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Scandale du Reward Money : le SP Ashik Jagai arrêté pour des paiements douteux de Rs 24 M

Le SP Jagai a été placé en détention policière mercredi soir.
  • Rs 17 M recommandées et versées pour une seule affaire

Le surintendant de police (SP) Ashik Jagai, ancien patron de la défunte Police Headquarters Special Striking Team (PHQ SST), a été arrêté dans la soirée du mercredi 13 août par la Financial Crimes Commission (FCC). Il est soupçonné d’avoir recommandé deux paiements de Reward Money qualifiés de douteux, pour un total de Rs 24 millions, dont Rs 17 millions attribuées à une seule affaire.

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Selon les conclusions provisoires de l’enquête, Ashik Jagai aurait, en novembre 2022, recommandé un premier paiement de Rs 7 millions, et entre avril et septembre 2024, validé un second paiement de Rs 17 millions. Dans ce dernier cas, la FCC estime que seul un montant de Rs 292 300 était justifiable, conformément au barème officiel des primes de récompense aux informateurs. Les deux réclamations suspectes auraient été soumises par le sergent de police Yusuf Ali Hamud Hossen, alors subordonné du SP Jagai.

La FCC reproche également à l’ancien responsable de la PHQ SST d’avoir utilisé sa position hiérarchique pour favoriser des paiements dans des circonstances suspectes, ce qui lui vaut trois accusations sous le Prevention of Corruption Act pour le délit de « Public Official Using His Office for Gratification ». Il est aussi sous le coup d’une accusation sous le FCC Act.

Convoqué à 14 h 30 mercredi au siège de la FCC à Réduit, Ashik Jagai ne s’est présenté qu’après 15 heures, arrivant à bord d’un Ford Raptor noir immatriculé JA 941, conduit par son fils. Le SP Jagai a résumé en un mot sa position dans l’affaire Reward Money : « Nothing. » Vêtu d’une veste bleue et d’un pantalon kaki, il a rejoint son avocat, Me Raouf Gulbul, avant d’être interrogé pendant environ cinq heures. Il a nié en bloc les accusations portées contre lui, soulignant ne pas être au courant des réclamations faites par le sergent Hossen. 

Vers 20 h 30, à l’issue de son audition, Ashik Jagai a été placé en état d’arrestation et conduit au poste de police de Coromandel, avant d’être transféré au Moka Detention Centre pour y passer la nuit.

Ashik Jagai : l’ombre derrière l’uniforme 

À la tête de la PHQ SST depuis sa création, le 3 août 2022, sous l’impulsion de l’ex-commissaire de police Dip, Ashik Jagai s’est rapidement imposé sur le devant de la scène. L’unité d’élite qu’il dirigeait a multiplié les arrestations visant des figures perçues comme « opposants » de l’ancien régime : l’activiste Bruneau Laurette, l’avocat Akil Bissessur, l’ex-numéro un de Mauritius Telecom Sherry Singh ou encore le sportif Vimen Sabapati, ancien membre de la garde rapprochée de Navin Ramgoolam.

Cependant, son palmarès au sein des Casernes centrales a été sérieusement terni par des allégations de « drug planting » à l’encontre d’opposants politiques du MSM.

Entré dans la force policière en 1989, Ashik Jagai est d’abord posté à la Market Police de Port-Louis. Sur ses 37 années de service, il en passe 33 à l’Adsu, notamment au sein de la Flying Squad aux côtés de l’enquêteur Hamza Goolamgouse, ancien haut gradé de l’Adsu. Originaire de Vallée-Pitot, un faubourg de Port-Louis, Ashik Jagai a effectué ses études secondaires au collège John Kennedy.

Avant de prendre les rênes de la SST, il a dirigé successivement l’Adsu de la Western Division, de la Central Division, de Plaine-Verte, la Metropolitan de Port-Louis et du port, entre autres. Il est connu pour avoir contribué à la chute de trafiquants notoires comme Siddick Islam dit « Ner », Cindy Legallant, « Gro Derek », Ricardo Agathe, Issoop Tole et Hassen Jeewooth.

Réputé homme de terrain, il excelle dans les « crackdown operations », les « controlled deliveries » et descentes ciblées dans les quartiers où le trafic de drogue bat son plein. « Si zordi nepli ena gro trafikan dan Plaine-Verte, ena so kontribision kan li ti dan Flying Squad », rappelle un enquêteur ayant travaillé sous ses ordres. Un autre souligne : « Li pa per trafikan e li ena enn gro rezo ranseynman. Li konn mobiliz ek motiv bann zom. Li antisip ki kapav arive dan enn operasion ek sanz stratezi. »

Me Raouf Gulbul : « Isi zot trape, me lakour ki pou deside »

« Ce sera une longue enquête », soutient Me Raouf Gulbul, déclarant que son client, le SP Jagai, a répondu à toutes les questions des enquêteurs. L’avocat, qui s’est adressé à la presse après l’interrogatoire du haut gradé, se dit confiant face aux explications fournies par son client : « Li inosan ziska ki lakour trouv li koupab. Mo konfian dan la defans de M. Jagai. Isi zot trape, me lakour ki pou deside. Nou bizin aksepte prosedir. »

D’autre part, Me Gulbul a dit qu’à ce stade, la somme de Rs 24 millions n’a pas encore été évoquée : « Dan ‘statement’ pe dir enn lot som ki 24 milyon roupi. »

 

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