Législatives 2024

[Satiriquement Vôtre] Alan Ganoo, l’émir des tropiques 

Ah, Maurice, île bienheureuse ! Dans une ambiance digne des plus grandes comédies, Alan Ganoo, orateur émérite, a offert une performance électorale haute en couleur le dimanche 3 novembre. Avec une rhétorique aussi expansive que flatteuse, il a proclamé, sans rougir, que sous la férule visionnaire du Premier ministre sortant Pravind Jugnauth, le pays s’est transformé en rien de moins que le «Dubaï de l’Afrique » et le « Singapour de l’océan Indien ». Rien que ça !

On imagine déjà des gratte-ciels de cristal surgir de terre comme par magie, des autoroutes futuristes reliant chaque village à des centres commerciaux de luxe, et des plages où les touristes, jet-setters et amateurs de soleil, défilent tout au long de l’année. Il faut avouer que la comparaison est à la fois audacieuse et irrésistible. 

Qui aurait cru que les embouteillages et les nids-de-poule mauriciens puissent rivaliser avec les avenues étincelantes de Dubaï, ou que nos services publics, aussi fiables qu’un parapluie troué, nous positionnent dans la cour des grands, à la hauteur de Singapour ? 

Mais Alan Ganoo ne s’est pas arrêté là. Non content de brosser un tableau aussi rose qu’un flamant après une cure de bonbons, il a lancé une mise en garde contre l’ingratitude, ce fameux « namakaram » qui pourrait pousser les électeurs à priver Jugnauth de son trône de chef d’orchestre de notre avenir radieux. Car oui, chers compatriotes, après tant de merveilles en si peu de temps, comment pourriez-vous ne pas réélire celui qui transforme chaque caillou en pépite et chaque flaque en lagon cristallin ? 

Comment ne pas être reconnaissants pour cette audacieuse comparaison avec Dubaï, ville où le luxe se mesure en carats et où les voitures de sport côtoient des taxis rutilants ? Qui pourrait se plaindre, même si quelques infrastructures de base manquent encore, tant que les panneaux promettant le développement fleurissent à chaque coin de rue, rappelant qu’un jour, peut-être, nous aussi pourrons nous prendre pour des émirs modernes ? 

Il est donc du devoir de chaque citoyen reconnaissant de fermer les yeux sur les désagréments du quotidien pour se concentrer sur l’essentiel : cette vision grandiose qui fait de notre île un phare éblouissant, visible jusqu’aux confins de l’océan Indien, voire de la galaxie.

Alors, en route pour cinq ans de plus sous la baguette enchantée de Pravind Jugnauth. Car après tout, pourquoi se contenter d’être le « Dubaï de l’Afrique » quand on peut également devenir le « Monaco de l’hémisphère sud » et le « Las Vegas des tropiques » ? La gratitude, mes amis, n’a pas de prix... Du moins pour l’instant.

 

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