- La famille évoque des zones d’ombre
- Son frère aîné : « Li pa konn lir, kouma li kapav vwayaz ziska Ros-Bwa ? »
- Le défunt était interné dans un centre de réhabilitation à Vacoas
6h 50, vendredi 23 août 2024. La police est sollicitée en toute urgence à Allée Tamarin, Roche-Bois. Sur place gît le corps d’un jeune homme, allongé sur le côté gauche, avec la tête recouverte d’un sac en plastique noir. La victime, non identifiée dans un premier temps, porte une chaussure blanche, un pantalon noir et une veste à capuche bleue. La nouvelle de cette macabre découverte se répand très vite dans le quartier. Les spéculations vont bon train : qui est cet homme et comment a-t-il trouvé la mort dans de telles conditions ?
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Une autopsie est pratiquée à la morgue de l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, vers 12 h 15, par le Dr Chamane, en présence de plusieurs hauts gradés de la police, dont le SP Bansoodeb et l’ASP Domun. La cause du décès est attribuée à une « asphyxie due à un étouffement ». Le jeune homme, Mohammad Sayfud-din Sauterelle, 21 ans, sera identifié plus tard par son frère aîné de 25 ans, Mohammad Farhudeen Ameerudee Rojan. Le défunt, qui résidait à Dunken Lane, Souillac, travaillait comme aide dans une station de lavage auto. Sa famille l’avait envoyé dans un centre de désintoxication en raison de son addiction à la drogue.
Le SP Bassondep et le DI Lullith et son équipe de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord, sous la supervision de l’ACP Sookun, ne tardent pas à se mettre sur la piste des suspects. En moins de 24 heures, ils identifient les suspects grâce aux images des caméras du dispositif Safe City. Le samedi 24 août, ils ont fait une descente à Karo Kalyptus, où ils ont interpellé cinq toxicomanes. Il s’agit de Dooresh Chiniah, 24 ans, et Louis Jeannot Yves Latouche, un maçon de 35 ans, tous deux sans domicile fixe ; Luciano Lebon, 46 ans, et son frère Thierry Michel Leroy Lebon, 39 ans, qui habitent Batterie-Cassée, ainsi que de Louis Denis Clarel Joseph, 32 ans, un maçon résidant à Roche-Bois.
Les cinq individus, dont trois sont fichés comme HC (habitual criminal), sont passés à table. Ces toxicomanes ont avoué se rendre à Karo Kalyptus pour s’approvisionner en drogue. Selon leur version des faits, la victime et eux se sont injecté de l’héroïne. Ils affirment que Mohammad Sayfud-din aurait fait une overdose et n’a pas survécu. Ensuite, les frères Lebon ont transporté la victime à moto à Allée Tamarin, Roche-Bois, où ils l’ont déposé. Les cinq suspects ont été placés en détention sous une accusation de meurtre.
C’est avec une douleur immense que la famille a appris la triste nouvelle. Dévasté, Mohammad Farhudeen Ameerudee Rojan se souvient de son cadet comme étant un jeune homme joyeux, serviable et choyé par sa famille. Avant de sombrer dans la drogue, il était un garçon sans histoire dont le passe-temps préféré était la pêche, dit-il. Il confie avoir vu son frère pour la dernière fois lors de la fête Eid al-Adha en juin 2024.
Sa mère Jayna Rojan, âgée de 55 ans, se remémore avec douleur des derniers mois avant le drame. Elle explique que face aux problèmes de drogue de son fils, elle avait décidé de l’envoyer dans un centre de réhabilitation à Vacoas, une proposition qu’il avait acceptée. « Zot finn vinn sers li ek zot inn ale, zot donn mwa so telefon ek dir mwa pou fer ti travay laba mem, pena pou trakase. Mo garson finn ale. Depi sa, mo pena okenn kontak avek li. Mo zis anvi kone, kouma linn kit sant Vakwa ek kouma li finn retrouv li mor dan Ros-Bwa. Kifer sant-la pa finn inform nou ? » dit-elle, submergée par le chagrin.
Mohammad Farhudeen Ameerudee souhaite également que la vérité éclate. Avec amertume, il relate : « Nous avons payé pour que mon frère intègre le centre et nous avons acheté tout ce dont il avait besoin. Nous pensions qu’il était en sécurité là-bas et que sa réhabilitation se passait bien. Mais c’est son corps sans vie que nous avons reçu. Les autorités doivent mener une enquête approfondie pour retrouver les responsables de ce crime et comprendre comment il a pu quitter le centre et se retrouver à Roche-Bois. »
Une question légitime, car son frère était analphabète, précise-t-il. « Mo frer pa ti konn ni lir ni ekrir. Kote li ale, mo mama ti bizin al avek li parski li pa ti kapav lir. Mem dan bis, li pa konn get ki ekrir pou kone kot pou ale. Kouma li kapav vwayaz ziska Ros-Bwa ? » se demande-t-il.
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