Sam Lauthan, travailleur social : «Aucun pays n’a réussi à empêcher la drogue d’entrer»

Le travailleur social Sam Lauthan pourrait prendre la tête de la NATReSA, future agence de réhabilitation des toxicomanes. Intervenant dans l’émission Au cœur de l’info, Sam Lauthan a avancé qu’il faut lutter contre l’importation de drogue même s’il estime qu’il y en aura toujours. 

Les mesures envisagées par le nouveau gouvernement pour lutter contre la drogue ont été abordées dans l’émission Au cœur de l’info sur Radio Plus et Télé Plus le mercredi 15 janvier 2025. La journaliste Jane Lutchmaya a reçu en studio les travailleurs sociaux Sam Lauthan et José Ah-Choon. Imram Dhannoo, spécialiste de la question, et Emma (prénom modifié), mère de famille qui a perdu un fils toxicomane et qui a un autre enfant dépendant de la drogue, sont intervenus par téléphone.

Le rétablissement de la National Agency for the Treatment and Rehabilitation of Substance Abusers (NATReSA) est l’une des mesures phares du gouvernement pour la lutte contre la drogue. Sam Lauthan est cité pour en prendre la responsabilité. Mais « rien n’est officiel à ce stade », dit-il. Sam Lauthan indique que l’une des priorités est d’empêcher la drogue d’entrer dans le pays. « Mais il faut être réaliste, aucun pays n’a réussi à empêcher la drogue d’entrer. C’est pourquoi un autre aspect est la formation des parents », souligne-t-il. Il ajoute que deux autres aspects seront la réhabilitation et la prévention de la rechute. Sam Lauthan est en faveur de la dépénalisation de certaines drogues dans certains cas. 

José Ah-Choon voit d’un bon œil l’arrivée du nouveau gouvernement et les mesures qui devraient en découler. « Cette situation me donne espoir. Je me sens impliqué, car beaucoup de parents m’interpellent. Ce qui se passe est dramatique et je suis persuadé qu'il y aura de grands changements », poursuit-il. « La situation est dramatique. Mais je suis confiant », dit-il. Il faisait référence à la probable nomination de Sam Lauthan à la tête de la NATReSA. Il espère que cette dernière soit mise sur pied au plus vite et que sa priorité soit de lutter contre l’accessibilité de la drogue. José Ah-Choon souhaite que soient progressivement stoppées certaines mesures actuelles comme le traitement à la méthadone et la distribution de seringues. 

Imram Dhannoo accueille favorablement lui aussi la mise sur pied de la NATReSA. Il se dit en faveur d’une révision du traitement à la méthadone et de la distribution de seringues plutôt que de leur arrêt. Il explique que ces deux mesures font partie de la prévention. Il se dit également favorable à un plan directeur. « Un plan directeur est très important. Tous les ans, il doit y avoir des programmes. L’approche doit être étalée dans le temps », indique Imram Dhannoo. 

Revenant sur le programme d’échange de seringues décrié par José Ah-Choon, Imram Dhannoo explique qu’il permet de lutter contre les infections. Et il permet d’approcher les toxicomanes afin de leur proposer des traitements. Il précise ensuite que la méthadone est considérée par l’Organisation mondiale de la Santé comme un bon traitement. Mais il concède que sa distribution doit être revue à Maurice. 

Emma a fait part de ses difficultés. Elle raconte que son enfant qui est décédé à cause de la drogue avait rechuté à maintes reprises. Elle souhaite que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et le gouvernement ouvrent des centres de désintoxication pour éviter que les toxicomanes puissent avoir accès aux drogues dans la rue. Emma raconte que les toxicomanes s’en prennent à leurs proches, notamment pour obtenir de l’argent afin de se droguer. « Mo fatige. Enn mama vinn lennmi so zanfan, enn zanfan vinn lennmi so mama. Li pa fasil sa », lance-t-elle. La mère de famille explique que son autre enfant toxicomane raquette des personnes âgées.