People

Sanjeev Teeluckdharry égratigne le DPP: ses idéaux de justice plus forts que la politique

Le couple Teeluckdharry.
Sanjeev Teeluckdharry peut s’enorgueillir d’avoir été parmi ceux qui ont terrassé les candidats rouges dans leur bastion dans la circonscription Pamplemousses/Triolet aux législatives de décembre 2014. « Pas un seul instant au cours de ma carrière d’avocat, je n’ai songé à me lancer dans le combat politique », assure Sanjeev Teeluckdharry, avocat-parlementaire qui reçoit Le Défi Plus à son domicile, à Grand-Baie La Croisette. L’endroit est cossu, mais sans aucun signe extérieur de richesse excessive. Sur un meuble trône un buste de Bouddha, un peu à l’image du maître des lieux : posé et sympathique, et loin de l’image de ténor du barreau que renvoient parfois certains clichés chers à cette profession. Namrata, épouse de Sanjeev Teeluckdharry, avouée de profession et fille du psychiatre Gyaneswar Gaya, apporte parfois des précisions aux propos de l’avocat-député. Le couple dit encore se souvenir de la période où il était dans le radar du gouvernement sortant, notamment à cause de l’opposition de Sanjeev Teeluckdharry à la nouvelle carte d’identité biométrique. « C’est sur cette question que j’ai croisé la route de Pravind Jugnauth et qui sera le point de départ à mon engagement dans les rangs du Mouvement socialiste militant (MSM) », explique l’avocat-parlementaire. Sa voie dans la profession légale était-elle toute tracée, lui le troisième d’une fratrie de quatre enfants, originaires de Grand-Baie ? « Non, s’empresse-t-il de répondre. Mon père qui était enseignant avait déjà financé les études de mes frères en Inde et en Grande-Bretagne. Il n’avait pas les moyens pour mes études à l’étranger. C’est l’Université de Maurice (UoM) qui m’a permis d’étudier le droit. » Mais une autre personne a influencé son choix : Frank Richard, professeur d’anglais et de français au collège Royal de Curepipe. « Certes, je n’ai pas eu la chance de fréquenter des collèges huppés, mais grâce aux leçons de Frank Richard, j’étais motivé. Après mes études secondaires, c’est lui qui m’a conseillé de m’inscrire en droit à l’UoM. » À Réduit, après une sélection rigoureuse, où quelque 300 jeunes se bousculent au portillon, Sanjeev Teeluckdharry termine parmi la crème ; quelque 15 étudiants choisis pour des études de droit. À l’UoM, il écrit des articles sur le droit pour la presse, invite feu sir Maurice Rault pour des conférences. « Pour moi, il était une référence dans le judiciaire lorsqu’il était chef juge, avec des jugements qui ont fait date, sans oublier la commission sur la drogue qu’il avait présidée. J’étais fasciné par son aisance à placer des dictons en grec ou en latin dans ses discours. » Sa licence en poche, Sanjeev Teeluckdharry passe l’examen du barreau et s’engage comme stagiaire successivement aux études de Mes Marc David, Désiré Basset et André Robert. « J’ai eu de la chance d’avoir été chez ces grands noms du barreau mauricien. » En 2002, au moment où il est en apprentissage, il s’installe à l’étude de feu Kritanand Seethiah, à Pamplemousses. Là, aux dossiers que lui confie Me Basset, il se charge aussi des affaires locales. « Je deviens le spécialiste des cautions et des délits dits criminels, entre autres. Les habitants des petites localités commencent à me connaître. » En 2002, l’avocat-parlementaire accompagne Désiré Basset à Londres au comité judiciaire du Conseil privé. Il s’agit d’un litige entre locataire et propriétaires. Sous les boiseries de la cour anglaise, il a l’impression de retourner en classe. « Me Basset m’a ouvert les voies, dont le Registrar. » L’année suivante, il retourne devant le Privy Council, accompagnant Mes Nundraj Patten et Allan Newman pour défendre le dirigeant syndical Suttyhudeo Tengur dans l’affaire qui l’oppose à l’Église concernant les langues orientales. C’est sans doute l’affaire Michaela Harte qui va le propulser sous le feu des projecteurs, une affaire dans laquelle, il s’investit corps, âme et moyens financiers. « J’avais laissé de côté d’autres cas mineurs à d’autres avocats. Parfois le soir, on allait au restaurant pour déguster des ‘gâteaux piments’. On avait fini par gagner, mais pas un seul sou, mais uniquement le prestige et la conviction d’avoir mis au jour les défaillances de l’enquête policière. Il y a eu ensuite les pressions de la justice mauricienne. Mes problèmes avec l’ancien gouvernement sont venus de là. Je me suis rendu compte à quel point ce gouvernement et ses appuis dans certaines institutions étaient répressifs. Le choix de rejoindre le MSM s’est imposé à moi logiquement. Mais je dois préciser que je n’étais pas le candidat désigné du MSM dès le départ. Ce n’est que quelques jours avant le dépôt des candidatures que mon investiture a été confirmée. » Aujourd’hui, député dans un fief rouge, ‘backbencher’ du gouvernement de l’Alliance Lepep, Sanjeev Teeluckdharry sait qu’il doit son élection à ces ‘petites gens’ des villages épars de la circonscription Pamplemousses / Triolet (No 5). « Il y a encore du chemin à faire pour ce nouveau gouvernement. Je suis conscient des difficultés et dans l’immédiat, je reste solidaire envers et contre tout. Mais aucun pouvoir ne peut me faire dévier de mes idéaux de justice. »
Publicité
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !