Sanjay Matadeen : «Le panier ménager reste l’une des préoccupations majeures des Mauriciens»

Dans l’« Economic Review 2023 and Outlook 2024 » publié par Maurice Stratégie, il est indiqué que les consommateurs aux revenus les plus faibles ont une propension à consommer plus élevée. Ceux au bas de l’échelle sont les plus impactés par la TVA ?

Le « wage spiral inflation » est un cercle vicieux. Cela alors que la consommation va poursuivre son ascendance tout en alimentant l’inflation. Ceux ayant les revenus les plus faibles ont effectivement une propension à consommer plus élevée. Les dépenses sont principalement tournées vers l’alimentation et l’habillement. Ceci dit, il y a un effet multiplicateur sur l’économie, car les producteurs doivent produire davantage pour répondre à la demande. Tout le monde paie la taxe. Il est clair que les dépenses du panier ménager de quelqu’un qui touche un faible revenu ne seront pas les mêmes que celui bénéficiant d’un revenu moyen. 

Comment évaluez-vous l’apport de ceux au bas de l’échelle en termes de revenus issus de la TVA pour le gouvernement ?

Ce n’est pas considérable. Cette catégorie de consommateurs n’achète pas de produits qui coûtent cher ou de luxe, même si leur propension à consommer est plus élevée. Il faut savoir qu’une bonne partie des consommateurs achètent des « normal goods ».      

Dans le Budget 2023-24, le ministre des Finances avait annoncé la suppression de la TVA sur 15 produits essentiels de consommation dont les nouilles et le dentifrice. Doit-on s’attendre à ce que d’autres produits rejoignent cette liste dans le prochain Budget ? 

Il y a d’autres produits qui risquent d’être concernés. Je pense aux produits alimentaires qui seront attrayants pour certaines personnes. Ce serait une manière de donner une indication que le gouvernement se soucie des plus vulnérables. 

Le fait de retirer la TVA sur certains produits ne risque-t-il pas d’être un manque à gagner en termes de revenus pour le gouvernement ?

Certainement ! Cependant, le gouvernement aura d’autres sources de revenus. Une hausse dans le volume d’achats compensera une baisse du taux de l’impôt. Il se peut que le gouvernement opte pour une révision de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) ou introduit des « special levies » sur les entreprises qui réalisent de gros profits. Le gouvernement ne se fie pas uniquement sur la TVA pour engendrer des revenus. La TVA impacte le coût de la vie. Le panier ménager reste l’une des préoccupations majeures des Mauriciens.

Les ménages qui touchent un salaire supérieur à Rs 50 000 ne ressentent pas l’impact des prix de la même manière qu’une famille qui bénéficie du salaire minimum. 50 à 60 % des dépenses d’un ménage touchant le salaire minimum sont centrés sur l’alimentation. Une réduction de la TVA sur les normal goods aura un effet sur ceux au bas de l’échelle. En cette période électorale et surtout dans l’éventualité que le gouvernement souhaite instaurer un « feel-good factor », il travaillera dessus.