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Santé : la pénurie de médicaments perdure

Les semaines et les mois se suivent et se ressemblent en ce qui concerne les médicaments qui sont temporairement en rupture de stock. Cependant, cela n’est pas sans conséquences sur la santé des patients.

Même si les effets de la COVID-19 semblent être moins virulents, l’impact de cette pandémie persiste, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en médicaments. Pharmaciens et importateurs s’accordent à dire que le problème ne vient pas d’un manque de planification ou d’un retard dans le placement des commandes, mais découle plutôt de divers facteurs. D’une part, les difficultés des importateurs pour s’approvisionner, d’autre part, le manque d’Ingrédient Pharmaceutique Actif (API). Il y a aussi le fait que les exportateurs privilégient les gros marchés, ce qui n’est pas le cas pour Maurice, accentuant ainsi les difficultés des importateurs. (Voir encadré).

Toute rupture, même temporaire, de médicaments essentiels, tels que ceux pour le traitement du Parkinson, du diabète, des maladies cardiaques ou de l’hypertension artérielle, n’est pas sans conséquence pour les patients. En particulier pour ceux qui rechignent à utiliser les médicaments génériques. Même s’ils sont « aussi efficaces » que les produits originaux, dans certains cas, ils n’offrent pas les résultats escomptés, explique le Dr Mohamed Afzal Curimbacus, neurologue dans le secteur privé.

Il explique que la médecine a bien évolué et qu’il existe aussi bien des médicaments génériques que des médicaments biosimilaires qui sont similaires aux produits d’origine. Le Dr Curimbacus affirme que ces médicaments sont de bonne qualité, mais qu’il y a une légère différence entre eux au niveau de leur absorption pharmacocinétique, qui se réfère au processus par lequel un médicament est absorbé dans la circulation sanguine.

« En raison de cette absorption, il est possible que le patient ressente moins l’effet du médicament dans les cas de la maladie de Parkinson, par exemple », dit-il. Selon lui, il y a une rupture de stock de médicaments utilisés en neurologie. Ainsi, les produits alternatifs peuvent ne pas donner les résultats escomptés et ne calment pas certains types de tremblement ou d’agitation du patient aussi efficacement que l’aurait fait le médicament original, souligne le neurologue. Pour contrer ce problème, l’astuce est d’utiliser des médicaments avec les mêmes composants mais de la même famille, même si les résultats ne sont pas les mêmes.

Le Dr Mohamed Afzal Curimbacus ajoute que lors de la prescription pour les patients, des « facilités » sont offertes pour que certaines pharmacies puissent trouver les médicaments alternatifs nécessaires. Ils doivent cependant être munis d’un permis préalable du ministère de la Santé, dit-il. Mais ce sont particulièrement les patients qui ont les moyens qui parviennent à se procurer ces produits selon lui. Ceux qui doivent se rabattre vers les centres de santé du service public doivent être informés du changement des médicaments qu’ils reçoivent afin de les consommer en connaissance de cause et qu’ils n’aient pas l’impression que le médicament n’est pas bon. « Il y a des patients qui prennent leurs médicaments aussi bien dans le service public que dans le privé », dit l’intervenant.

Le médecin ajoute que les patients qui n’ont pas leurs médicaments habituels voient leurs symptômes durer plus longtemps dans le cas de maladies chroniques. Dans certains cas, ils sont stressés, ce qui a un impact sur la famille également. « Ces patients sont stabilisés quand ils prennent leurs médicaments, mais ont des problèmes quand ce n’est pas le cas. Leurs proches font appel à nous en raison de la proximité que nous avons développée en tant que spécialistes exerçant dans le privé », explique-t-il.

Le Dr Curimbacus soutient que depuis ces six derniers mois, il y a des médicaments pour le traitement neurologique et même ceux qui sont contrôlés sont difficiles à obtenir pour les patients. Il estime que c’est dû au fait que les médicaments sont obtenus sur quota, qui est resté le même alors que le nombre de patients a augmenté. Selon lui, les autorités devraient revoir cela. « Avec une population vieillissante, nous avons de nouveaux cas de Parkinson, de tremblement et d’autres symptômes qui découlent de la maladie », fait-il remarquer.

Médicaments en rupture de stock
           
1 Acarilbial (Solutions) 24 Flexilor  47 Rivatas 15 et 20
2 Aceret 25 Fortimel 48 Rosutor 10
3 Acnetane 20 26 Frakidex (gouttes et pommade oculaires) 49 Ryzodeg injection
4 Adco atenolol 50 27 Gas Aid (Gouttes) 50 Scaboma
5 Advantan (Pommade) 28 Ikorel 10 (Comprimés) 51 Selexid
6 Aerius sirop 29 Inderal 52 Sinemet
7 Amileb 10 et 25 30 Januvia 53 Solumedrol 40
8 Amitriptyline (10 mg et 25 mg) 31 Jointlube (comprimés) 54 Sotalex 80
9 Angised 32 Laroxyl 55 Spasfon 
10 Arbitel 33 Lefno 20 (Comprimés) 56 Spersadex (Gouttes Oculaires)
11 Bevidoxine Forte 34 Lungair 4 mg 57 Tavanic injection
12 Clinutren 35 Magnet B6 58 Telma D comprimés
13 Dapzin 36 Mantomed comprimés 59 Timosol (gouttes oculaires)
14 Dentinox (Gel) 37 Maxillase 60 Ultibro Breezhaler
15 Deriphylline sirop 38 Methotrexate  61 Urex 500
16 Detrusitol (Gélules) 39 Microgynon 62 Vick (Inhalateur)
17 Diprostene injection 40 Microlax (bébés et adultes) 63 Vigamox (Gouttes oculaires)
18 Dolaren  41 Molnupiravir (Comprimés) 64 Volini gel
19 Doliprane 1g 42 Noriday 65 Voltaren 100
20 Dologel 43 Pevaryl 66 Warfarin 3 mg
21 Duaflam 44 Pevisone 67 Xylocaine
22 Epanutin 45 Propanium 68 Zatamil hydrogel
23 Feburix 40 (Comprimés) 46 Resolve (Crème)    

Ruptures temporaires

Ces ruptures intempestives de médicaments ont des conséquences non seulement sur les patients et les médecins, qui doivent alors ajuster le traitement, mais également sur les pharmacies. « La rupture de stock de médicaments a un impact indéniable sur le chiffre d’affaires des pharmaciens car nous dépendons de la vente de nos produits pour fonctionner et subsister », explique le pharmacien Arshad Saroar. 

Avec la situation actuelle, les choses sont devenues difficiles pour tout le monde. Il affirme également que le problème ne découle pas d’une mauvaise organisation dans l’approvisionnement des médicaments, mais de leur disponibilité. « Nous avons espéré un retour à la normale de la situation après la COVID-19, mais nous subissons encore des ruptures temporaires des médicaments », dit-il. Dans un souci d’équité, les fournisseurs livrent leurs médicaments par quota afin que les produits soient disponibles dans les plus de 300 pharmacies à travers le pays, ajoute le pharmacien.

Petit marché

La situation concernant l’approvisionnement des médicaments ne s’est pas améliorée avec l’après-COVID-19. Elle est plus ou moins la même. Le souci ne vient pas du côté des importateurs locaux, mais plutôt des producteurs, a affirmé un importateur qui n’a pas souhaité être cité. 

Comme Arshad Saroar, il est d’avis que c’est en raison de « la taille du marché de Maurice et du nombre restreint que nous importons en comparaison avec les autres pays africains. Nous ne bénéficions en quelque sorte que des restes des produits qui n’ont pas pu être écoulés ailleurs ».

Il souligne également qu’il n’y a pas véritablement de manque de médicaments, mais des ruptures temporaires de certains produits. Et de préciser que les médicaments génériques sont souvent toujours disponibles. « Le problème vient souvent du fait que les patients ne veulent pas changer la marque de médicaments qu’ils consomment habituellement. » Il reconnaît cependant que les médicaments alternatifs n’ont pas les mêmes effets dans certains cas.

Même si la COVID-19 semble être derrière nous, l’effet domino est toujours là, comme le manque d’Ingrédient Pharmaceutique Actif (API) dans divers pays, principalement en Inde et en Chine. Certains pays producteurs préfèrent les garder pour leur propre utilisation et se préparer à toute éventualité au lieu d’exporter ces matières premières, explique l’importateur. 

Selon lui, cela prendra encore un certain temps avant que la situation ne redevienne comme avant la période de la COVID-19.
Outre la soixantaine de médicaments actuellement en rupture de stock pour traiter les maladies neurologiques, l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies cardiovasculaires, il y a aussi des gouttes oculaires, des pilules contraceptives, des anti-inflammatoires et des antibiotiques, entre autres (voir tableau). Ajouté à cela, il y a aussi un manque de vaccin contre la méningite, selon l’intervenant.
 

 

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