
La réaction de certaines ONG, ainsi que de Rezistans ek Alternativ, critiquant le président de la National Agency for Drug Control pour son manque de décisions et son opposition à la dépénalisation du gandia, a poussé Sam Lauthan à sortir de sa réserve. Il affirme qu’il accomplit son travail et prévient que ceux qui souhaitent sa tête devront repasser.
Publicité
La National Agency for Drug Control (NADC) a été créée pour endiguer et combattre le monde de la drogue. Où en est-on ?
Le Premier ministre et le Premier ministre adjoint m’ont sollicité pour apporter mon aide, compte tenu de mon expérience. Avant la promulgation de la loi, j’ai participé à des séances de travail avec les forces répressives, en présence du nouveau Commissaire de police. J’ai également rencontré des responsables d’ONG et de groupes socioculturels. Même les membres du Brama Khumari ont pris part à ces rencontres, qui se sont révélées enrichissantes, car ils avaient compris que la drogue ne touchait pas seulement les villes, mais s’infiltrait également dans les villages les plus reculés.
La NADC a mis en place plusieurs divisions et s’adresse à toutes les composantes de la population, des parents aux enfants, y compris dans les quartiers dits sensibles. L’agence regroupe plusieurs ministères, sans oublier le Premier ministre et le Premier ministre adjoint qui en assurent la supervision.
Vous êtes connu pour votre combat contre la mafia de la drogue et, pourtant, on dit de vous que vous êtes dépassé…
Avant, le gandia était considéré comme une plante médicinale à 95 % de THC. Aujourd’hui, il n’en reste que 5 %, le reste étant devenu de la drogue. Suis‑je dépassé ? Non, ce sont mes détracteurs qui le sont. Quand je parle, je m’appuie sur des recherches et des données officielles, pas dans le vide. Ceux qui veulent mon départ peuvent toujours rêver.
Rezistans ek Alternativ est favorable à la dépénalisation du gandia, comme beaucoup d’autres, mais vous y êtes opposé. Pour quelles raisons ?
Je vais rencontrer les membres de ReA, mais je suis contre la légalisation du gandia. Quant à la dépénalisation, il faudra que nous réfléchissions ensemble. Un expert américain a souligné que la drogue bloque toute logique, « blurr your vision », rend le cœur dur comme une roche et pousse à agir de manière irrationnelle, jusqu’à tuer.
Quand je parle, je m’appuie sur des recherches et des données officielles, pas dans le vide.»
La drogue synthétique prolifère et se vend comme des petits pains, pas uniquement aux adultes, mais également aux enfants et aux adolescents. Quelle est votre opinion ?
On avait déjà alerté sur ce danger : la drogue synthétique est composée de produits que l’on trouve dans des quincailleries, injectés dans le corps humain, et qui transforment les consommateurs en véritables zombies. Le rapport de la Commission d’enquête souligne ce point.
Il ne se passe pas un jour sans que les autorités ne mettent la main sur d’importantes quantités de drogue dure ou synthétique. Maurice serait-il devenu une passoire ou cela se ferait-il avec la complicité de certains ripoux ?
Maurice est aujourd’hui le pays le plus touché dans l’océan Indien. Il y a certes des ripoux, mais c’est avant tout le pouvoir de l’argent qui prime.
Le blanchiment de l’argent se ferait à travers la mafia. Peut-on y remédier, par la force ou par d’autres moyens ?
Auparavant, l’argent sale était placé au nom de proches. Mais tout cela a changé. Désormais, cet argent destiné à être blanchi est mis au nom de personnes issues d’autres communautés, ce qui le rend difficilement traçable. C’est ce qu’on appelle l’Omerta.
La NADC est pointée du doigt. On lui reproche de ne pas avoir de road map, ni de plan d’action clairement établi, et aucun bilan après plus de cinq mois d’existence. Cette institution serait-elle encore en période de dentition ?
La NADC dispose bel et bien d’un organigramme, avec des divisions, des sous-divisions et des comités de quartiers. Chaque division a son coordinateur, et ces personnes doivent avant tout bien connaître le terrain, pas forcément être bardées de diplômes. Le travail est en cours.
Si vous deviez choisir entre la dépénalisation ou la légalisation du gandia et votre poste de président de la NADC, que feriez-vous ?
Avec mes années d’expérience, je compte passer la main dans quelques années, pour que le combat contre la drogue continue à vivre. Je ne veux pas partir sans assurer la relève. Notre plan d’action repose sur deux axes : la répression et l’action. Beaucoup veulent me blâmer, mais je leur dis qu’ils devront repasser.
Pouvons-nous nous attendre à un Plan Marshall pour combattre la drogue à tous les niveaux de la part de la NADC ?
Oui, on a pris du retard dans la mise en place d’un Plan Marshall, mais il verra le jour très bientôt.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !