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Schizophrénie : marche de solidarité pour dire non aux préjugés

Beaucoup de préjugés entourent les maladies mentales. Selon Neetysha Sawoky, directrice de Friends in Hope, qui s’occupe de la prise en charge des personnes atteintes de schizophrénie, il faut briser le tabou.

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L’organisation non gouvernementale Friends in Hope organise une marche de solidarité, le samedi 14 octobre, pour sensibiliser le public aux troubles mentaux. Marchons ensemble pour une île Maurice sans préjugés, c’est le thème de cette marche. Elle va démarrer à 10 heures à la promenade Roland-Armand, à côté du collège Lorette de Rose-Hill. Les participants vont marcher jusqu’à l’hôpital Brown-Séquard, à Beau-Bassin.

Jenita Gooniah

Dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre prochain, Neetysha Sawoky aborde le thème de la journée, qui s’articule autour de la santé mentale au travail. « La santé mentale au travail est aussi importante que la santé physique », dit-elle. Et avec tous les objectifs à atteindre, un employé a besoin d’un environnement de travail convivial, afin de pouvoir donner le meilleur de lui-même, souligne la directrice de Friends in Hope.

Elle déplore, cependant, qu’avec tous les objectifs à atteindre et les échéances à respecter, certains employés n’arrivent pas à trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ce qui peut être néfaste pour leur santé mentale.

« Cette situation peut aboutir au stress, à une attitude colérique ou éventuellement à la dépression et à d’autres troubles mentaux », dit Neetysha Sawoky.

Il y a un devoir, du côté des employeurs, de créer un cadre de travail sain au sein dans lequel un employé se sentira suffisamment à l’aise pour parler de ses troubles mentaux à la direction, sans craindre d’être licencié à cause de cela.

Se référant au rapport de la Fédération mondiale pour la santé mentale, Neetysha Sawoky affirme qu’une personne sur quatre est touchée par un trouble mental dans le monde.

Neetysha Sawoky

Par ailleurs, Friends in Hope ne s’occupe pas uniquement des personnes atteintes de schizophrénie, mais aussi d’autres troubles mentaux, tels que la dépression, le trouble bipolaire et le trouble obsessionnel compulsif.

Diverses thérapies sont proposées aux bénéficiaires, afin qu’ils puissent mieux s’intégrer dans la société. C’est ce qu’explique la Rehabilitation Officer, Jenita Gooniah.

L’ONG propose principale-ment des thérapies individuelles ou de groupe, dépendant des cas. Parmi les activités proposées : le théâtre, des jeux, des ateliers protégés, comme le jardinage, la cuisine et l’entretien. Ces activités visent à aider les participants à se retrouver dans un espace de travail, afin de démontrer leurs aptitudes à travailler. Des thérapies de paroles sont aussi proposées, afin de les aider à développer des capacités et à exprimer leurs besoins.

Toutes les activités visent aussi à leur donner confiance en eux, mais la société doit aussi se montrer compréhensif à leur égard, souligne Jenita Gooniah. 

Dr Vinod Ramkoosalsingh : «La schizophrénie peut être guérie dans 80 % des cas»

La schizophrénie fait partie des troubles mentaux. Elle peut être productive ou régressive avec des symptômes bien distincts. C’est ce qu’explique le Dr Vinod Ramkoosalsingh, psychiatre.

La schizophrénie est due à un débalancement des neurotransmetteurs, dont la dopamine. Cet état peut toucher n’importe qui et peut être une maladie héréditaire, explique le Dr Vinod Ramkoosalsingh. Selon lui, il existe deux types de schizophrénie : productive et régressive.

Dans le cas d’une schizophrénie productive, la personne peut être agitée, manifester des signes de violence, avoir des hallucinations et délirer, entre autres, dit-il. En ce qu’il s’agit de la forme régressive du trouble psychique, la personne préfère se mettre en retrait, a peur de socialiser avec les autres et peut sembler dépressive. Le malade peut aussi être négligent au niveau de l’hygiène personnelle et s’enfermer dans son monde.

Mais le diagnostic est posé au bout de plusieurs mois, précise le Dr Ramkoosalsingh. « Il faut que les symptômes persistent pendant plus de six mois, malgré la prise optimale de médicaments anti-délirant et anti-hallucinogène, avant de pouvoir affirmer qu’il s’agit d’un cas de schizophrénie », dit-il.

Outre le facteur héréditaire, la schizophrénie peut être due à la surprotection d’un enfant par sa mère, communément appelée maman-schizogénique. Mais le trouble peut aussi être causé par une consommation de cannabis, dans le cas de la schizophrénie régressive. Cet état est commun chez les adolescents, explique le psychiatre.

Il ajoute que des jeunes tout le temps encadrés par leurs proches et qui ont eu toutes les facilités possibles peuvent présenter des signes de schizophrénie, s’ils se retrouvent seuls dans un pays étranger, où ils ne peuvent que compter sur eux-mêmes.

« Le fait de se retrouver seul, sans avoir eu l’habitude d’être autonome et de prendre des décisions par soi, peut provoquer la schizophrénie régressive », dit-il. Dans le cas d’une schizophrénie productive, le trouble peut se déclencher subitement.

La schizophrénie régressive peut présenter des signes précurseurs depuis l’enfance, ajoute le psychiatre. Et si c’est à l’adolescence, le pronostic peut être plus grave, affirme-t-il.

« Chez le moins de 12 ans, il n’est pas recommandé de faire usage de nombreux médicaments. C’est plutôt une psychothérapie qui est préconisée, afin de prévenir une aggravation du trouble ». À l’adolescence, il existe des médicaments performants, qui peuvent même guérir les patients dans 80 % des cas, affirme-t-il.

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C’est le nombre de personnes qui ont été traitées pour la schizophrénie à l’hôpital Brown-Séquard l’année dernière. C’est ce que révèlent les chiffres du Health Statistics Report 2016 du ministère de la Santé.

 

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