À 54 ans, elle se retrouve pour la seconde fois à la rue. Si en 2014, elle a pu se réfugier dans un couvent, depuis septembre, c’est sur les bancs d’un hôpital que Dhucoomanee Ramkissoon passe ses nuits pour être à l’abri du danger et des caprices du temps.
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Elle ne sait – littéralement – pas à quelle porte frapper. Dhucoomanee Ramkissoon se retrouve sans domicile fixe pour la seconde fois. La nuit, cette célibataire de 54 ans trouve refuge dans un hôpital et s’endort tristement sur un banc de l’établissement, avec tout l’inconfort qui se devine et le froid. C’est la gorge nouée et les larmes plein les yeux que notre quinquagénaire nous conte ses malheurs, à défaut de les compter…
Auparavant, relate Dhucoomanee Ramkissoon, elle vivait en compagnie de ses proches. Toutefois, en raison de conflits familiaux, elle décide de trouver refuge dans un couvent en 2014. Après un an, soit en octobre 2015, elle décroche un emploi comme bonne à tout faire chez une famille habitant dans le Nord. « Mon employeur était amputé des deux pieds. Je m’occupais de tout là-bas. J’y étais aussi logée et nourrie », raconte-t-elle.
Dormir le ventre vide
Dhucoomanee nous confie qu’elle devait travailler dans des conditions difficiles et subissait fréquemment des humiliations. Jusqu’en septembre dernier, où les choses ont dégénéré. « Bourzwa-la ti kontan maltret mwa. Sa zour-la, linn bat mwa ek linn met mwa deor dan travay akoz enn palab. Monn met enn lantre lapolis et monn pran form 58 parski mo ti blese dan mo lame », affirme la quinquagénaire, qui s’est ensuite rendue à l’hôpital SSRN pour recevoir des soins.
Notre interlocutrice se retrouve ainsi du jour au lendemain à la rue. N’ayant nulle part où aller, malgré ses démarches, elle décide de squatter les bancs de l’établissement hospitalier la nuit, pour être à l’abri d’un éventuel danger sans pour autant, assure-t-elle, déranger personne. « Je suis une femme seule et il y a beaucoup d’hommes qui m’ont approchée pour profiter de la situation », lance-t-elle.
Depuis trois semaines, les jours passent et se ressemblent pour Dhucoomanee. « Chaque matin, je prends le premier bus pour Port-Louis. Je ne demande ni la charité ni à manger. Parfois, certaines personnes qui me connaissent m’offrent de la nourriture. Il y a des jours aussi où je m’endors le ventre vide et je ne bois que de l’eau pour survivre », poursuit péniblement la SDF, ajoutant qu’elle remonte dans le dernier bus pour regagner l’hôpital dans l’après-midi.
Sa présence ne passe pas inaperçue au sein de l’établissement. « Tou dimounn ki vinn lopital trouv mwa pe dormi lor ban. Lapolis ki travay laba dir mwa si mo pa ale zot pou ferm mwa. Mo dir zot mo aksepte ferm mwa, me mo pou dormi lamem parski mo pena lot plas pou ale. Mo enn madam, mo pa kapav dormi lor lari. Mo demann gouvernman ed mwa fer mwa gagn enn lakaz », lance-t-elle entre deux sanglots.
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