a déploré Arif Currimjee. Ainsi, la MEXA demande au gouvernement de consacrer de toute urgence une attention et des ressources immédiates pour redresser la situation portuaire actuelle. Selon l’association, la mise en œuvre du projet Island Terminal ainsi que le tant attendu Regional Feeder Vessel sont des solutions possibles.
Ils ont dit …
Sunil Bholah, ministre des Affaires et des PME :
« Il faut que les entreprises d’exportation se concentrent davantage sur la numérisation pour se diriger vers la « Smart Manufacturing ». Par ailleurs, je suis fier de constater que les usines sont de plus en plus nombreuses à investir dans l’énergie verte à travers l’installation des panneaux photovoltaïques ».
Alan Ganoo, ministre des Affaires Etrangères :
« L’Afrique est un marché potentiel pour nos exportations. Mais le fret étant très élevé décourage nos exportateurs. Ainsi, il est grand temps que nous ayons une ligne maritime pour desservir la région de l’océan Indien, l’Afrique orientale voire même l’Inde. Ce sera ma priorité en tant que nouveau président de la Commission de l’océan Indien ».
Questions à… Dominique de Froberville, président de la MEXA : « Il faut s’assurer que les nouvelles technologies soient intégrées dans nos activités »
En tant que président de la MEXA, quelles seront vos priorités ?
J’ai deux priorités. La première est de continuer à bâtir sur ce qui a été fait précédemment. Je crois fermement aux efforts entrepris par la MEXA depuis plusieurs années. Le président sortant a abattu un travail formidable pendant la COVID-19. Donc, je vais continuer à travailler sur les mêmes axes pour renforcer davantage le secteur manufacturier, ce qui va créer de nouveaux emplois et un apport de devises. Ma deuxième serait d’intégrer les nouvelles technologies. Désormais, dans ce monde dans lequel nous vivons, les nouvelles technologies sont essentielles et vont être parties prenantes dans notre façon de travailler et de vivre dans les années à venir. Du coup, il faut s’assurer que ces nouvelles technologies soient intégrées déjà dans nos activités.
Le manque de main-d’œuvre est l’un des challenges principaux pour de nombreux opérateurs économiques. Comment comptez-vous tacler ce problème ?
Il faut comprendre que c’est surtout à travers le dialogue avec toutes les parties concernées que nous allons pouvoir régler ce problème. La MEXA toute seule ne peut résoudre un problème aussi complexe. Mais nous sommes conscients de la difficulté que cela représente. Nous allons continuer le dialogue avec les autorités pour trouver des solutions.
Dans quelle mesure l’appréciation du dollar est-elle un avantage pour les exportateurs mauriciens ?
C’est un sujet délicat. Certains en bénéficient certainement de cette appréciation, mais d’autres sont perdants. C’est un challenge permanent pour la Banque de Maurice de maintenir un taux de change qui n’affecte pas les exportations mais qui, en même temps, ne crée pas un taux d’inflation élevé dans le pays. Malheureusement, il n’y a pas de formule miracle. C’est un sujet qu’il faut suivre de manière précise afin de limiter les impacts.
Quelles sont vos prévisions sur la performance du secteur d’exportation pour 2023 ?
C’est un peu trop tôt pour une analyse. Depuis le début de l’année, le bilan est assez positif. On n’a pas constaté de risques majeurs ou encore de baisses d’activités. Mais les prévisions dépendent aussi des cycles d’achat des acheteurs internationaux. La question qu’on se pose est : est-ce qu’ils vont maintenir la même tendance ?
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