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Schizophrénie : Cause inconnue, mais traitement possible

Le Dr Mridula Naga (à gauche) et Nicolas Soopramanien sur le plateau d'Xplik ou K Santé.

Il est possible de soigner la schizophrénie si la prise en charge est faite rapidement. Cette maladie n’est pas due à un quelconque esprit occulte contrairement à la croyance populaire. C’est ce qu’affirme le Dr Mridula Naga, psychiatre.

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« La schizophrénie est un trouble mental grave, chronique et complexe. Malgré sa gravité, c'est une maladie qui peut être traitée avec un dépistage précoce et des traitements assez vigoureux. » C’est ce qu’affirme le Dr Mridula Naga psychiatre dans le service privé. Selon cette dernière, nombreux sont les patients qui arrivent à mener une vie assez normale et productive à la suite de leur traitement. 

Invitée de l’émission Xplik ou K Santé de Radio Plus, Dr Naga a souligné que la cause de cette maladie est encore inconnue. « Il y a beaucoup d’hypothèses ou de théories par rapport à cela. Plusieurs recherches ont établi qu’il y avait une vulnérabilité génétique qui fait que certaines personnes courent le risque de contracter cette maladie. Mais cela ne veut pas dire qu'elles l’auront définitivement. » Selon elle, tout peut dépendre aussi du facteur environnemental comme le stress qui peut augmenter le risque chez une personne déjà prédisposée à être atteinte de la maladie.

La schizophrénie peut être due à certains facteurs : une enfance difficile, un mauvais traitement ou des abus. Mais ce n’est qu’à l'adolescence, vers l’âge de 15 ans, que les symptômes se manifestent à la suite d'un mélange de facteurs génétiques et environnementaux. « Elle affecte de nombreuses fonctions du cerveau : la pensée, les sentiments, les émotions, les perceptions et le comportement » a fait ressortir le Dr Mridula Naga.

Changements hormonaux

Selon la psychiatre, pour comprendre pourquoi la maladie se déclenche à l'adolescence, il faut comprendre les changements qui s’opèrent au niveau du cerveau d’une personne atteinte de schizophrénie. « Chez une personne atteinte de schizophrénie, le système des neurotransmetteurs est déréglé pour des causes qu’on ignore encore », a-t-elle déclaré. Les changements hormonaux à l’adolescence sont parmi les hypothèses possibles.

Les symptômes de la schizophrénie peuvent être graduels ou subits, observe le Dr Naga. À la suite de cela, des changements sont notés dans le comportement de l’adolescent ou de l’adulte concernés. Sa productivité peut être en baisse, ou il peut avoir des difficultés à se concentrer ou n’arrive plus à étudier. L’adolescent peut aussi vouloir s’isoler et rester seul dans sa chambre. Ce qui peut laisser penser qu’il passe par une crise d’adolescence. « Ce sont peut-être des signes d’une crise d'adolescence mais si les parents pensent qu’il peut s’agir d’un autre problème, ce serait bon de faire un dépistage précoce pour savoir si tout se passe bien », dit le psychiatre.

Et de soutenir que le dépistage précoce dès la manifestation des premiers symptômes est important pour une prise en charge rapide et appropriée afin que la maladie ne s’aggrave pas et devienne chronique. « Le patient aura de meilleures chances de se rétablir et reprendre ses études ou son travail normalement »,  a expliqué le Dr Naga. Mais elle a dit constater qu’en raison de la stigmatisation et des préjugés autour de la schizophrénie et les maladies mentales en général, certains ne se tournent pas vers les services de santé.

« Dans certaines familles, la stigmatisation et le tabou sont bien forts. Quand un enfant a une maladie mentale, les parents pensent que c’est un signe de faiblesse mentale. Ils ont honte et ne se tournent pas vers les soins appropriés à temps », a-t-elle déploré.

Ce qui facilite alors la progression de la maladie. « Il est important de traiter la maladie avec rigueur car il y a des changements qui peuvent se passer au niveau du cerveau qui font que la maladie peut devenir chronique », a insisté le Dr Mridula Naga.


Traitement et attitude

Une fois qu’une personne a été soignée de la schizophrénie, la famille doit avoir une bonne attitude qui sera déterminante. La poursuite de la prise des médicaments est importante et il ne faut en aucun cas arrêter le traitement sans avis médical en pensant que la personne va mieux et ne présente plus les symptômes de la maladie. Aucun test ne peut déterminer que la personne est totalement guérie. Les risques d’une rechute sont plus élevés dans les cinq premières années.

Concernant l’attitude à adopter, il faut trouver le juste milieu. Ainsi, il est conseillé de ne pas trop ménager le sujet concerné et de ne pas le bousculer non plus pour l’inciter à sortir s’il refuse de le faire. Ce qu’il faut, c’est l’encourager à participer à des activités sans toutefois lui mettre la pression. La stimulation doit être modérée.


 

Hôpital de jour

L’organisation non gouvernementale Friends in Hope (FIH) s’occupe depuis 20 ans de l’accompagnement, de l’encadrement et du soutien des personnes atteintes de schizophrénie et de leurs proches. C’est ce qu’a expliqué Nicolas Soopramanien, psychologue clinicien qui était aussi l’invité de l’émission. L’ONG, a-t-il dit, accueille ceux qui souffrent de schizophrénie mais dont l’état s’est déjà stabilisé. « Ils sont déjà suivis par un psychiatre et leur état est stable, c’est-à-dire qu’ils ont une certaine autonomie ». FIH leur propose des activités. « Des fois, la personne peut se renfermer sur elle-même à cause de sa schizophrénie ou être catatonique », a-t-il dit. Les bénéficiaires sont invités à suivre des thérapies comme le yoga, la musique, la psychothérapie. Les patients sont traités au cas par cas.

« L’ONG travaille aussi avec les proches car ils tous affectés quand un des leurs est atteint de la schizophrénie », a précisé Nicolas Soopramanien. Cela alors que le sujet est souvent tabou. « Des fois, on ne comprend pas, et on se dit que l’enfant est peut-être désagréable, entre autres », a-t-il dit.

Selon le psychologue, chez FIH, c’est la personne qui est mise en avant et non pas sa maladie. « Nous considérons la personne comme un être comme les autres », a-t-il fait valoir.
FIH fonctionne comme un hôpital de jour comme en France pour les aider à se remettre debout et à trouver un emploi.

Détecter les symptômes

Les symptômes de la schizophrénie sont divers : changement de comportement, pensées anormales, délires, perception chez le sujet que son entourage dit du mal de lui. Le patient peut aussi avoir du mal à se concentrer, se replie lui-même ou ne peut plus travailler. Certains peuvent devenir négligents et ne plus s’occuper d’eux, comme prendre leur bain, se changer ou ranger la maison.  Certains peuvent penser qu’on surveille leurs moindres faits et gestes. Ce qui fait qu’ils ne vont plus vouloir sortir.  Si un enfant commence à présenter ces symptômes, il ne va pas vouloir se joindre à ses amis à l’école, selon le Dr Naga. Il faut alors un accompagnement psychologique car l’enfant aura à  faire face aux moqueries, aux harcèlements et on lui collera des étiquettes. Ce sont des problèmes qu’il faut attaquer dès l’adolescence. Un environnement inadapté peut aggraver la situation. Car l’enfant ne voudra plus sortir et rester à la maison.

 

 

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