La première apparition d’Anabelle Savabaddy à l’Assemblée nationale n’est pas passée inaperçue. Pourquoi se contenter d’une entrée discrète quand on peut déclencher une mini-révolution ? Avec une désinvolture qui frôle le génie, la députée rouge a brisé le mur de la docilité majoritaire. Était-ce dû à son instinct d’animatrice radio ou au besoin irrépressible de rappeler à tous que les micros ne sont pas seulement décoratifs ?
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Imaginez la scène : une députée de la majorité, oui, de la majorité, ouvre la bouche pour dire autre chose que « Bravo, Monsieur le Ministre ! » Incroyable mais vrai. Pour son baptême du feu, Anabelle Savabaddy, élue du PTr, a osé faire des reproches publiquement à son propre président de parti, Patrick Assirvaden, le ministre des Services publics.
Le crime de lèse-majesté ? « Vos réponses ne sont pas satisfaisantes. On a été sur place. Plusieurs de ces habitants ne sont pas raccordés au réseau. Ce ne sont pas 22 familles, mais 50 », a-t-elle dit. Un moment de vérité qui a figé l’hémicycle, rappelant que même la majorité peut produire une voix discordante… pour le meilleur ou pour le pire.
Quelques nouveaux députés doivent avoir vérifié leurs notes, croyant qu’elle s’était trompée de camp. Même une mouche, diton, s’est arrêtée de voler, abasourdie par tant d’audace. Une première intervention qui fait mouche (sans mauvais jeu de mots), c’est rare.
La plupart auraient débuté par un compliment tiède, mais pas Anabelle. Non, elle a choisi le style « punchline-choc ». Et franchement, ça réveille.
Évidemment, le choix du moment est aussi délicieux que risqué. Critiquer une grosse ponte du parti, de surcroît, homme de confiance du leader et Premier ministre dès sa première prise de parole, c’est un peu comme débarquer au dîner de famille et renverser la soupe sur la nappe en déclarant qu’elle manque de sel.
Une entrée en matière qui a fait sensation
mais qui a aussi suscité des murmures dans les couloirs : « Mais que va-t-on faire d’Anabelle ? » Est-elle une étoile montante ou une comète vouée à se désintégrer rapidement ? Suspense.
Dans un paysage politique où l’opposition est réduite à deux âmes courageuses – autant dire un murmure dans un hall d’aéroport –, Anabelle Savabaddy pourrait bien être la lueur d’espoir d’une Assemblée nationale anesthésiée. Mais cette audace a un prix. Il y a un risque qu’elle soit rappelée à l’ordre et que sa fougue soit formatée et réduite à des « Merci Monsieur le Ministre » lors des prochaines séances.
Pour l’instant, elle incarne une vérité qui dérange : même une majorité écrasante n’est pas à l’abri d’une voix sincère, capable de secouer les certitudes. Un premier acte digne d’un film politique qui serait intitulé : « Rébellion au royaume des dociles. » On attend la suite avec impatience, pistaches salées ou « gramme bouilli » à la main.
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