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Sécheresse - Restrictions drastiques : le gouvernement temporise

À hier, mercredi 14 décembre, Mare aux Vacoas était rempli à 49,4 %.
  • Réservoirs remplis à 42,1 %

42,1 %. Taux de remplissage des réservoirs de l’île. À l’hôtel du gouvernement, la situation est considérée comme « critique ». Pourtant, l’on préfère ne pas instaurer de restrictions drastiques. La question se pose : pourquoi ? D’autant qu’en 2020, alors que les réservoirs étaient remplis à 45,7 % au 30 novembre, des restrictions drastiques quant à l’utilisation de l’eau avaient été imposées (voir plus loin).

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« Le Premier ministre suit la situation de près. Il accorde une attention particulière au problème d’eau », avance-t-on dans les couloirs du l’hôtel du gouvernement. On fait comprendre que la Central Water Authority (CWA) peut, à tout moment, instaurer des règlements afin d’interdire le lavage des véhicules, pavés, le grand nettoyage des maisons en cette période de fin d’année. 

Il semblerait toutefois que le gouvernement ne veuille pas « pénaliser » les Mauriciens. L’on fait comprendre qu’en raison de la pandémie de Covid-19, ils n’ont pu célébrer Noël ou le Nouvel an comme il se doit pendant deux années consécutives. « Les hôtels étaient restés fermés et même l’économie du pays ne fonctionnait pas », rappelle-t-on. « En interdisant l’utilisation de l’eau, on ne veut pas ajouter un fardeau sur le dos de la population. On n’est pas trop ‘keen’ pour instaurer des coupures drastiques où encore interdire l’utilisation de l’eau dans certains secteurs », souligne-t-on.

D’autre part, on fait valoir que le contexte social actuel n’est pas semblable à il y a deux ans. « Néanmoins, toutes les dispositions sont déjà présentes s’il faut annoncer des coupures drastiques. Si la situation ne s’améliore guère, alors la CWA va passer à une autre étape et contrôler l’eau qui est octroyée aux gros consommateurs », assure-t-on. 

Justement, que se passera-t-il si nos réserves d’eau ne cessent de baisser ? Au sein de la CWA, on indique que chaque semaine se tient une réunion de haut niveau où toutes les parties concernées, dont la station météo et la Water Resources Unit, passent en revue la situation. « Il y a un suivi de semaine en semaine depuis plusieurs mois maintenant. À ce jour, on ne peut dire pour encore combien de mois la population pourra recevoir l’eau des réservoirs », fait comprendre un cadre de l’organisme. Il déclare qu’il faut prendre en compte l’eau qui se trouve dans les nappes souterraines, les rivières ou encore les cours d’eau.

Réservoir «Capacité Moyenne 14.12.2021 14.12.2022
  (Mm3) (Mm3) % (Mm3) % (Mm3) %
Mare aux Vacoas  25,89 14,96 57,8 17,85 68,9 12,80 49,4
La Nicolière  5,26 1,92 36,5 3,23 61,4 2,92 55,4
Piton du Milieu  2,99 1,73 58,2 2,10 70,2 1,34 44,8
La Ferme 11,52 1,07 9,3 6,39 55,5 3,19 27,7
Mare Longue 6,28 1,25 19,9 4,90 78,0 4,09 65,1
Midlands   25,50 17,98 70,5 17,30 67,8 8,90 34,9
Bagatelle 14,76 - - 11,55 78,3 5,61 38,0
 TOTAL * 92,20 38,92 50,3 63,32  68,7 38,85  42,1

 

Mesures drastiques en 2020

Le lundi 30 novembre 2020, les réservoirs étaient remplis à 45,7 %. Le lendemain, soit le 1er décembre, plus personne ne pouvait utiliser l’eau fournie par la CWA à des fins domestiques et non domestiques à l’aide d’un tuyau d’arrosage, un arroseur ou tout autre appareil à pression. Un contrevenant risquait une amende n’excédant pas Rs 50 000 et une peine d’emprisonnement n’excédant pas deux ans. Dans les autres cas, il s’exposait à une amende ne dépassant pas Rs 200 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans. 

Joe Lesjongard : «La situation va empirer…»

2022 n’est « pas une année normale » car il n’a pas assez plu pour remplir les réservoirs. « L’année dernière, le niveau d’eau dans les réservoirs était nettement meilleur. Nous nous retrouvons dans une situation comme deux ans de cela », concède Joe Lesjongard. 

La CWA a identifié des « black spots ». « Mais quand nous nous retrouvons dans une telle situation, alors la CWA est sous pression. » Il intervenait lors d’une cérémonie de lancement d’un filtre à pression à Crève-cœur mercredi matin, 14 décembre.

Du reste, fait comprendre le ministre des Services publics, l’on ne doit pas s’attendre à ce que la situation s’améliore, en termes de pluviométrie, dans les années à venir. « Au contraire, cela va empirer en raison du changement climatique. »

Micro-trottoir

Gerard Verasamy, 75 ans, de Curepipe

gerard« En tant que travailleur social dans la région de Deux-Frères et Quatre-Sœurs, je suis sensible aux problèmes de fourniture d’eau auquel font face les habitants au quotidien. Ils n’ont pas de réservoir à proximité. Chaque année, c’est la même histoire. Ils déplorent le manque de soutien des députés de leur circonscription. C’est une grande souffrance pour eux. » 


Madoor Seeper, 72 ans, de L’Escalier

madoor« Certaines régions font les frais de cette sécheresse plus que d’autres. Le niveau d’eau dans les réservoirs ne connaît pas d’amélioration. C’est inquiétant. En tant qu’habitants des régions mieux loties, nous devons être solidaires envers nos compatriotes en évitant le gaspillage d’eau. » 


Hamid, 75 ans, de Curepipe

hamid« La sécheresse ne date pas d’hier. Cependant, cette année, elle est sévère et prolongée. C’est alarmant. Étant une île entourée d’eau, nous aurions dû miser sur les mesures préventives. Il aurait fallu anticiper. » 


Rashid Khodaboccus, 74 ans, d’Henrietta

« Les restrictions sont sur toutes les lèvres cet été. Ce problème touche la majorité de la population. Difficile d’y échapper. Ceci dit, c’est chagrinant de devoir se plaindre du manque d’eau alors qu’en tant qu’île, nous sommes entourés d’eau. Les autorités auraient dû mieux anticiper afin de soulager les régions affectées. »


Joseph, 70 ans, de Curepipe

« Certes, il y a un gros problème de fourniture d’eau en cette période de sécheresse. Mais en tant que Curepipiens, nous avons la chance d’être moins touchés. J’encourage les Mauriciens mieux lotis à penser aux autres en économisant l’eau afin de permettre une distribution équitable en cette période difficile. »


Shabneez, 40 ans, de Curepipe

« Nul n’est épargné cet été. C’est inquiétant. Nous aurions dû exploiter les cours d’eau, rivières, lacs entre autres, pour contrecarrer les effets de la sécheresse. Les autorités nous promettent une fourniture d’eau 24/7 alors qu’on peine face à la sécheresse chaque année. C’est ridicule ! »  

 

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