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Sandhya, 19 ans, orpheline, abandonnée à l’hôpital Brown Séquard : «On m’a internée pour me punir»

Sandhya "Chaque jour, je me réveille dans l'attente d'une bonne nouvelle."
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La vie a-t-elle oublié d’offrir de belles choses à Sandhya ? À seulement 19 ans, elle en a connu des épreuves, son histoire est révoltante. À l’âge où d’autres jeunes déploient leurs ailes vers de nouveaux horizons pour écrire les premières pages de leur vie, Sandhya se sent prisonnière.  Elle nous ouvre son cœur de son lit d’hôpital psychiatrique, alors qu’elle est saine d’esprit.

Elle y est admise depuis le 3 novembre dernier. Ex-résidente d’un ‘shelter’ qui vient de fermer ses portes, elle ne pensait pas qu’elle finirait dans une chambre d’un hôpital psychiatrique,  , suppliant docteurs et infirmières de la laisser partir. Entre les quatre murs de la salle E 1 de l’unité féminine de l’hôpital Brown Séquard, elle n’en peut plus. « Chaque jour, je me réveille dans l’attente d’une bonne nouvelle », dit-elle tristement.

Peut-on garder enfermée une jeune fille de 19 ans contre son gré ?
Peut-on garder enfermée une jeune fille de 19 ans contre son gré ?

Pour comprendre son histoire, il faut remonter à son enfance. « J’étais abandonnée par ma mère depuis mon plus jeune âge. J’ai habité dans une crèche et par la suite dans une famille d’accueil. Cependant, ma tante d’accueil a dû quitter le pays et c’est ainsi que je suis allée vivre dans un autre ‘shelter’ jusqu’à mes 18 ans. » Ayant suivi des cours de pâtisserie, elle se voit déjà en grande pâtissière, mais elle va vite déchanter. «  J’avais des rêves mais, personne pour m’aider à les réaliser. Je ne savais pas où aller. C’est ainsi que la responsable m’a demandée de travailler dans le ‘shelter’. Mon travail consistait à préparer à manger et à m’occuper des enfants et à faire le ménage ».

Travailler sans rémunération

Elle pensait alors pouvoir faire des économies, mais elle ne sera pas rémunérée. « On m’a dit que je restais là sans contribuer aux frais, qu’on m’offrait de la nourriture et qu’on n’avait pas besoin de me donner  un salaire. Parfois, on me donnait Rs 500, sinon je devais me contenter de ce qui m’était offerte », raconte-t-elle.

Il y a quelques mois, le ‘shelter’ a fermé ses portes. « L’amie de la gérante qui aidait au shelter m’a proposée de venir habiter chez elle. Là-bas, j’aidais à faire des paréos. Cependant, je ne m’y plaisais pas. J’avais besoin de sortir, de découvrir autre chose, de voir tout ce qu’il y avait autour de moi. On m’interdisait de sortir, alors que moi j’étais curieuse de tout. »

« Monn admet parski monn fer mové ».

Sandhya explique qu’un jour elle a commencé à parler avec un garçon au téléphone. « Dès que la dame l’a apprise, elle est entrée dans une vive colère, elle m’a menacée de me mettre à la porte. C’est alors que je me suis enfuie. Elle m’a retrouvée et m’a emmenée directement à l’hôpital Brown Séquard. Je ne comprends pas comment le médecin a été d’accord de me faire admettre alors que je n’ai pas de problème psychiatrique. Au début, on me donnait des médicaments pour dormir, puis ils ont étudié mon comportement et, par la suite, ont vu que je n’avais aucun problème ».

Elle est toutefois toujours à l’hôpital. « La personne qui m’a admise refuse de venir me chercher, elle ne veut pas non plus signer pour que je puisse m’en aller. Je suis donc pénalisée et c’est très dur pour moi, surtout en périodes de fête ». Elle s’arrête quelques instants pour pleurer. « Je ne mérite pas d’être là. J’ai fait une bêtise et je dois sans doute être punie, mais m’enfermer ici pour me punir, c’est  trop. »

Pour Sandhya, les jours passent et se ressemblent. « Chaque matin, je me lève vers 7h00, je prends mon petit-déjeuner, puis je regarde la télé. Je m’ennuie, car je ne peux pas sortir et c’est fatiguant de rester entre ces quatre murs. De temps en temps, j’aide les autres et je parle avec eux, mais d’autres fois leurs comportements me fatiguent. Je n’ai personne de mon âge, je n’ai pas d’amis. Chaque soir avant de m’endormir, je pleure en silence en  priant le Bon Dieu de me venir en aide. Je ne veux pas célébrer les fêtes ici, même si on s’occupe bien de moi », implore-t-elle.

Comment peut-on continuer à garder enfermée une fille de 19 ans qui se porte bien avec des patients psychiatriques ? Et jusqu’à quand y sera-t-elle ?

Elle lance un appel aux autorités concernées afin qu’une solution soit trouvée le plus vite possible pour elle.


Un personnel qui se donne à fond

Les infirmières font bien plus que ce qu’on leur demande. Il est important de saluer le travail accompli par les médecins, infirmières, infirmiers et travailleurs sociaux de l’hôpital, car comme pour les autres patients, elles n’ont pas manqué de faire des démarches pour que Sandhya puisse trouver une maison d’accueil. L’une d’elles explique : « C’est inhumain de garder cette enfant ici. Je dis enfant parce qu’à 19 ans, elle est toujours une enfant. C’est une fille fragile qui a connu tant de misères, elle mérite maintenant une meilleure vie. Elle ne peut rester là. Même si nous l’aimons bien et qu’elle veut parfois nous aider, nous ne souhaitons pas qu’elle reste ici, car ce n’est pas sa place. » Effectivement, les infirmières et autres membres du personnel n’ont pas manqué de multiplier les coups de téléphone afin que le souhait de Sandhya se réalise : célébrer Noël dans une maison d’accueil.


Rita Vencatasawmy : « Il faut lui donner sa chance »

Rita Vencatasawmy

Elle est triste d’entendre que cette jeune fille est toujours à l’hôpital et elle est d’avis qu’en tant que majeure, elle peut signer pour demander à partir si elle n’a aucun problème de santé. « Il est important dans ce genre de cas de réagir vite et bien dans le meilleur intérêt de l’enfant. Si personne ne compte venir la chercher et que les médecins considèrent qu’elle n’a aucun problème mental, elle peut partir et choisir où elle veut habiter. On ne peut continuer à la pénaliser. Quelques fois il faut savoir aller au-delà des procédures administratives et traiter ces cas avec plus d’humanité. »


Le ministère de l’Égalité des genres sollicité

À l’heure où nous mettons sous presse, nous avons appris qu’une association avait signifié son intention d’accueillir Sandhya. Les responsables lui ont rendu visite plusieurs fois. Cependant, il en ressort que la personne l’ayant admise ne veut pas signer sa décharge. Ainsi, le cas a été référé au ministère de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille, afin  de trouver une solution. La réponse du ministère est toujours attendue.  Nous avons sollicité une déclaration du ministère, cependant personne ne semblait être au courant de ce dossier.

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