Il est difficile de trouver les mots justes pour décrire toute la détresse qu’on lit sur le visage de cette femme. Avec sa fille de quatre ans, Martine a élu domicile dans une maison abandonnée de la capitale pour se protéger des intempéries. Rencontre avec une SDF qui réclame une deuxième chance à la vie.
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Si certains sont obligés de quitter leurs maisons inhabitables pour des centres de refuge, d’autres, comme Martine, n’ont pas de maison. L’ouverture du centre de refuge a été une aubaine pour la jeune femme qui ne souhaitait pas passer une nuit de plus à la rue avec son enfant.
Alors qu’un avertissement de cyclone de classe III était en vigueur à Maurice, les policiers l’ont vu errant dans la rue. Ils l’ont conduite au centre communautaire de Roche-Bois. Maintenant que le cyclone Berguitta est parti, Martine aussi doit s’en aller. Si autrefois, elle habitait chez des proches, elle relate qu’il ne lui est plus possible de supplier pour un toit et quémander un peu de nourriture chaque soir.
À voir ce petit bout de femme, on peine à imaginer tout ce qu’elle a enduré. Pourtant, les difficultés et les épreuves, elle en connaît et a dû les surmonter, souvent seule. Ex-toxicomane, elle est mère de trois enfants, donc deux habitent avec leur père. « Je buvais tous les jours avec mon père, mes parents sont décédés ainsi que ma grand-mère, c’est pourquoi je me suis retrouvée seule. » Son troisième enfant, une fille de quatre ans que nous prénommons Nadia, est avec elle. Le père de la gamine n’est autre qu’un SDF de la capitale qu’elle voit de temps en temps à Port-Louis.
« Ce n’est pas facile de dormir dans la rue. On se fait voler et agresser quasiment tous les jours. Si on arrive à se procurer un portable aujourd’hui, durant la nuit, quelqu’un vous le vole. » Le père de Nadia lui apporte un peu de nourriture quand il travaille. Sinon, il passe ses journées au Jardin de la compagnie et dort près de la magistrature. « Souvent le soir, je ne sais plus où il est, alors chacun dort de son côté ».
«À l’hôpital pour regarder la télé»
Si Martine traîne les rues tous les jours, elle n’est pas toujours avec sa fille, car elle tient à ce que la petite aille à l’école. « Mo al kit li lekol apre mo al trase », dit-elle. « So miss lekol ed nou boukou. Li donn nou inpe dite dan gramatin apre li donn mo tifi manze ». La jeune femme explique qu’elle est très reconnaissante envers cette enseignante qui n’hésite pas à lui offrir un petit boulot de temps à autre pour qu’elle achète de quoi manger le soir. « Mo tifi kontan lekol ». Nadia aime aussi regarder la télé, surtout les dessins animés. « J’emmène souvent ma fille à l’hôpital pour regarder la télé. » Puis elles s’en vont dormir dans une maisonnette abandonnée. « Me kan ena lapli nou kasiet nou dormi dan lopital mem ».
Martine avoue ne pas avoir sollicité les autorités pour qu’on ne lui enlève pas son enfant. « Mo kontan mo tifi mwa. Mo fer tou pou li. Mo donn mo lekor mo vann tou pou li, mo vann mo mem ». Sa voix se casse et des larmes lui coulent sur les joues. « Dan lari, dimoun inn bat mwa, explwat mwa ek agress mwa me mo touzour protez mo zanfan ». Elle ajoute avec détermination : « Mo ena enn rev pou li. Mo anvi tir li ladan. Mo anvi ena enn lakaz pou li ». La fillette qui jusqu’ici dormait à poings fermés se réveille. Elle semble avoir tout compris et enlace sa mère.
La maison où Martine comptait passer la nuit se trouve en pleine capitale dans un quartier qui se transforme petit à petit en lieu commercial. Elle est partiellement détruite. Des morceaux de verres jonchent le sol ainsi que des vieux meubles et des ordures en tout genre. La maison est horrible. Infestée de rats, elle sent terriblement mauvais. Un chat mange des restes d’un morceau de poulet, non loin de son enfant qui dort sur un oreiller qui semble avoir été abandonné sur les lieux. À côté d’elle, des sacs contenant quelques vêtements, une brosse à dents et des chaussures pour Nadia. Bref, un spectacle qui fait mal au cœur et qui nous projette violemment dans la dure réalité de la vie de ces personnes qui se battent au quotidien pour survivre dans la rue…
Sauvons Martine et Nadia de la rue
Aucun être humain ne mérite de vivre dans de telles conditions. Après avoir pris connaissance de la situation Martine et Nadia, une association a été contactée pour leur offrir un abri. Cependant, c’est une solution temporaire en attendant de leur trouver une solution définitive. Martine a besoin d’un travail pour gagner suffisamment d’argent pour bénéficier d’une maison de la NHDC. En attendant, sa fille continuera à aller à l’école. Il lui faut un uniforme, des chaussures, des fournitures scolaires et de la nourriture. Elles méritent un coup de pouce.
Appelez au 5256 5154 si vous souhaitez les aider.
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