School Certificate 2023 : quel avenir pour les 60 % d’élèves qui ne peuvent accéder au Grade 12?

Les résultats du School Certificate sont officiels depuis le 18 janvier. Presque 60 % des 12 919 candidats ne pourront pas accéder à la Grade 12. Ces derniers sont découragés. Mais, selon les pédagogues, il y a des solutions. Tour d’horizon.

5 210 sur 12 919. C’est le nombre d’élèves qui sont promus en Grade 12 après la proclamation des résultats du School Certificate (SC) cuvée 2023. La différence, soit 7 709, ne pourra pas poursuivre dans cette voie. Le taux de réussite cette année est de 73,71 %. 

Pour Lindsay Thomas, pédagogue, « l’éducation est un thème qui met souvent le feu aux poudres des passions les plus exacerbées. Le pédagogue que je suis est gagné à la cause de la croissance intégrale des jeunes qui me sont confiés. Je participe à la construction d’une nation au sein de laquelle il fait bon vivre. »

Le sujet qui fait polémique ces jours-ci est le faible pourcentage d’élèves qui ont obtenu cinq credits lors des récents examens du SC. Six élèves sur dix ne pourront pas accéder à la Grade 12 et participer éventuellement aux examens du Higher School Certificate (HSC). 

Le pédagogue pose certaines questions : « quel est le but ultime de l’éducation ? » La réussite académique, ponctuée de diplômes qui ouvrent les portes du monde du travail, semble faire l’unanimité. Nul ne peut contester ce paradigme qui a régné sur le monde depuis des temps immémoriaux. 

Mais la rapidité, la variété et la complexité des changements philosophiques, scientifiques/technologiques et sociétaux ont érigé des obstacles. Leur franchissement requiert des compétences autres que la simple acquisition des savoirs et leur validation par le présent système de contrôles (examens). Nous serons coupables de ne pas en tenir compte et de ne pas nous réinventer.

Lindsay Thomas cite Maria Montessori, mondialement connue pour la méthode pédagogique qui porte son nom. « If education is always to be conceived along the same antiquated lines of a mere transmission of knowledge, there is little to be hoped from it in the bettering of man’s future. For what is the use of transmitting knowledge if the individual’s total development lags behind ? », fait-elle observer.

Selon lui, « la réforme éducative enclenchée par le présent gouvernement repose sur certaines solides fondations philosophiques et éthiques. Mais elle pêche par une approche réactive et trop centraliste. Il faut parer au plus pressé et ne pas vouer les détenteurs des trois et quatre credits à la détresse de la culpabilisation, du découragement et de l’abandon. Beaucoup de ces élèves ont décroché un SC Pass ou un GCE Award. Et les pédagogues de carrière savent pertinemment que la réussite aux examens du HSC est « well within reach » de certains à qui la chance d’aller plus loin est offerte. »

Lindsay Thomas fait ressortir qu’il existe des voies alternatives au HSC. Et selon lui : « les élèves et leurs parents méritent notre empathie et sauront se montrer dignes de l’opportunité offerte. Une solution « win-win » serait de permettre aux détenteurs de quatre credits d’accéder à la Grade 12 avec l’obligation de participer aux examens tenus par Cambridge en mai/juin ou en octobre/novembre courant pour obtenir le credit manquant. » 

Ce faisant, ils ne seraient éligibles pour les examens du HSC que s’ils peuvent faire valoir leurs cinq credits « in not more than two sittings » au moment de l’inscription à ces examens. « Nous ne réduisons pas la taille de l’arbre que nous invitons à grimper. Mais dans un élan de compassion, nous plaçons les élèves dans un environnement moins hostile et plus propice à la réalisation de leurs objectifs. » 

Séisme académique

Djameel Soobadar, CEO de Myscore, décrit l’annonce des résultats du SC cuvée 2023 comme un séisme académique. « Six élèves sur dix ne pourront pas atteindre la fin du cycle secondaire. De plus, le pourcentage d’élèves entrant-sortant du primaire au secondaire est de moins de 10 %. Pire encore, la note moyenne dans certaines matières pour obtenir un crédit est de 31 sur 100. »

Ce dernier s’interroge sur la situation. « Pourquoi en est-il ainsi alors qu’on hérite directement d’un remarquable système éducatif anglo-saxon ? Est-ce que les politiques éducatives actuelles ne répondent plus aux problématiques de l’enseignement ? Ne serait-il pas nécessaire et urgent de proposer un plan stratégique avec des objectifs concrets pour rehausser le niveau ? »

Djameel Soobadar, cite l’enquête du Programme international pour le suivi des élèves. On trouve parmi les indicateurs clés dans l’évaluation d’un système éducatif, le nombre d’élèves terminant leurs études secondaires en vue de commencer des études tertiaires.

« L’ingérence des autorités peut avoir une incidence négative sur les résultats. La majorité des collèges souffre de moyens insuffisants pour offrir une prestation de qualité à leurs élèves. »

Pour Djameel Soobadar, la distribution tardive des livres scolaires dans les collèges et le manque d’enseignants dans les établissements ont contribué à cette situation. « Dans souvent des cas, on note l’approche totalitaire des organismes auprès des producteurs de savoir. Ce qui réduit leur périmètre d’action, allant ainsi à l’encontre du school based management. La mise en place d’une “convention de partenariat" axée sur le dialogue entre les autorités gouvernementales et les établissements secondaires publics/privés, serait un levier important dans cette démarche qualitative. »

Il propose, entre autres, de revoir le temps d’apprentissage à la hausse en adoptant une solution hybride en présentiel et en ligne. Ce qui augmentera l’acquisition de connaissances et du savoir. « La plateforme numérique myscore a été conçue avec ce même objectif à double focale enseignement/suivi du progrès. C’est afin d’améliorer la performance académique des apprenants. Il y a une obligation morale de penser au résultat et de renforcer le fonctionnement du système éducatif. »

Pour lui, il est grand temps de penser aux dispositifs d’évaluation portant sur les résultats des systèmes éducatifs comme un vecteur d’amélioration et de pilotage des réformes. Il est d’avis que les décideurs politiques doivent être informés des résultats de leurs actions, pour les ajuster.