Il y a des politiciens qui, contre vents et marées, s'accrochent au rêve d’une ascension éclatante, une trajectoire céleste qui les propulserait aux sommets de la nation. Roshi Bhadain était l'un d'eux. Sa campagne était telle une épopée grecque, un conte héroïque où il se voyait déjà Premier ministre, une main ferme et redoutable prête à diriger. Mais dans la réalité, son envol fut vite brisé, et la gravité, sans pitié, le ramena au sol avec un fracas qui résonne encore.
À entendre son discours post-électoral, un mélange d’acceptation amère et de reproche à demi-mot, on comprend que le coup est dur à encaisser. « Le peuple a décidé, et bien sûr, on respecte ce que le peuple a décidé, » a-t-il lancé, l'air digne mais visiblement ébranlé. La phrase sonne comme un hommage forcé à la démocratie, mais on devine facilement l’ironie piquée sous la surface. Car Bhadain, dans toute sa sagesse déçue, sait mieux que le peuple. « Je pense que le peuple a mal voté, » ajoute-t-il, comme pour signifier que cette mésaventure électorale est un malentendu tragique. Le peuple, qui ne comprendrait décidément rien à l’étendue de sa vision grandiose, s’est privé de son génie politique.
Ce qui rend l'affaire encore plus savoureuse, c'est la manière dont il est redescendu des étoiles pour se réfugier dans une rhétorique bien rodée : « Je retourne à ma profession (avocat) et je vais passer plus de temps en famille. C’est difficile pour moi de dire ça, mais je prends un congé politique d’au moins quatre ans. » Une promesse de retrait qui ressemble fort à une retraite anticipée, avec l’air noble de celui qui se sacrifierait, alors que tout indique qu’il a surtout été mis hors course.
Son rêve d’être Premier ministre était-il sincère ? Probablement. Mais il était aussi absurdement ambitieux pour un chef de parti aux assises aussi fragiles.
Rajesh Bhagwan, dans son franc-parler légendaire, avait déjà prévenu : « Monn fini touy li. » Comme un Nostradamus moderne de l’opposition, il avait prophétisé la chute avant même qu’elle ne se réalise. Et lorsque les résultats sont tombés, Bhagwan, toujours aussi mordant, enfonça le clou : « Li pou ress Premye minis lor lafis . » La pique, acérée, reflétait la réalité amère d’une ambition politique à jamais figée dans un poster électoral. Et oui, quand la lune est trop loin pour l’échelle.
Et voilà que le grand chef du Reform Party, le visionnaire autoproclamé, se voit contraint de ranger ses affiches et de retourner à la robe d’avocat, dans l’ombre des palais de justice, là où il pourra méditer sur cette grande désillusion. Peut-être pensera-t-il à cet instant où, à force de viser la lune, il a oublié de vérifier la solidité de l’échelle.
Les illusions de grandeur ont un prix, et celui de Roshi Bhadain fut de découvrir que le peuple, pour cette fois, ne voulait pas de son rêve.
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