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Sanjay Bokhoree : son rêve de fiction devient réalité à 57 ans

Sanjay Bokhoree est biochimiste au laboratoire de l’hôpital Victoria.
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Sanjay Bokhoree, biochimiste et passionné de films se déroulant dans le milieu juridique, réalise enfin son rêve de devenir acteur. Dans le film indien « The Last Note- Ek Adhoora Raasta », il incarne le rôle de l’avocat Dhruv. Il partage son aventure extraordinaire avec Le Dimanche/L’Hebdo.

Lundi 22 juillet. Sanjay Bokhoree est au rendez-vous. Et dire que la veille, ce biochimiste au laboratoire de l’hôpital Victoria, à Candos, était toujours à l’affiche du film « The Last Note- Ek Adhoora Raasta », produit par le jeune réalisateur mauricien Varun Nunkoo. Les projections ont eu lieu du 6 au 21 juillet 2024 au MCine, Trianon.

À 57 ans, l’habitant de Quatre-Bornes a ainsi réalisé son rêve d’enfant, qui était de jouer un rôle d’avocat dans un film indien. Après des décennies à nourrir cette passion pour le cinéma indien tout en poursuivant sa carrière, il a enfin foulé les plateaux de tournage, incarnant avec brio l’avocat Dhruv dans le film. Une preuve éclatante que la passion peut transcender le temps, transformant les rêves en réalité. Autour d’un café, il raconte son incroyable aventure à Le Dimanche/L’Hebdo. 

Sanjay Bokhoree, qui est marié à une animatrice de la radio-télévision nationale et a un fils de 23 ans qui poursuit des études en sciences informatiques, révèle que sa passion pour le cinéma bollywoodien date de son enfance. Depuis tout petit, il regardait les films indiens diffusés les jeudis soir et les samedis après-midi sur la télévision nationale. « Comme moi, beaucoup de gens se souviendront de ces soirées culte passées à regarder des films indiens à la télé, en famille. D’ailleurs, c’est ce qui a nourri mon amour pour le cinéma bollywoodien », dit-il. 

Il se souvient également avec nostalgie des jours où il allait voir deux films pour Rs 8 aux cinémas Palladium et Capitol à Rose-Belle, dont il est originaire, dans les années 1970. Quels étaient ces films ? « ‘Amar Akbar Anthony’, ‘Kabhi Kabhie’ et ‘Naseeb’ », répond-il, grand fan d’Amitabh Bachchan. « J’aimais aussi les films de Rajesh Khanna », ajoute-t-il. Quant aux actrices ? « Évidemment, Rekha », répond-il avec amusement. 

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Sanjay Bokhoree avec l’acteur Amitabh Bachchan lors de sa visite à Maurice, il y a quelques années.

Les sorties au cinéma en famille étaient des moments spéciaux. « Nous prenions du popcorn et nous étions tout excités de voir nos acteurs préférés sur le grand écran malgré la longue attente entre les deux films », se rappelle-t-il. Le plus amusant, dit-il, était de marcher du cinéma jusqu’à la maison tard dans la nuit, échangeant des commentaires sur les films avec ses cousins et cousines.

Sanjay Bokhoree a toujours eu une préférence pour les films se déroulant dans le domaine de la justice, qu’ils soient en langues hindi, anglaise ou française. Parmi ses films judiciaire indiens préférés, il cite notamment « Court », « Pink », « Section 375 » et « Jolly LLB ». 

En 2023, il découvre une annonce pour des auditions sur les réseaux sociaux. 

« Encouragé par ma femme Sumita, j’ai décidé de tenter ma chance pour réaliser mon rêve de devenir acteur. » Lorsqu’il reçoit le script, il avoue avoir été ravi de constater qu’il était en hindi. « J’ai passé l’audition et je m’étais totalement immergé dans mon personnage. » Deux semaines plus tard, le réalisateur Varun Nunkoo le contacte et lui annonce que sa candidature a été retenue pour jouer le rôle de l’avocat Dhruv.

Le script lui est remis. Étant donné que son épouse est d’origine indienne et qu’ils parlent hindi à la maison, maîtriser le texte a été un jeu d’enfant pour Sanjay Bokhoree, qui n’a jamais suivi de cours d’acteur. Bien qu’il travaille de 9 heures à 16 heures, le biochimiste trouve le temps de répéter son rôle.

En juin 2023, il se rend au premier tournage à Grand-Gaube. Il participe à 12 jours de tournage au total. « La post-production du film a eu lieu de janvier à mai 2024 et il est sorti en salle le 6 juillet 2024 », précise-t-il. Il a d’ailleurs vu le film plusieurs fois au cinéma avec sa famille et ses amis. Ces derniers, tous fiers de lui, ont loué sa performance à l’écran. 

A-t-il eu le trac lors du tournage ? « Pas du tout. » Sanjay Bokhoree est, en effet, habitué à la scène car il fait souvent de l’animation. Passionné de philosophie et de culture, il assiste aussi régulièrement à des conférences interculturelles pour partager et acquérir de nouvelles connaissances.

S’il n’avait jamais envisagé jusqu’ici de se rendre en Inde, Sanjay Bokhoree y songe désormais, surtout pour suivre des cours de cinéma à l’Anupam Kher Acting School. Parmi ses loisirs, il aime rencontrer des gens de divers horizons pour des échanges culturels, aller à la mer pour nager, faire des randonnées, maintenir sa forme et pratiquer le yoga. « Un autre de mes rêves a toujours été de visiter le plateau de ‘Kaun Banega Crorepati’ d’Amitabh Bachchan et de lui raconter mon histoire », confie l’acteur avec un sourire.

Synopsis de « The Last Note – Ek Adhoora Raasta »

Le film raconte l’histoire d’un avocat nommé Dhruv dont le fils Ayaan, âgé de 18 ans, sombre dans la drogue et meurt d’une overdose. Cette tragédie entraîne l’échec de son mariage et le départ de sa femme. Se retrouvant seul, il devient alcoolique et quitte son travail. Parallèlement, un couple perd sa fille Khushi, qui se suicide par pendaison. Ce suicide devient l’intrigue du film. Comme Kushi était une personne sans histoire et que ses parents doutent qu’une overdose serait la véritable cause de sa mort, ils parviennent à convaincre l’avocat Dhruv de prendre en charge cette affaire. Il accepte pour rendre justice à Khushi et soulager sa propre douleur liée à la perte de son fils. Le film « The Last Note- Ek Adhoora Raasta », produit par le réalisateur Varun Nunkoo, dure 2 heures et 7 minutes.

En aparté

L’ascension d’un travailleur acharné

Fils d’un père cultivateur de canne et d’une mère cultivant des légumes, Sanjay Bokhoree est le sixième d’une fratrie de neuf enfants. Après avoir obtenu la Petite bourse, il poursuit ses études secondaires au collège Sookdeo Bissoondoyal jusqu’au Higher School Certificate (HSC). Souhaitant améliorer ses résultats, il refait le HSC lorsqu’il est admis à l’université de Maurice.

En même temps, il postule des emplois dans la fonction publique. « J’avais le choix entre être policier, garde-forestier ou technicien de laboratoire. J’ai choisi cette dernière option », explique-t-il. 

Pour financer ses études, il travaille dans une usine sucrière à Rose-Belle et cumule des petits boulots. « Je gagnais Rs 99 par nuit, ce qui m’a permis de payer mon transport et les frais administratifs de mes études. » Il ne souhaitait pas dépendre financièrement de ses parents car ils avaient de nombreux enfants à leur charge. 

De 18 heures à 6 heures du matin, il travaille à l’usine sucrière, puis rentre chez lui pour dormir une trentaine de minutes, avant de se préparer et de partir à l’université par le bus. L’après-midi, il rentre vers 16 heures chez lui, mange puis retourne travailler. N’était-ce pas fatigant ? « Non. Depuis mes 11 ans, j’ai compris la valeur du travail en vendant les légumes que cultivait ma mère », répond-il. 

Avec brio, Sanjay Bokhoree réussit son Diploma in Medical Lab Technology à l’université de Maurice. Ensuite, tout en travaillant au laboratoire, il y retourne pour faire cette fois-ci des études en Biomedical Sciences (Molecular Biology). Ce nouveau diplôme en poche, Sanjay Bokhoree, passionné de philosophie, de langues et des médias, décide cette fois-ci de faire un autre diplôme en journalisme à l’Open University ; il ressort « Gold Medalist » de sa promotion. 

Bien qu’il ait souhaité devenir journaliste télé, il ne se reconvertit pas, craignant de ne pas s’adapter à la culture des groupes de presse du pays. Cependant, il estime que ces qualifications pourraient lui être utiles lorsqu’il prendra sa retraite. « On ne sait jamais », dit Sanjay Bokhoree en riant.  

À 17 ans, il fait don de son rein à sa soeur

À l’âge de 17 ans, en quête de sens dans sa vie, Sanjay Bokhoree décide d’intégrer l’ashram de l’organisation non gouvernementale Chinmaya Mission. Tout semble se concrétiser, mais un appel change le cours de sa vie. Parmi les quatre enfants de la famille âgés de 24, 19, 28 et 17 ans, Sanjay est celui qui est le plus compatible pour donner un rein à sa sœur aînée. Admis en clinique, il fait le don de son rein sans hésitation. Après huit jours d’hospitalisation, il rentre à la maison. Cet acte de générosité renforce ses liens familiaux et il abandonne son intégration à la Chinmaya Mission. 

Pourquoi avoir donné son rein à sa sœur ? « Ma sœur avait le pouvoir de donner la vie et je lui ai donné mon rein pour qu’elle puisse le faire. Souffrant d’une insuffisance rénale chronique, elle a vécu 23 ans grâce à ce don et je suis heureux de l’avoir fait », affirme Sanjay Bokhoree. Il ajoute qu’il estime avoir été choisi par Dieu pour cet acte. 

Altruiste dans l’âme, il se dit également content de contribuer à diminuer la souffrance des gens grâce à son travail à l’hôpital. Le biochimiste commence sa journée de travail à 9 heures, teste les spécimens de sang, effectue des analyses pour le traitement des cancéreux et compile les résultats des marqueurs tumoraux avec diligence pour que les médecins puissent prescrire les traitements adéquats aux patients et atténuer leur souffrance face à la maladie.

 

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