
Ancienne lauréate, Yakshmi Ellapen, diplômée en ingénierie électronique et finance, a travaillé comme analyste financière certifiée. Depuis son retour à Maurice, elle évolue dans la gestion d’investissements. Elle partage son parcours avec Le Dimanche/L’Hebdo à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
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Si vous pouviez remonter le temps, quel message adresseriez-vous à la jeune fille que vous étiez avant de vous lancer dans la science ?
Je lui aurais dit que la vie ne suit pas un chemin linéaire. J’ai commencé par les sciences, mais je me suis par la suite orientée vers les services financiers.
Pourquoi ce choix ?
L’esprit scientifique est valorisé dans la plupart des milieux professionnels et c’est d’une grande aide dans mon travail actuel. De plus, de nombreuses compétences sont transférables.
Quelle est la découverte ou l’innovation qui a changé votre regard sur votre propre domaine ?
Je pense que ce sont les semi-conducteurs. Ils ont permis le développement de l’électronique moderne qui a rendu possibles de nombreuses avancées en informatique, automatisation et télécommunications. Ces progrès ont complètement révolutionné notre façon de vivre, de travailler et de communiquer.
Avez-vous déjà ressenti le syndrome de l’imposteur dans votre parcours ?
Je l’ai ressenti lors de ma reconversion vers la finance. C’est un sentiment normal et courant, peu importe ses réussites ou ses capacités.
Personnellement, je trouve que c’est difficile de le surmonter à 100 %, mais il faut se rappeler que ce n’est qu’un sentiment et non un reflet de ses véritables capacités.
Si votre métier devait être résumé en un objet du quotidien, lequel serait-ce ?
La levure de boulangerie me vient à l’esprit. La levure fait lever la pâte. Je travaille dans le domaine de l’investissement, qui consiste à faire croître les actifs au fil du temps. Dans les deux cas, la patience est essentielle et il faut de bonnes conditions pour permettre une croissance !
Quel stéréotype ou préjugé sur les femmes dans le domaine des sciences vous agace le plus ?
L’idée préconçue que les femmes ne sont pas « faites » pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). C’est surtout l’environnement majoritairement masculin qui peut décourager les femmes de s’y engager.
Quelle est la question que l’on ne vous pose jamais mais à laquelle vous aimeriez répondre ?
Je pense que c’est : « Quel sens trouvez-vous dans votre activité professionnelle ? ». Dans la société moderne, les gens parlent souvent de titres, de promotions, de succès et de gains matériels, etc., mais pas assez souvent de sens.
Si vous pouviez dîner avec une femme scientifique vivante ou disparue, qui choisiriez-vous et que lui demanderiez-vous ?
Je dirais Gladys West. Elle est, à la base, une mathématicienne et elle est connue pour ses contributions aux systèmes de positionnement par satellites (GPS). Je lui demanderais si elle pourrait aussi développer un GPS pour nous aider sur le plan professionnel ! (Rires)
Votre travail vous a-t-il déjà amenée à vivre une situation inattendue ?
Je venais de débuter ma carrière à Londres lorsque la crise financière a éclaté. Cette expérience m’a marquée en raison de l’énorme volatilité des marchés financiers à cette époque. Jeune diplômée, je ne m’y attendais pas.
Que diriez-vous à une jeune femme qui hésite à se lancer dans votre domaine ?
Je lui conseillerais de contacter des personnes qui travaillent déjà dans le domaine, via LinkedIn, ou en participant à des salons de l’emploi. Cela pourrait l’aider à clarifier ses doutes et trouver des mentors dans le domaine.
Si vous deviez décrire votre métier en une phrase qui intrigue, laquelle serait-ce ?
Je pense que ce serait : « Someone is sitting in the shade today because someone planted a tree a long time ago. » Cette citation du CEO Warren Buffett met en avant l’importance de la planification et de l’investissement.
Selon vous, quelle invention devrait exister pour faciliter la vie des femmes au quotidien ?
(Rires) Un téléporteur ! Cela offrirait aux femmes une plus grande flexibilité pour gérer à la fois leur carrière et leur vie familiale, tout en libérant du temps pour elles-mêmes.
Si vous deviez nommer un élément du tableau périodique en l’honneur d’une femme, quel serait son nom et pourquoi ?
Emmeline Pankhurst, pour sa lutte pour l’égalité des genres et les droits des femmes à travers le monde.
Quelle expérience scientifique résume le mieux le fait d’être une femme aujourd’hui ?
Je dirais l’expérience de la double fente en physique. Ce concept de dualité onde-particule fait quelque peu penser à la polyvalence des femmes, qui sont capables d’assumer différents rôles selon les circonstances.
Quelle serait la plus grande découverte : l’égalité salariale ou une percée révolutionnaire ?
L’égalité salariale. Cela peut encourager la participation des femmes, et plus de diversité de genre peut mener à des percées révolutionnaires grâce à l’apport de nouvelles perspectives.
Si vous deviez expliquer l’égalité hommes-femmes avec une loi scientifique, laquelle choisiriez-vous ?
La première loi de Newton ou la loi de l’inertie qui stipule que : « Un objet au repos restera au repos et un objet en mouvement continuera de se déplacer à une vitesse constante en ligne droite, à moins qu’une force extérieure n’agisse sur lui ». Nous avons besoin d’actions intentionnelles pour éviter l’inertie et faire progresser les choses en matière d’égalité des genres.
Quel superpouvoir scientifique rêveriez-vous d’avoir pour affronter les défis du quotidien en tant que femme ?
(Rires) Je m’accroche à l’idée du téléporteur mentionnée plus haut !
Si on remplaçait les stéréotypes de genre par des formules mathématiques, à quoi ressemblerait l’équation parfaite ?
Je dirai 0,5 + 0,5 = 1, pour évoquer l’idée de coopération où deux parties égales se réunissent pour un objectif commun.
Quel objet scientifique symbolise le mieux la place des femmes dans la société aujourd’hui ?
La balance, symbole de la justice et de l’égalité. Les femmes d’aujourd’hui luttent pour des droits égaux, sur les plans salarial, politique ou social, et réclament un monde plus équitable.
Selon vous, quelles mesures pourraient être prises pour protéger davantage les femmes des agressions et leur permettre de vivre pleinement dans l’espace public en toute sécurité ?
Le durcissement des lois et des sanctions, le renforcement de la présence policière et de la surveillance, sont des mesures qui peuvent aider. Cependant, l’éducation, la sensibilisation et la promotion des valeurs dans la société sont les meilleurs moyens préventifs.
Pour conclure cet entretien, quel est votre message à l’occasion de la Journée internationale des femmes 2025 ?
Aide-toi et le ciel t’aidera. Il est important de prendre en main son propre destin et de se donner les moyens de réussir tout en restant ouverte aux opportunités et aux soutiens qui nous entourent. Il s’adresse particulièrement aux femmes dans leur lutte pour un avenir plus égalitaire, tout en étant un message universel.
Bio Express
Lauréate du Queen Elizabeth College en 2002, Yakshmi Ellapen s’est classée deuxième dans la filière scientifique. Elle a poursuivi un MEng en Electronic Engineering with Communications Engineering à l’University College of London, suivi d’un MSc en Finance. Chartered Financial Analyst, elle cumule 17 ans d’expérience dans la finance, dont les huit premières années à Londres dans les technologies de trading d’actions. Elle est passionnée de musique, de voyages et de spiritualité.

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