
Dans le cadre de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, Sam Lauthan, directeur de la National Agency for Drug Control, tire la sonnette d’alarme. Face à la hausse de la quantité de drogues synthétiques en circulation, il plaide pour une stratégie fondée sur la prévention, l’éducation et la mobilisation de tous les acteurs sociaux.
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Quel est le message principal que votre agence souhaite transmettre en ce 26 juin, Journée mondiale contre la drogue ?
Le message que nous voulons faire passer est simple et essentiel : la prévention doit devenir une priorité nationale. Trop souvent, on se focalise sur la répression ou la gestion des conséquences, mais on oublie d’agir en amont. Or, tant que nous ne changeons pas notre approche collective, la drogue continuera à faire des ravages. Le fléau de la drogue ne connaît pas de frontières sociales, économiques ou géographiques. Personne n’est à l’abri. Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons vu combien la population pouvait être vulnérable à l’isolement, au stress, à la précarité. Ce sont des facteurs qui favorisent le basculement vers la consommation de substances illicites.
C’est exactement la même logique avec la drogue : lorsqu’on laisse les failles sociales ouvertes, elles deviennent des portes d’entrée pour les trafiquants. Il faut aussi dire les choses clairement : les mafias et les réseaux criminels ne vont pas s’arrêter. Ils s’adaptent, innovent, exploitent toutes les brèches. Et notre meilleure défense reste la prévention, à tous les niveaux : à l’école, dans les familles, dans les quartiers. Le rôle des parents est central. Ce sont les premières sentinelles. Mais ils doivent être formés, soutenus, informés. L’État seul ne peut pas tout faire, c’est un combat de société. Et si nous ne réagissons pas avec la lucidité et l’énergie nécessaires, nous allons continuer à perdre une génération entière, lentement, mais sûrement.
Quelles sont les principales drogues en circulation dans le pays, et quelle est la tendance actuelle ?
Ce qui nous préoccupe le plus actuellement, c’est la drogue synthétique. Elle contient des mélanges toxiques, des « saletés », comme l’évoque le rapport de la commission d’enquête présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen. Le vrai problème, c’est qu’on ne sait même plus ce que nos jeunes consomment. Les produits sont trafiqués, les mélanges incontrôlables. Ce n’est pas une vie : nos jeunes sont en train de s’euthanasier à petit feu.
Quelles mesures concrètes votre agence met-elle en œuvre ?
Nous sommes en train de structurer l’agence autour de plusieurs divisions : trafic, traitement, réhabilitation et recherche. Chaque division aura un mandat bien défini. L’équipe est en cours de finalisation. Une conférence de presse suivra pour présenter un programme d’action complet. Nous nous appuyons sur le plan d’action de l’UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime), adapté aux réalités mauriciennes.
Quel rôle les jeunes et les communautés locales peuvent-ils jouer dans cette lutte ?
Un rôle fondamental. Nous développons des programmes pour les jeunes, mais aussi pour les parents. Nous travaillerons avec les ONG, les travailleurs sociaux, les associations socioculturelles. Des comités de quartier verront également le jour. C’est un travail de fond, colossal, mais absolument nécessaire si l’on veut espérer un changement durable.

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