Il est difficile d'opérer une pharmacie en cette période de Covid-19. Avec les produits qui arrivent au compte-gouttes et se vendent plus cher, ce qui suscite la grogne des clients, la situation semble être compliquée chez certaines.
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«Le mois dernier j'avais payé moins, comment cela se fait que ce soit plus cher cette fois-ci ? », lance un client à la préposée d'une pharmacie. « Les prix ont augmenté, c'est pour cela », tente-t-elle de lui expliquer. Et au client de lui répondre, « donnez-moi seulement deux boîtes du médicament, je prendrais le reste de l'ordonnance après ». Ce type de situation est courant depuis la Covid-19, selon différents pharmaciens. En cause : la dévaluation de la roupie, la hausse des devises étrangères (euro, livre sterling et dollar), mais aussi une hausse du fret. Si certains pharmaciens estiment l'augmentation des prix entre 7 à 10 %, certains importateurs l'évaluent entre 15 et 20 %. Faute d'argent, certains diffèrent l'achat de leurs médicaments ou le font par tranche en fonction de leur budget, selon les pharmaciens.
Or, ces derniers sont confrontés à un autre problème : la non-disponibilité de certains produits. Selon un importateur, de la cargaison qu'il commande, c'est souvent trois quarts seulement qu'il reçoit et il doit attendre quelques semaines encore pour le reste de sa commande. « C'est très difficile de travailler dans des conditions pareilles », se plaint-il. Il explique que le problème vient principalement des produits pharmaceutiques en provenance de France, contrairement aux autres pays importateurs. « Avec la situation qui prévaut en raison de la Covid-19, les industries ne fonctionnent pas comme avant », selon lui.
La hausse des prix n'est pas le seul souci des pharmaciens, mais il y a aussi le « rationnement » de certains produits, avance une pharmacienne des Plaines-Wilhems. « Nous ne recevons pas la quantité de produits que nous avons l'habitude de recevoir », justifie-t-elle. Les alternatifs existent certes, mais ils doivent faire face à la réticence de certains consommateurs, selon plusieurs pharmaciens.
S'il existe bien des médicaments de substitution qui ont « les mêmes effets » qu'ils peuvent proposer à leurs clients, certains hésitent néanmoins à les acheter et « exigent » d'avoir le produit habituel. « Ce sont particulièrement les personnes au-dessus de 40 ans qui sont les plus réfractaires à accepter un produit alternatif, ce qui devient alors un casse-tête tant pour nous que pour le médecin traitant », explique la pharmacienne. Selon nos interlocuteurs, certains clients doutent de l'efficacité des produits alternatifs et prétendent que « cela ne va pas avec eux ». Même si dans la plupart des cas, il s'agit de médicaments « non-essentiels », ce sont des produits que certains achètent régulièrement pour leur santé, ajoute la pharmacienne. « Certains consommateurs sont d'avis que les substituts n'ont pas les mêmes effets alors qu'il s'agit des mêmes molécules à quelques ingrédients près ». Le problème est plus palpable chez les personnes âgées qui rechignent à changer leurs habitudes et souhaitent avoir les médicaments qu'ils ont l'habitude de prendre, rapportent certains pharmaciens.
Compte tenu de la situation actuelle, les consommateurs doivent se faire à ces changements, ainsi qu'à la hausse des prix qui ne concerne pas que les médicaments mais aussi tous les autres produits importés, estime le pharmacien Arshad Saroar.
Avinash Dabydoyal, responsable d'une agence de distribution, précise que ce sont surtout les importations en provenance des pays d'Europe qui sont difficiles à acheminer. Certains ont même vu leur production baisser en raison du manque de matières premières en provenance de Chine. Pour lui, le délai par rapport aux matières premières peut bloquer toute la machinerie et avoir un impact sur la production. « Nous importons de l'Inde, nous n'avons pas de soucis pour acheminer nos produits pharmaceutiques », affirme-t-il.
L'approvisionnement de nombreux médicaments se fait toujours à travers des vols cargos mais on préfère opter pour l'acheminement par bateau. Même si cela prend un peu plus de temps, il est possible de faire venir une plus grande cargaison, déclare un importateur qui n'a pas souhaité être cité. Il affirme même qu'un stock « tampon » est aussi disponible pour parer à toute éventualité. Pour notre interlocuteur, la situation est « correcte » en ce qu'il s'agit de la disponibilité des médicaments, mais les prix ont indéniablement augmenté en comparaison à ce qu'ils étaient il y a quelques mois.
Les produits alternatifs offerts
« Les pharmacies arrivent à gérer. Les produits en rupture de stock sont réapprovisionnés assez rapidement ». C'est l'assurance que nous a donnée la présidente de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Selon elle, le renouvellement des produits pharmaceutiques ne pose pas problème actuellement, contrairement à ce que le pays a connu au début de la Covid-19. Elle affirme également que différents produits alternatifs sont proposés aux clients si ceux qu'ils prennent d'habitude ne sont pas disponibles. Et en ce qu'il s'agit de la hausse des prix, elle souligne que c'est hors du contrôle des détaillants et que c'est au niveau de l'importation qu'il y a une augmentation à la base.
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