Si les grosses pluies d’été espérées à partir de la mi-décembre font faux bond, il faudra s’attendre à des mesures drastiques. Le déficit en eau est de 27 % en comparaison à l’année dernière, à la même époque.
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Maurice risque de se retrouver dans une situation très difficile si la période sèche persiste et que les grosses averses attendues à partir de la mi-décembre ne tombent pas. Il faudra s’attendre à des coupures d’eau durant la majeure partie de la journée. Et des mesures extrêmes comme des interdictions d’arroser et de laver les véhicules, entre autres, ne sont pas à écarter.
Notre capacité de stockage était de 55,2 % au mercredi 23 novembre, selon le directeur de la Water Resources Unit (WRU) Lomush Juggoo. Ce qui représente un déficit de 27 % en comparaison à l’année dernière à pareille époque. La situation est, pour l’heure, considérée comme étant « inquiétante », « sérieuse » mais « gérable » selon lui et Sunil Gopal, responsable de la Central Water Authority (CWA).
N’empêche, de nombreuses familles se plaignent des difficultés qu’elles rencontrent d’ores et déjà pour s’approvisionner en eau potable. « Ma fille et moi n’avons pas d’eau pour prendre le bain ou pour boire après le travail », a soutenu Marie-France de Mahébourg au cours de l’émission L’actualité commentée animée par Prem Sewpaul le dimanche 27 novembre.
Il lui arrive des fois de veiller au milieu de la nuit pour s’assurer que son réservoir a eu suffisamment d’eau pour pouvoir lancer sa machine à laver. Elle a aussi déploré que le camion-citerne de la CWA ne passe pas régulièrement.
Marie-France a plaidé en faveur d’une utilisation judicieuse de l’eau en cette période sèche pour une meilleure gestion du stock disponible actuellement. Comme elle, les habitants du Sud ont été nombreux à faire part de leurs griefs concernant la fourniture d’eau au cours de l’émission.
D’autres connaissent eux aussi des moments difficiles, à l’instar d’Afsa M., la trentaine. « L’eau coule au compte-gouttes une heure le matin et une heure l’après-midi. Hier matin, l’eau n’a coulé que 30 minutes seulement », s’insurge l’habitante de Surinam.
Si elle dispose d’un réservoir d’eau, elle a du mal à le remplir en raison du manque de pression. La famille a dû prendre des bouteilles et seaux pour le remplir à partir d’un robinet au rez-de-chaussée. Afsa M. raconte qu’elle a dû prendre de l’eau embouteillée pour laver un enfant souffrant de la diarrhée il y a quelques jours et avance qu’elle a aussi du mal à faire sa lessive et vaisselle.
Adrien, de Coteau-Raffin, connaît les mêmes contraintes car l’eau ne coule pas du robinet depuis plusieurs jours. Il a téléphoné plusieurs fois sur la hotline de la CWA, sans succès. « Ça nous pose beaucoup d’inconvénients de ne pas avoir de l’eau régulièrement, surtout avec les enfants », lâche-t-il.
Mesures
Conscient du problème, le ministère de l’Énergie et des services publics a mis sur pied un Water Resources Monitoring Committee. Ce comité technique conjoint est composé de représentants de la WRU, CWA, Irrigation Authority (IA) et du Mauritius Meteorological Services, selon Lomush Juggoo. Différentes mesures ont déjà été prises pour gérer le stock d’eau disponible et assurer la distribution en dépit de la situation.
Ainsi, depuis une semaine, seuls les habitants de la région de l’Ouest sont sous le coup de mesures drastiques avec une fourniture de 15 heures à 21 heures, soutient la CWA. Pourtant, des habitants d’autres régions du pays, dont le Sud, se plaignent également d’un manque d’eau. C’est à travers son réseau de distribution de camions-citernes que la CWA approvisionne ceux qui ont des difficultés pour avoir l’eau du robinet dans cette partie de l’île en raison de la topographie du terrain.
D’autres régions pourraient se retrouver dans la même situation si les grosses pluies d’été ne tombent, prévient Sunil Gopal. « Nous dépendons de la pluviométrie pour remplir nos réservoirs et les nappes phréatiques » rappelle-t-il.
Appel à une utilisation judicieuse de l’eau
L’heure est grave. Afin de pouvoir assurer la distribution d’eau en attendant une amélioration de la situation avec le retour de la pluie, la CWA lance un appel pour une utilisation judicieuse du précieux liquide. Une campagne de communication et de sensibilisation avec des spots publicitaires est diffusée à travers les médias pour demander au public d’utiliser l’eau avec modération et d’éviter de laver sa voiture ou de faire de grands lavages alors qu’approche la période des festivités. « Nous devons pouvoir faire preuve de retenue en ces temps difficiles », souligne Sunil Gopal.
Plan d’urgence
Un plan d’urgence concernant l’approvisionnement en eau a été établi par la CWA. Il sera mis en pratique en fonction de l’évolution de la situation, affirme une source proche du dossier. « Le nouveau système gravite autour d’un meilleur approvisionnement dans les ‘water stressed areas’ reparties à travers le pays », explique-t-on.
Les ingénieurs et autres techniciens étudient actuellement la situation sur le terrain. « Si les précipitations estivales interviennent au début, voire vers la mi-décembre, nous n’allons pas enclencher le système d’urgence », fait-on comprendre.
Camions-citernes supplémentaires
Afin d’améliorer sa distribution d’eau potable et faire face à la grande demande dans les régions du Sud, l’Est et une partie du Nord, la CWA a fait appel à des opérateurs de camions-citernes privés. Cela, afin de consolider sa flotte qui est composée de 35 camions-citernes pour couvrir les six zones de distribution d’eau par camion.
Selon Sunil Gopal, hormis la région des hautes Plaines-Wilhems, toutes les autres rencontrent des difficultés pour s’approvisionner en eau potable actuellement en raison de la baisse de la production. Avec l’aide des camions-citernes privés, la CWA pense pouvoir soulager les habitants des régions qui éprouvent des difficultés.
La CWA cherche également de nouvelles sources d’approvisionnement en eau. Dans l’Est, un Containerized Pressure Filter (CPF) a été installé à Constance pour assurer la distribution à Poste-La-Fayette et les régions avoisinantes. À travers ce système, l’eau est puisée des cours d’eau et nappes phréatiques, elle est traitée avant d’entrer dans le réseau de distribution de la CWA.
Mais quand le pays traverse une période de sécheresse, les ressources en eau de divers points de captage (réservoirs, cours d’eau et nappes phréatiques) commencent à baisser, ce qui fait que la production en eau diminue également.
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