Sécheresse extrême : le Midlands Dam et le Bagatelle Dam remplis à moins de 30 %

La Ferme affiche un taux de remplissage de 15 %, ce qui rend son eau inexploitable. D’autres réservoirs sont sur le point de lui emboiter le pas s’il ne pleut toujours pas : le Midlands Dam et le Bagatelle Dam dont le niveau est descendu en dessous de la barre de 30 %. 

Plus les jours passent, plus la situation par rapport à l’eau s’aggrave. L’absence des pluies d’été, qui sont tant attendues, ne fait que l’exacerber. Le niveau des réservoirs empire. Au vendredi 13 janvier 2023, ils étaient remplis à 32,1 % en moyenne, alors qu’au même moment l’année dernière, ils l’étaient à 71,9 %. Un contraste édifiant. 

Mais ce que la Water Resources Unit (WRU) note de plus inquiétant est que le niveau de deux réservoirs, qui approvisionnent une très grande partie des abonnés de la CWA, est passé en dessous de la barre des 30 %. Le Midlands Dam est rempli à seulement 23,2 %, tandis que le Bagatelle Dam est à 28,8 % de sa capacité. 

« Maintenant que le Midlands Dam affiche un taux de remplissage de 23,2 %, il faudra fermer les vannes. Cela aura définitivement un impact car il alimente le réservoir de La Nicolière. L’eau de celui-ci s’asséchera plus rapidement. Ce qui impactera les habitants du Nord », explique un cadre de la Central Water Authority (CWA). 

Il concède que ces derniers reçoivent l’eau des nappes souterraines, mais il précise que celle de La Nicolière joue également un rôle important. « Néanmoins, on continuera de puiser le maximum d’eau jusqu’à ce que la situation retourne un peu à la normale », espère-t-il. 

Le cadre fait ressortir que si le niveau de l’eau du Midlands Dam et du Bagatelle Dam descend à moins de 15 % au cours des prochaines semaines, l’eau sera inexploitable. « En ce moment, c’est uniquement l’eau de la Ferme qui est inexploitable car le niveau de ce réservoir, qui est d’abord descendu à 18,1 % le 13 janvier 2023, est désormais de 15 %. Mais heureusement que cette eau est utilisée pour l’irrigation. » 

Le Water Resources Monitoring Committee suit également de près la situation des autres réservoirs. Une réunion aura lieu cette semaine. Les services météorologiques devraient fournir des précisions sur le temps qu’il fera durant les prochaines semaines. 

Au sein du ministère de l’Énergie et des Services publics, on indique que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, suit la situation de près. Il a donné des consignes pour exploiter le maximum de ressources en eau que possible. « Si la situation se complique davantage, il y aura des coupures encore plus drastiques afin de garder un stock d’eau le plus longtemps possible », prévient un cadre du ministère. 

Le Water Resources Monitoring Committee compte solliciter l’aide des hôtels si les averses tardent encore. Pas moins de 13 hôtels s’adonnent au dessalement de l’eau de mer, mais à petite échelle et pour leur propre consommation. Tout le système se trouve au sein même de leur établissement. 

« C’est certes un peu compliqué d’acheminer l’eau jusqu’au réseau de la CWA. Mais si la situation perdure, nous serons contraints de solliciter l’aide de ces hôtels. C’est l’une des options discutées par rapport au ‘water mix’, c’est-à-dire une solution afin que les gens aient un minimum d’eau si le pays ne reçoit toujours pas d’averses au cours de ce mois », indique le cadre du ministère. 

La CWA étudie plusieurs scénarios en ce moment. L’un d’eux est d’installer davantage de Containerized Pressure Filters dans les rivières pour acheminer l’eau jusqu’à son réseau. 

Autre mesure qu’elle prendra s’il ne pleut toujours pas : récupérer l’eau des stations hydroélectriques du Central Electricity Board à Ferney et à Champagne. Elle compte installer un barrage pour traiter cette eau avant de l’intégrer au circuit de distribution. Un autre projet similaire est aussi envisagé à Grande-Rivière-Sud-Est au niveau de Pont Lardier. 

Les 15 prochains jours s’annoncent donc cruciaux, selon le cadre de la CWA. « Les deux prochaines semaines s’annoncent décisives. S’il n’y a pas d’averses dans les régions dotées de réservoirs, la situation deviendra encore plus critique », prévient-il. 

Réservoirs : un taux de remplissage nettement inférieur à celui de 2022 

Le taux de remplissage moyen des réservoirs est peu reluisant. À la vitesse dont le niveau baisse, cela laisse présager le pire s’il ne pleut pas abondamment et au bon endroit dans les prochains jours. Le taux est nettement inférieur à celui auquel il s’élevait à pareille époque en 2022.

Météo : des averses attendues à partir de ce mercredi 

Les réservoirs du pays devraient connaître une amélioration vers la fin de cette semaine. C’est en tout cas ce qu’estime la station météorologique dans ses prévisions. Elle anticipe des averses d’ici la fin de la semaine. « On attend de la pluie à partir de ce mercredi. Cela devrait perdurer jusqu’au samedi 21 janvier 2023. Le plus important est qu’il y aura un système dans notre parage. Mais jusqu’à présent, on ignore où il sera exactement. C’est principalement ce système qui amènera de la pluie », explique un prévisionniste. Il indique que pour le moment, il est difficile de savoir si le pays recevra 100 millimètres de pluie par jour dans une région. « Il faudra attendre qu’il y ait des nuages pour faire d’autres prévisions », fait-il comprendre.

Les précipitations mensuelles pour janvier et février seront inférieures à la normale. Les précipitations estivales cumulées devraient être inférieures à la normale (70 % de la moyenne à long terme 1991-2010) avec environ 945 mm sur Maurice et environ 490 mm sur Rodrigues. 

À partir de la deuxième quinzaine de janvier et ce jusqu’à fin avril 2023, les conditions atmosphériques devraient devenir propices à l’apparition de phénomènes météorologiques extrêmes, tels que des orages violents et des précipitations.