Les témoignages des procès canoniques seront désormais à la disposition des autorités civiles qui le réclament. C’est ce qu’a décidé le pape François, le 17 décembre dernier. Une décision qualifiée « d’historique » et rendue publique alors qu’il célébrait ses 83 ans.
Le secret pontifical sur les cas d’abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé a été aboli par le pape François. Cette décision est considérée comme «historique », car les témoignages des procès canoniques vont être à la disposition des autorités civiles à leur demande. Dans un entretien, le père Georgy Kenny, canoniste et vicaire judiciaire du diocèse de Port-Louis, explique que « le secret pontifical concerne des informations qualifiées de sensibles par l’autorité ecclésiastique.» Il existe depuis 1974 et concernait les communications diplomatiques entre les nonciatures et le Saint-Siège ainsi que les dossiers privés et les recommandations sur les prêtres et les évêques.
Avec la décision du pape François, c’est une autre étape qui est franchie. Quand, dans le dossier d’un membre du clergé, il est fait mention d’atteinte à la dignité de la personne, le pape a décidé que le secret pontifical pouvait être levé. « Il ne faut pas confondre le secret pontifical avec le secret de la confession », précise-t-il.
Le père Kenny ajoute qu’avec l’abolition du secret pontifical, des témoignages et tout autre document qui se trouvent dans les archives du Vatican ou celles d’un diocèse pourront être consignés aux autorités civiles qui en font la demande. Cela concerne notamment des informations détenues par l’autorité religieuse à propos d’ecclésiastiques, concernant l’acquisition, la détention, voire la divulgation d’images et de textes pornographiques de jeunes gens de moins de 18 ans, obtenus par le biais de la presse ou par des moyens électroniques. « Cela ne veut pas dire que ces documents doivent devenir du domaine public ou qu’ils sont destinés à la divulgation, car la confidentialité pour les victimes et les témoins doit toujours être protégée », souligne le père Kenny.
Il ajoute que le pape François a non seulement décidé de la levée du secret pontifical, mais a aussi décidé que l’acquisition, la détention ou la divulgation, à des fins sexuelles, d’images pornographiques de mineurs de moins de 18 ans par un membre du clergé, relèveraient désormais de la catégorie des délits les plus graves.
Le père Kenny considère que la décision du pape François est un geste fort et qu’il entend rejoindre les victimes et leurs proches dans leurs demandes. « C’est aussi un geste envers tous, envers tout le monde », dit-il. Pour lui, l’Église réaffirme sa volonté de faire la vérité. C’est aussi la garantie d’un procès équitable, selon lui, car il s’agit de victimes et de coupables. « Il est clair, cependant, que ce geste s’adresse évidemment aux victimes et veut leur signifier que l’Église poursuit ce bien qu’est la vérité », dit-il.
Cette décision du pape François a été annoncée le 17 décembre, le jour de son 83e anniversaire.
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